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3 conseils pour utiliser (facilement) la data au service de la décarbonation

Quelle démarche sur la donnée pour décarboner? Comment utiliser la data open source ? Comment renforcer la responsabilité partagée avec les fournisseurs ? Autant de questions auxquelles Renaud Bettin, expert climat chez Sweep répond. Avis d'expert.

Publié par Geoffroy Framery le | Mis à jour le
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3 conseils pour utiliser (facilement) la data au service de la décarbonation
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Avant même de se pencher sur la donnée, « l'un des premiers leviers pour transformer les achats publics en vecteur de décarbonation réside dans la notion de compatibilité des achats, introduit Renaud Bettin, VP Climate Action chez Sweep. Cette compatibilité est essentielle pour aligner chaque commande - qu'il s'agisse de produits, services ou infrastructures - avec l'objectif d'une France neutre en carbone en 2050. En d'autres termes, est-ce que la finalité du projet est aligné sur les objectifs de neutralité carbone. » Une première réflexion stratégique doit donc arbitrer entre se détourner de certains types d'achats incompatibles et l'optimisation et le développement d'achats responsables. Cette approche duale constitue le premier socle sur lequel s'appuie une politique d'achat public réellement décarbonée. « En opérant ce choix dès la phase d'analyse, les décideurs publics s'assurent que chaque investissement participe de manière cohérente à la transition écologique », continue-t-il.

Trois niveaux de lectures de la data carbone pour gagner en finesse de pilotage

Pour aller plus loin, la data devient rapidement la clé de voûte de cette démarche. Premier prérequis, collecter des données n'est pas suffisant, il importe de s'assurer de leur pertinence et de leur qualité.

« La donnée doit permettre de générer une information fiable afin de prendre des décisions éclairées », poursuit Renaud Bettin. Trois niveaux de précision permettant de mesurer l'empreinte carbone des achats. Au premier niveau, un facteur d'émission monétaire est établi, « c'est-à-dire que la dépense financière est convertie en émission de CO2 à l'aide d'un ratio prédéfini », précise l'expert de la data carbone. Cette approche offre un état des lieux initial, une cartographie globale des émissions, utile pour identifier les secteurs prioritaires.

Le second niveau repose sur une donnée physique d'activité. Plutôt que de se fier uniquement au prix d'un billet d'avion, par exemple, on se base sur des indicateurs physiques tels que le nombre de kilomètres parcourus. L'expert souligne à ce propos que cette méthode aboutit souvent à une estimation des émissions plus précise et souvent inférieure à celle obtenue par la conversion monétaire.

Le troisième niveau consiste en une analyse détaillée qui intègre plusieurs paramètres spécifiques : âge du matériel, itinéraires empruntés, taux de remplissage et autres indicateurs contextuels. Cette granularité permet d'obtenir une évaluation fine et ajustée des impacts carbone. Renaud Bettin conseille sur l'agrégation de la donnée : « les plateformes SaaS offrent la capacité d'ingérer et de traiter des dizaines de millions de points de données, un volume impossible à gérer avec des outils traditionnels comme Excel. La sécurisation et la centralisation des données sur de telles plateformes permettent aux acheteurs publics de piloter leur stratégie de décarbonation de manière agile et efficace, tout en garantissant la maîtrise et la confidentialité des informations échangées. »

Décorreler les coûts de la donnée physique

Pour illustrer concrètement ces enjeux, poursuivons sur l'exemple du voyage d'affaires. Dans le cas d'un billet d'avion, la méthode d'évaluation de l'empreinte carbone change radicalement en fonction de la donnée utilisée. Premier point de vigilance, si l'on se base sur un facteur d'émission monétaire, le coût élevé d'un billet acheté à la dernière minute peut induire une estimation exagérée des émissions. En revanche, en se référant à la donnée physique - le nombre de kilomètres parcourus - l'estimation devient plus réaliste et moins pénalisante indépendamment du coût. « Cette comparaison démontre l'importance de choisir le bon indicateur pour mesurer l'impact environnemental réel d'un achat », conseille Renaud Bettin.

L'open source, des viviers dont il faut s'emparer

Mais encore faut-il gratter la donnée au bon endroit. Nombreux sont les fournisseurs à indiquer la consommation carbone liée à l'utilisation de leur produit ou leur service. Pensons dans nos usages quotidiens à ce qui figure sur notre billet de train. D'autres applications SaaS collectent aussi l'ensemble des datas fournisseurs. Mais la multiplication des jeux de données publics, accessibles via des portails open data, offre une opportunité supplémentaire pour constituer une cartographie des émissions. Renaud Bettin explique : « Ces premières agrégations de données constituent un point de départ indispensable pour identifier les secteurs où la précision devra être améliorée ultérieurement. Ainsi, après avoir obtenu une vue d'ensemble grâce à ces données globales. Ces calculateurs entièrement open source font un grand usage des données ouvertes. »

Exemple concret avec futur.eco, en open source, hébergée sur le site data.gouv.fr qui consiste en une plateforme pour comprendre l'empreinte climat du quotidien. Futur.eco est ainsi un outil de simulation et de calcul inédit de l'empreinte carbone qui peut fournir un premier jeu de données sur différents types de transport (ferry, avion...) ainsi qu'un calculateur de coût en euros d'un trajet en voiture.

Renforcer la responsabilité partagée grâce à la donnée

Il devient crucial de solliciter des comptes carbone plus détaillés auprès des fournisseurs stratégiques. Facteur de réussite, la nécessité d'un engagement collaboratif dans la chaîne d'approvisionnement. Renaud Bettin insiste sur la démarche collaborative « un donneur d'ordre ne peut pas se contenter de fixer des règles uniformes à tous ses fournisseurs. C'est un début mais il doit également les accompagner et les guider vers une démarche de décarbonation adaptée à leur réalité ». Cette approche collaborative, fondée sur des indicateurs comme le ratio pertinence-qualité de la donnée, permet non seulement de mesurer l'efficacité des actions entreprises, mais également de renforcer la responsabilité partagée dans la transition écologique. « Les exemples tirés des pratiques actuelles montrent que ce double positionnement - imposer des règles strictes d'un côté et accompagner les acteurs de l'autre - est l'un des moyens les plus prometteurs pour éviter de se noyer dans un excès de données et pour garantir que les efforts de décarbonation se concentrent sur les leviers ayant le plus d'impact », conseille l'expert carbone chez Sweep.


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