[Trophées] Valérie Giraudon ou la collaboration achats et R&D

Sa formation d'ingénieur en mécanique des fluides a durablement marqué Valérie Giraudon qui, après avoir suivi le Desma, a choisi de rallier les achats dans l'industrie et s'est toujours attachée à développer une étroite collaboration entre les achats et leurs nombreux interlocuteurs au sein de l'entreprise : R&D, qualité, production, finance, supply chain. Une stratégie "héritée" de son premier poste, chez Bosch Automation où elle eut pour mission, en 1997, de créer une fonction achats projets. "Le but était d'impliquer les achats le plus en amont possible dans le développement des nouveaux produits; d'instaurer une vraie collaboration avec la recherche et le développement afin d'impliquer les fournisseurs dès le démarrage de la conception. Une démarche innovante, à l'époque, qui a permis de réduire le temps de développement, le coût et la qualité des nouveaux produits et renforcer l'entreprise en tant que leader sur son marché ", souligne-t-elle. Une démarche qu'elle va alors adapter à la PME d'engins de travaux publics, Mecalac, qu'elle rejoint ensuite en tant que responsable achats.

Elle intègre ensuite Areva, en 2008, en tant que key commodity manager sur la fonderie aluminium, puis reprend la direction de l'équipe Global Commodity Management pour la division Alstom Grid en 2012. "L'objectif a été de construire une équipe de 20 global commodity managers , spécialisés sur l'ensemble des commodités stratégiques de notre portefeuille achats, couvrant 90 % de nos achats directs et répartis sur les cinq continents afin d'être au plus proche des prescripteurs et des marchés fournisseurs", raconte -t- elle. "Il fut passionnant de créer et manager cette équipe multiculturelle composée de plus de 15 nationalités."

De la dimension RH de la fonction

En 2015, Valérie Giraudon est nommée directrice des achats Europe pour Alstom Grid. Cette fois, elle pilote une équipe de 150 acheteurs. Cette seconde partie de parcours, qui se poursuit chez General Electric, où elle pilote la fusion de la fonction achats au sein du groupe, est marquée par la dimension RH de la fonction : "Au sein d'une organisation matricielle et internationale, l'enjeu majeur est d'embarquer les équipes vers un objectif commun, de rester au plus proche des prescripteurs internes afin de bien comprendre leurs besoins tout en maintenant une veille constante sur les marchés fournisseurs afin de déployer une stratégie achats qui apportera le plus fort avantage compétitif à l'entreprise . Valérie Giraudon, en passionnée d'opéra qu'elle est, prend un plaisir plus que manifeste à faire jouer une même partition à tous les acteurs, de façon harmonieuse.

Aujourd'hui, cette directrice achats est investie dans un grand projet qui va mobiliser ses talents de coordinatrice: la digitalisation des achats. "Tous les sites ont leurs propres outils. Je veux un outil commun qui permette de partager facilement les informations entre les sites du groupe et fluidifier les échanges avec nos fournisseurs. Mon équipe passe aujourd'hui trop de temps à collecter et traiter les datas. Digitaliser les process va nous permettre de gagner en efficacité et de libérer du temps à l'ensemble des équipes afin qu'elles se concentrent sur les actions clefs (anticipation de nos besoins futurs, veille des marchés fournisseurs, etc. ) qui permettront à la fonction achats de renforcer dans son rôle d'acteur stratégique de l'entreprise", commente-t-elle. Cette fonction qui requiert, selon elle, une large palette de compétences : compétences techniques, commerciales, financières et surtout relationnelles en tant qu'interface avec de nombreuses fonctions de l'entreprise (R&D, qualité, supply chain ..) et l'externe. "C'est une fonction très riche" , dont les missions s'enrichissent chaque jour, et qui, surtout, requiert "beaucoup d'intelligence émotionnelle".