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Décideurs achats : les profils les plus convoités

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Décideurs achats : les profils les plus convoités

La montée en maturité de la profession se traduit en termes de recrutement: les entreprises cherchent désormais à confier la responsabilité des services achats à des professionnels ayant un oeil innovant sur la fonction. En conséquence, les postes s'ouvrent à de nouveaux profils.

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Les responsables achats sont-ils moins mobiles en 2015 que l'an passé ? Tout porte à croire que oui, même si la demande pour ce type de postes est loin d'être atone. Selon une étude menée par le cabinet de recrutement Hays, 2014 s'est caractérisée par une forte dynamique de recrutement. Un constat confirmé par les observateurs du secteur. " L'an passé, nous avons assisté à une activité très soutenue, à l'inverse des premiers mois de 2015 où la situation est beaucoup plus stable ", remarque Doriane Listrat, consultante senior chez Fed Supply. Pascal Pouilloux, directeur associé chez Cadele - Meotec, partage ce point de vue sur le retour à une certaine accalmie en 2015 qui " correspond à une phase à nouveau plus attentiste. "

La faiblesse de la croissance globale en France et en Europe n'empêche pas les professionnels du domaine de croire à l'essor de ces métiers. Ces fonctions continuent de séduire grâce à une capacité à innover et à déceler des gisements d'optimisation, synonymes de vecteurs de compétitivité. L'étude de Hays précise que les acteurs du domaine " incitent à étudier des choix alternatifs, à repousser les limites des niveaux de stocks et à chasser le gaspillage. " De plus en plus, les métiers achats sont " au service de la coordination et de la croissance. Les créations de postes, toujours plus spécialisés, ne devraient ainsi pas se tarir, quelle que soit la taille de l'entreprise. "

Côté rémunération, les montants restent stables. Un directeur achats perçoit entre 85 000 et 105 000 euros annuellement s'il a entre 3 et 5 ans d'expérience, entre 100 000 et 150 000 euros s'il a 5 à 8 ans d'expérience. Pour les plus aguerris (plus de 8 ans d'expérience), la fourchette se situe entre 140 000 et 200 000 euros. Au moment de la signature du contrat, un package salarial avec un bonus de performance d'environ 10 % est dorénavant devenu la norme.

Lire en page 2 : Doubles compétences obligatoires

Doubles compétences indispensables

Être un ingénieur de formation et avoir fait une école de commerce fait aujourd'hui figure de " must have ". En plus des compétences managériales, les profils les plus convoités disposent systématiquement d'une spécialisation acquise par la formation ou par l'expérience dans le secteur d'activité concerné. Le volet de la connaissance et du savoir-faire technique est devenu tellement essentiel que les recruteurs n'hésitent plus à placer à la tête des achats des profils qui ne sont pas nécessairement les acheteurs les plus chevronnés de leur domaine. On cherche désormais à confier la responsabilité des services achats à des professionnels ayant un oeil innovant sur la fonction. En conséquence, les postes s'ouvrent à de nouveaux profils. Certains consultants comme Luc Mora, du cabinet de recrutement Big Fish, estiment que la tendance témoigne d'une " montée en maturité de la profession. "

" Nous recherchons actuellement pour le secteur agroalimentaire un ingénieur spécialisé également titulaire d'un Master Achats. Le tout avec 3 à 5 ans d'expérience professionnelle souhaités au minimum. Ce critère de la double compétence intéresse beaucoup les entreprises et fait aujourd'hui la différence chez les candidats ", illustre Doriane Listrat. Autre exemple caractéristique de cette tendance : Fed Supply recherche pour le compte d'un de ses clients de l'automobile un profil disposant de connaissances pointues en matière de pièces détachées en plus des compétences managériales.

Lire en page 3 : Des profils industriels très demandés

Les profils industriels très demandés

Certaines filières comme celle de l'automobile témoignent d'un turn-over important sur leurs effectifs achats et représentent ainsi des sources d'opportunités. Les collaborateurs de ces secteurs sont très souvent convoités par d'autres industries de pointe comme l'aéronautique, l'énergie, le secteur ferroviaire. L'aéronautique fait même figure d'eldorado pour les responsables des cellules achats et supply chain. On demande à ces professionnels de faire preuve d'innovation dans le regard qu'ils portent sur les niveaux de stocks ou les indicateurs de qualité. Le cabinet Hays précise dans son analyse annuelle que " dans ce type de milieu où la technique est reine, les acheteurs alliant une bonne maîtrise technique et une connaissance approfondie du produit ont été longtemps privilégiés à ceux qui présentaient une meilleure connaissance des leviers achats. " Ce deuxième critère fait désormais partie des attentes principales. " Dans les secteurs industriels, on recherche fréquemment des profils d'ingénieurs qui ont également à leur actifs un MBA dans le domaine des achats par exemple ", constate Pascal Pouilloux.

