Recherche
Mag Décision Achats
S'abonner à la newsletter S'abonner au magazine
En ce moment En ce moment

Stockage : faut-il à tout prix mettre la tête dans le Cloud ?

Publié par Floriane Salgues le | Mis à jour le
L'informatique dans les nuages nécessite une vigilance accrue quant à la sécurité des données.
L'informatique dans les nuages nécessite une vigilance accrue quant à la sécurité des données.

Le Cloud a tout pour plaire : capacités de stockage quasi-infinies à disposition des entreprises, déploiement rapide et faibles investissements initiaux. Mais, attention à la sécurisation de ses données dans le "nuage". Avantages et inconvénients du "data storage", à l'occasion des Salons Solutions.

Je m'abonne
  • Imprimer

Au vu de la croissance du marché français, le Cloud computing séduit indéniablement les entreprises. "Le Cloud public a dépassé le seuil symbolique du milliard d'euros au début de l'année et, selon nos estimations, devrait encore croître chaque année en moyenne d'environ 29 % d'ici à 2018", relève le dernier baromètre du cabinet Pierre Audoin Consultants. Pourquoi cet engouement? En raison de son mode de facturation à la carte, bien sûr, mais aussi de son déploiement rapide ainsi que de sa souplesse d'adaptation aux variations des besoins. Le principe : les données, au lieu d'être stockées sur les disques durs ou sur les serveurs internes de l'entreprise, sont entreposées sur des serveurs distants et accessibles par Internet.

Mais avant de migrer vers le Cloud, attention à bien définir quels types de documents stocker dans les nuages - la messagerie, le sourcing de fournisseurs, la comptabilité...? -, à s'assurer contractuellement et techniquement de la réversibilité des données, et bien sûr du professionnalisme comme de la pérennité de son opérateur. Car le "Cloud", terme largement marketing, dissimule des réalités diverses : Cloud public, privé ou hybride, le niveau de sécurisation des données n'est pas équivalent.

Localiser la donnée : avantage au Cloud privé

Avant de miser sur un stockage de données dans le nuage, les entreprises doivent en premier lieu se poser la question de la localisation. "Attention au stockage de données dans des data centers situés à l'étranger, aux États-Unis par exemple, prévient Hervé Streiff, responsable qualité chez Locarchives, car chaque pays possède sa propre législation en la matière". De l'avis d'expert, il est donc préférable d'opter pour un stockage dans un centre localisé en Europe où celui-ci sera soumis aux règles européennes - en particulier à la directive 95-46 sur la protection des données à caractère personnel. "Si ces données se trouvent sous le sceau de la confidentialité, dans le domaine de l'armement, du nucléaire ou de la santé, elles ne pourront quitter le territoire national", précise Guy Saignes, d'Opus conseils. Et outre la localisation du data center, il est aussi primordial de vérifier la localisation du siège social du fournisseur, qui détermine sa nationalité.

Sur le plan de la localisation du stockage, le Cloud privé - pour lequel les données sont situées sur les serveurs du client dans ses propres locaux ou dans un datacenter spécialisé, avec espace réservé au client - gagne le match. Le client, dans les deux cas, a l'assurance de connaitre la localisation du stockage. Ainsi, Incom France, distributeur européen et intégrateur de solutions de duplication et d'archivage de données, propose à ses clients des réseaux de disques ultra-redondants et très capacitifs pour stocker les données en interne et dans son data center du Futuroscope, à Poitiers, avec la solution ArkanSaas.

Le Data Center du Futuroscope

"Nous vendons deux solutions : "Assureon" de Nexsan et "le Silent Cube" de Fast-LTA, afin d'archiver des données avec la garantie de les préserver pendant la durée d'archivage prévue et de les retrouver simplement au moment voulu", explique Frédéric Boucher, président directeur général de la société Incom, présent sur les Salons Solutions, au début du mois d'octobre. "Le conseil que nous pourrions donner aux entreprises est d'établir un plan de classement des données conservées, selon leur réutilisation", rebondit Guy Saignes d'OPUS Conseils. "Cela permet d'optimiser les coûts d'archivage et de simplifier l'accès aux archives".

