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[Tribune] Redesign-to-cost une méthode éprouvée pour réduire les côuts

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[Tribune] Redesign-to-cost une méthode éprouvée pour réduire les côuts
© Andrew Stefanovsky - Fotolia

Combinant analyse fonctionnelle et analyse de la valeur le redesign-to-cost permet de concentrer le prix de revient sur les impératifs clients. La preuve par l'exemple avec le tramway de Bruxelles.

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Lors de la conception du tramway de Bruxelles, le constructeur avait imaginé l'installation d'équipements de climatisation identiques à ceux qui avaient été retenus pour le tramway de Barcelone. Il s'agissait d'équiper un tramway constitué de 2 voitures pouvant transporter 72 passagers. La facture s'élevait à 140 K€, prix habituel pour ces équipements. Le fournisseur était connu, ses équipements testés et validés par l'expérience. Pourtant, par un jeu de questions directement issues de la méthodologie du redesign-to-Cost, il a été possible de réduire le coût de 70%.

Le redesign-to-cost : concentrer le prix de revient sur les impératifs client

Le redesign-to-cost est une méthode qui combine l'analyse fonctionnelle et l'analyse de la valeur, permettant de hiérarchiser les fonctions d'un produit (ou d'un service) pour le client, et d'identifier les fonctions qui coûtent le plus et qui sont le moins valorisées par l'utilisateur. Il s'agit d'éliminer la "sur-qualité", et de concentrer le prix de revient sur ce qui importe le plus pour le client.

Dans le cas du tramway de Bruxelles, le constructeur avait une proposition de son équipementier habituel pour 4 climatiseurs valant chacun 35 K€, soit 140 K€. Il est important ici de souligner que le prix d'un climatiseur est directement proportionnel à la puissance installée (en KW).

Une première question se posait alors : celle de la fonction principale demandée aux 4 climatiseurs initiaux. Celle-ci était de générer une différence de 11° avec la température extérieure.

La deuxième question était donc naturellement de savoir si, dans le cas du tramway de Bruxelles, cette différence de 11° était toujours pertinente, sachant que la proposition de l'équipementier avait été initialement retenue pour un tramway à Barcelone et qu'il s'agissait dans le cas présent d'un tramway localisé à Bruxelles. Or, sur ce point, une simple différence de 8° suffisaient vu les moyennes de température constatées en Belgique. La nouvelle proposition était déjà 27 % moins chère que la précédente, grâce la baisse de puissance nécessaire et permettait un premier gain de 37,8 K€ d'économies.

Le troisième point à déterminer était de savoir s'il l'on avait réellement besoin que cette différence de 8° soit effective en 5 minutes, comme il était proposé par le fournisseur. Or, il s'est avéré, après consultation auprès du client final, qu'une durée de 10 minutes était parfaitement acceptable. Cet ajustement (sur la performance fonctionnelle et non plus seulement sur la fonction elle-même) divisait par deux le coût de la solution (toujours par le jeu de la baisse de la puissance installée), soit une économie de 51,1 K€.

Enfin, la question d'installer 6 climatiseurs de cet équipementier (au lieu de 4), ayant l'avantage d'être fabriqués en séries plus importantes, et donc étant moins chers au KW, s'est posée. Sur ce point, il se trouve que l'encombrement sur le toit du tramway reste identique pour 4 ou 6 climatiseurs. Le gain ici était de 18 % au KW.

Ainsi, au total, la solution initiale de 140 K€ a pu être ramenée à 41,9 K€, soit un gain de 98 K€ (70 %).

L'impact écologique est venu de surcroît : une moindre consommation d'énergie des climatiseurs, le gain de poids et donc de matières premières utilisées, et finalement le gain d'énergie du tramway ont eu un impact favorable sur l'empreinte écologique de l'ensemble.

Le travail en mode projet au coeur du redesign-to-cost

Cet exemple parait simple, mais sa mise en oeuvre demande une équipe combinant un "méthodologue" de l'analyse fonctionnelle, un technicien du bureau d'étude, un homme de marketing et le commercial qui fait le lien avec le client du fabricant de tramway.

Et surtout, il faut que cette équipe soit animée d'un esprit hardi, capable de bousculer les habitudes. C'est sans doute le plus difficile à mettre en place. Il a fallu que les acheteurs connaissent intimement la structure de prix de revient de l'équipementier, que le bureau d'étude interne accepte de remettre en cause une solution déjà choisie et éprouvée précédemment à Barcelone et refasse ses plans initiaux d'implantation sur le toit des voitures, que le responsable du marketing décide que 10 minutes pour atteindre la bonne température dans les wagons suffiraient... et finalement que le commercial soit convainquant auprès de l'opérateur de tramway.

Le gain n'est donc pas seulement monétaire. Il est également dans la nouvelle façon de travailler en mode projet au sein de l'entreprise. Et plus encore dans l'état d'esprit de remise en cause de l'existant, rendu possible par une méthode rigoureuse et puissante.

Diplômé d'HEC Paris, Thierry Fournier a d'abord passé 7 ans dans le conseil en management au sein de Bain & Co puis a fondé Masaï, cabinet de conseil spécialisé dans l'optimisation des coûts, dont il a été président pendant 12 ans. Au sein du cabinet, il a réalisé des projets d'achat, de logistique et d'optimisation des dépenses en Europe, aux États-Unis et au Japon. Il est actuellement directeur associé d'EIM, spécialiste en management de transition.


 
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