" Les entreprises de l'aéronautique sont actuellement à la recherche de profils pour des postes de responsables, en privilégiant des profils d'ingénieurs mais auréolés de compétences achats reconnues au niveau de leur expérience ou par le biais d'une formation initiale. " Dans d'autres domaines d'activité comme le e-commerce, le luxe, le bien-être et la cosmétique, la parfumerie, les chaînes d'approvisionnement sont en voie de professionnalisation et connaissent des mutations importantes, apportant leur lot de répercussions sur les recrutements. Les fonctions achats et logistique tendent aussi à évoluer dans le secteur du BTP, ce qui laisse entrevoir de futures opportunités à saisir pour les décideurs.

A noter que dans le BTP, Pascal Pouilloux précise que " les entreprises peuvent éventuellement être intéressées par des profils d'acheteurs en provenance de PME. " Même si les problématiques achats sont différentes dans les structures de moindre envergure, les grands groupes du domaine sont souvent constitués d'une somme d'entités de taille intermédiaire. Les organisations sont décentralisées et fonctionnent de façon autonome, permettant ainsi ce type de recrutements.

" En particulier lorsque l'activité est technique, la formation initiale et la qualité du diplôme restent des éléments importants. La capacité à s'interfacer avec les prescripteurs, à apporter un regard critique quant aux aspects techniques est essentielle. En dehors des domaines industriels, c'est davantage le background qui fait la différence entre les profils, à l'image du secteur des télécommunications ", poursuit-il.

Lire en page 4 : Directeurs achats recherchent profils atypiques

Directeurs achats cherchent profils atypiques

La fonction achats emprunte de nouvelles voies. Concrètement, cette mutation passe souvent par la mise en place d'indicateurs de mesures, d'amélioration des processus, en vue d'un renforcement de la compétitivité. Dans certaines filières, les entreprises instaurent ainsi une nouvelle approche allant dans ce sens, à l'image de la holding Textile Hermès. Cyril Roussel est responsable achats au sein du groupe depuis juin 2014. " C'est une création de poste. On m'a confié la responsabilité des achats de l'ensemble de la filière au sein du groupe, pour optimiser la fonction achats dans sa globalité ", précise-t-il. Pour mener à bien ce nouveau rôle, il a lancé un processus de recrutement avec un niveau d'exigence adapté à cette nouvelle orientation. " Nous recherchons un profil avec une spécialisation assez poussée pour un poste qui là encore n'existent pas pour l'instant. Il s'agira de chapeauter les achats industriels, notamment les productions hors tissu, comme les produits chimiques, les colorants, ou encore les solutions pour le traitement des tissus qui leur confère des propriétés physiques particulières (anti-tâches...) ", poursuit-il.

Habituellement, les profils recherchés du secteur ont 3 à 5 ans d'expérience, sont âgés de 30 ans au maximum. Cyril Roussel explique que dans le cas précis, " le candidat idéal aura plutôt 35 ans, avec une dizaine d'années d'expérience. Il aura déjà piloté des achats dans des organisations complexes, sera doté d'un sens aigu de la diplomatie, aura parmi ses qualités la force de propositions. " Ruxandra Ispas, fondatrice du cabinet de conseil Réformance, spécialisée en achats Innovation, indique que " les attentes sont fortes actuellement pour passer de la performance à l'excellence. On demande de la part des professionnels achats une capacité, en plus de leurs qualités opérationnelles, à intégrer les bonnes pratiques permettant de faire évoluer la fonction en terme d'efficacité. "

