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Les acheteurs, acteurs clés de la relocalisation

Publié par Audrey Fréel le | Mis à jour le
Les acheteurs, acteurs clés de la relocalisation

175 M€ en Europe et 55 M€ en France ! Les chiffres avancés par PwC sont flatteurs. Les acheteurs peuvent jouer un rôle central dans la relocalisation de certaines activités, en privilégiant des fournisseurs locaux et en mettant en place des filières sectorielles.

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L'an dernier la France a affiché un déficit commercial de 163,2 Mrds €. "Ce chiffre a plus que doublé depuis 2020. Cela signifie que nous importons beaucoup plus que nous n'exportons", a pointé Isabelle Carradine Pinto, associée chez PwC, lors d'un atelier organisé dans le cadre des Universités des Achats du CNA. Par ailleurs, en France, un produit sur deux acheté en valeur l'est hors de l'Union Européen. "Nous sommes dépendants de plusieurs pays en dehors de l'Europe, ce qui pose de vrais enjeux de dépendances notamment dans certains secteurs sensibles comme la santé ou encore l'automobile", constate Isabelle Carradine Pinto. Une étude publiée en 2020 par PwC et le CNA évaluait que 30 % des importations françaises étaient susceptibles d'être relocalisées. "Cela représentait 58 familles de produits relocalisables en Europe", précise Isabelle Carradine Pinto. Fort de ce constat, le gouvernement a engagé plusieurs grands investissements en matière de réindustrialisation, qui devraient porter leurs fruits d'ici quelques années. Aujourd'hui, 50 Mrds € sont notamment en cours d'investissement dans 33 familles de produits (sur les 58 identifiées), notamment dans la santé, l'électronique, agro-alimentaire et l'industrie des process.

175 M€ en Europe et 55 M€ en France

En attendant, les acheteurs peuvent être des acteurs de la relocalisation à court terme. "Il faut agir vite et ne pas attendre que les capacités industrielles soient présentes en France et en Europe. Nous avons récemment accompagné 40 entreprises avec lesquelles nous avons réussi à rapatrier environ 175 M€ en Europe et 55 M€ en France", renseigne l'associée de PwC. A titre d'exemple, le cabinet a réussi à relocaliser des activités liées à la métallurgie, comme le traitement de surface, l'usinage ou encore la découpe. Il a aussi accompagné une entreprise réalisant du mobilier innovant pour le secteur de la santé afin qu'elle se fournisse en métaux et tôlerie en France, dans la Loire, alors qu'elle achetait jusqu'alors ces matériaux en Chine. "Certains fournisseurs ont travaillé leur productivité industrielle ce qui permet d'être à iso coût. Il arrive dans certains cas que le coût soit plus élevé mais que le dirigeant souhaite tout de même relocaliser pour favoriser le développement économique du territoire", révèle Isabelle Carradine Pinto.

Une question de survie

Outre la démarche économique, il peut également s'agir, dans certains cas, d'une question de survie. "Beaucoup d'entreprises doivent sécuriser leur approvisionnement pour pérenniser leur activité, ce qui implique de relocaliser malgré des prix parfois plus élevés", souligne Reynald Marchal, senior consulting manager chez Bpifrance. La banque publique a notamment accompagné un dirigeant qui a relocalisé une partie de sa production de perfuseurs, qui était initialement totalement fabriquée en Chine, pour sécuriser les approvisionnement des hôpitaux en France, ce qui a impliqué un prix plus élevé. Il y a également un enjeu de valorisation de la fabrication en France, qui permet une meilleure traçabilité des produits et d'améliorer la balance commerciale du pays.

Des filières pour être plus résilients

Pour être plus résilientes, certaines directions des achats se regroupent également par filières industrielles, à l'instar des grandes entreprises automobiles en Allemagne qui se sont regroupées pour mieux piloter leur risque fournisseur et partager des logiciels embarqués. "Il est important de définir la frontière entre ce que peuvent partager ces entreprises concurrentes au sein de cet écosystème et ce qui reste confidentiel", pointe Isabelle Carradine Pinto. En France, les entreprises de luxe se sont aussi regroupées pour travailler sur la traçabilité de leur chaîne d'approvisionnement. "Les acheteurs peuvent aussi avoir des capacités de négociation plus importantes en se regroupant", souligne Reynald Marchal.


 
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