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Biose invente un monde sans manager

Publié par le | Mis à jour le
Biose invente un monde sans manager

Sous l'impulsion de son dg, le laboratoire Biose affiche un changement managérial radical. Exit les managers, place à des coaches. Décryptage d'une entreprise nouvelle génération.

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Perdre un tiers de ses managers. Un cauchemar pour nombre de directeurs commerciaux... Mais pas pour Stanislas Desjonqueres, dg et président du directoire du laboratoire Biose, ou plutôt animateur comme il se considère désormais en interne.

Ce résultat est une conséquence du changement qu'il a initié, il y a maintenant deux ans dans sa façon de manager ses équipes. Son idée : "Mettre au centre le travail en tant qu'action humaine. Les êtres humains sont au coeur de cette démarche. C'est-à-dire que c'est l'entreprise qui est au service des hommes et non l'inverse. C'est parce que les collaborateurs se réaliseront en tant qu'individus qu'ils apporteront toute leur énergie à l'organisation", précise Stanislas Desjonqueres.

Nous n'avons plus besoin de managers

La mise en application de cette philosophie passe nécessairement par une responsabilisation des collaborateurs. Pour ce faire, les postes de managers sont supprimés. Et le dirigeant d'expliquer : "Dans une organisation traditionnelle, les managers sont là uniquement pour prévoir, organiser, commander et contrôler le travail des autres. Dans notre nouvelle organisation, nous n'avons donc plus besoin de managers."

Des coaches volontaires

Mais si responsabiliser les collaborateurs passe par une absence de contrôle, une dimension particulière est apportée à l'accompagnement. Dans cette optique, des coaches sont nommés sur la base du volontariat. "Les coaches d'aujourd'hui ne sont pas nécessairement les managers d'hier, précise Stanislas Desjonqueres, avant d'ajouter : Tout le monde ne souhaite pas, et ne peut pas, se mettre dans le rôle d'accompagnateur." Ainsi, un tiers des managers sont partis de l'entreprise. "Ils ont refusé notre nouveau paradigme, car ils restaient attachés à leur ancienne mission de contrôle. Autrefois, un diplôme de grande école assurait un statut de manager... Ce que nous n'offrons plus dorénavant car nous estimons que commander ce n'est pas travailler. Cela remet en cause le sésame du diplôme de manager", explique Stanislas Desjonqueres.

La mission des coaches est d'aider les collaborateurs à trouver leur cadre, de leur rappeler qu'ils doivent prendre en compte tel et tel paramètre afin de prendre leurs propres décisions. Cependant, ce n'est pas un travail à temps plein. Chaque coach, en mission pour une année ou plus, continue d'exercer ses actions respectives.

Par ailleurs, là où un manager était généralement mieux rémunéré qu'un collaborateur non-manager, le système change aussi de ce point de vue. "Nous rémunérons des compétences et non des statuts. Ainsi, un coach ne gagnera pas forcément plus qu'un autre collaborateur", explique Stanislas Desjonqueres.

Stanislas Desjonqueres, dg et président du directoire du laboratoire Biose


Est-ce que Biose est pour autant une entreprise libérée, dégagée de tout système de contrôle ? "Je suis contre le terme "entreprise libérée" parce que cela raisonne comme une insulte au passé. Le pilotage classique d'entreprises n'est pas forcément mal ou mauvais. Et puis cela sous-entend qu'il existe, d'un côté, les entreprises libérées, et les autres. Ce n'est pas si simple. Chaque entreprise a son histoire et se trouve à différent stade du changement", considère Stanislas Desjonqueres. Et puis, accorder responsabilité et prise de décision à chaque collaborateur "ne signifie pas que chacun est libre de faire ce qu'il veut", rappelle-t-il.

Chacun ne fait pas ce qu'il veut !

"Un système aussi responsabilisant soit-il ne peut fonctionner sans règles et sans organisation", insiste-t-il encore. Encore en cours de déploiement, le dirigeant se dit satisfait des premières avancées du projet de réorganisation. "Il n'existe pas de méthode unique pour parvenir à transformer le management d'une entreprise... C'est un processus continu, un projet qui se pilote et qui ne se planifie pas", témoigne le dirigeant. Et d'ajouter : "Avec le recul, on donne l'impression d'une organisation construite en toute logique, étape par étape. En fait, il s'agit davantage d'un enchaînement de faits, de tests", explique le dg qui aime décrire son entreprise comme une "Sara", c'est-à-dire une Société à responsabilité augmentée.

L'aventure de Biose peut-elle s'appliquer à toute société ? Stanislas Desjonqueres n'en doute pas. Lui-même n'a d'ailleurs pas toujours été dans ce type managérial. "J'ai exercé mes fonctions de dirigeants pendant cinq ans en modèle classique, et depuis deux années sous un format non-hiérarchique." Persuadé que les organisations doivent changer pour avancer, il explique encore : "À mon sens, il n'existe pas d'excuses (notre entreprise est trop grande, trop petite, pas assez portée technologie...) pour entreprendre de modifier son organisation. Il suffit de le vouloir", affirme-t-il avec conviction avant de conclure : "Chaque entreprise à sa propre histoire à partir de laquelle composer."

 
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