Lire en page 5 : Des recherches affinées par les réseaux sociaux

Des recherches affinées par les réseaux sociaux

Si l'impact du web 2.0 sur le recrutement est inchangé sur un plan quantitatif, le bénéfice apporté qualitativement est indéniable. Il semble d'ailleurs s'affirmer au fil du temps. Pour Doriane Listrat, "une présence forte et nourrie sur LinkedIn ou Viadeo est clairement un atout. Les réseaux sociaux sont indiscutablement un plus pour être visible sans pour autant afficher clairement que le candidat est en recherche active. Une page à jour et complète est donc primordiale. Mais la consultation des job-boards et le bouche à oreille n'en sont pas moins importants." Les job-boards ne sont d'ailleurs pas moins utilisés à l'heure actuelle. "Les différentes solutions doivent être exploitées en parallèle", poursuit-elle. Cyril Roussel, responsable achats au sein de Holding Textile Hermès, constate que désormais, les annonces se retrouvent simultanément sur les intranets, les pages de LinkedIn, les offres des agences extérieures : "le recruteur se sert de ces nouvelles plateformes pour confirmer des informations sur un profil, mieux connaître le réseau auquel appartient le candidat." Ruxandra Ispas, fondatrice du cabinet de conseil en achats innovation Réformance, remarque une différence importante entre les décideurs français et étrangers, notamment anglosaxons, en matière d'utilisation de la Toile : "dans l'Hexagone, la présence en ligne, sur LinkedIn par exemple, est beaucoup moins forte, ce qui peut avoir un effet négatif sur les opportunités à saisir, même si cet écart culturel change un peu avec la jeune génération qui vient d'arriver sur le marché du travail."

S'ils sont essentiels, les réseaux sociaux professionnels ne représentent qu'un appui supplémentaire. Il ne s'agit en aucun cas du coeur de l'activité pour les recruteurs. Mieux vaut se fier aux services d'un cabinet de recrutement, surtout lorsque celui-ci est spécialisé achats. "L'avantage de recourir à une structure spécialisée dans ces métiers par rapport à un acteur généraliste réside surtout dans l'expertise des consultants qui sont spécialisés et à même de détecter la cohérence du profil et le potentiel du candidat", assure Doriane Listrat. Fed Supply constate d'ailleurs que ses annonces sont consultées systématiquement, ce qui n'est pas nécessairement le cas chez la concurrence non spécialiste du domaine. Cyril Roussel précise que si les réseaux sociaux sont devenus incontournables, il n'est pas non plus nécessaire d'y passer un temps trop important, tant du côté du recruteur que du candidat. "Professionnellement, je ne suis pas sensible à une attitude qui consiste à faire parler de soi à outrance. Un article pertinent occasionnellement mis en ligne fait tout à fait l'affaire", confie-t-il.

Lire en page 6 : Il y a une vie après la direction des achats

Il y a une vie après la direction des achats

Si le recrutement à la tête des achats se fait généralement poste pour poste, certaines entreprises n'hésitent pas à donner à des directeurs achats des casquettes incluant de nouvelles prérogatives. Olivier Grouet, directeur de l'Excellence Restaurant, Innovation et Assurance Qualité au sein du groupe KFC, fait partie de ces collaborateurs qui relèvent de nouveaux défis. Après quatre années passées à la direction des achats, il occupe ses nouvelles fonctions depuis février dernier, avec l'objectif de trouver des solutions pour augmenter la satisfaction clients. " Ce nouveau rôle donne une vision globale, à 360 degrés, qui inclut autant la qualité des achats et produits que la qualité des services Restaurant et les différents processus qui régissent ces critères ", explique-t-il. Après une carrière dans la grande distribution, Olivier Grouet avait également dirigé les activités de Supply Chain au sein de KFC. Un parcours donnant une vision concrète de plusieurs facettes de son secteur, et synonyme de tremplin qui l'a propulsé à sa situation actuelle.

Autre exemple au sein du groupe agroalimentaire Maïsadour, avec Mathieu Bonnafous, nouveau directeur des Opérations. " Je suis désormais en charge des Achats, de la Logistique, de l'informatique, et de la coordination industrielle, après 8 années en tant que directeur Achats chez Bonduelle. Le volet concernant le suivi industriel en particulier est pour moi une nouvelle casquette synonyme de challenge intéressant ", confie-t-il. Dans son passé professionnel, il a également occupé des fonctions dans l'organisation informatique. Un profil polyvalent qui lui a valu cette nomination et le début d'une aventure d'une nouvelle nature.

 
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