Sécurisation des données, solution "green" : lire la suite p. 2

Sécuriser ses données : le Cloud à réalité variable

Quelle que soit la solution de stockage choisie, la sécurité doit primer. Et cela commence par une nécessaire relation de confiance avec son opérateur de Cloud. "Votre potentiel opérateur a-t-il pignon sur rue ? Est-il labellisé ? Respecte-t-il les standards actuels ? Quel type de contrat de prestations propose-t-il ? Fait-il appel à des sous-traitants en cascade ? : telles sont les premières questions que doivent se poser les entreprises avant de se lancer", explique Hervé Streiff. Mieux, celui-ci recommande de faire appel à un tiers-archiveur, afin d'éviter "que l'opérateur n'accède directement aux données stockées ou, si tel était le cas, que l'accès soit tracé et que le client en soit informé." D'ailleurs, dans le cas où les données seraient stockées sur les mêmes machines que celles d'autres entreprises clientes, on (s') interrogera sur l'étanchéité de cet espace de partage.

À lire aussi : Les outils de partage de fichiers perçus comme une menace pour les entreprises

Piratage, espionnage, falsification... sont les risques les plus graves auxquels sont confrontées les données de l'entreprise dans le Cloud. Mais il ne faut pas oublier que "l'utilisateur représente la principale faille à la sécurité des données", rappelle l'expert. Les affaires récentes de photos volées de stars américaines dénudées en septembre dernier montrent la facilité avec laquelle des hackers peuvent pirater les serveurs de stockage de certains mastodontes d'Internet et "casser" des mots de passe trop simplistes. La politique de Data Loss Prevention (DLP) revient à la mode, explique, Charles Gengembre, responsable du pôle sécurité de la société SCC, leader européen de solutions informatiques. Cette solution contrôle les données sensibles qui sont utilisables partout (mobiles). Un blocage s'actionne si l'utilisateur salarié outrepasse ses droits et cherche à extraire et envoyer des informations que l'entreprise ne souhaite pas diffuser".

Les data centers : le stockage polluant ?

En interne ou externalisées, les structures d'hébergement et de traitement de données doivent répondre à des exigences sont toujours plus strictes en termes d'alimentation, de refroidissement ou de sécurité incendie ou inondation. Avec des conséquences sur l'environnement : "Le défi auquel nous sommes confrontés est celui de la raréfaction de l'énergie, analyse Jean-François Marie, responsable après-vente des experts et du pôle entreprise de NetApp. "C'est pourquoi nous fournissons des composants moins gourmands en énergie et des solutions de compression de données pour réduire leur stockage physique".

Le Cloud d'Apple aurait atteint 100 % "d'énergie propre" dans ses centres de données, notamment grâce à la mise en place d'une ferme solaire en Caroline du Nord ainsi qu'à l'arrivée d'une éolienne et de la géothermie dans l'Oregon, selon le rapport Clicking Clean de Greenpeace d'avril 2014. Quant au data center utilisé par Incom, Datacampus, lui aussi posséderait une empreinte "green", relève Frédéric Boucher. "Le disque d'archivage consomme 2 Watt par heure en mode attente et se réveille en vingt-quatre secondes. Lorsqu'il est en attente, il ne chauffe pas, ni ne consomme d'énergie." Certifié ISO 14 001, le centre de données du Futuroscope vise à limiter au maximum son impact environnemental : toiture végétale, puits canadien (échangeur géothermique à très basse énergie) pour rafraîchir les serveurs et les bureaux, inertie thermique et serveurs à faible dissipation calorifique, entre autres.

Les offres chiffrées de stockage à lire p. 3

Cloud : une accessibilité totale, à moindre frais ?

Pour les collaborateurs nomades, le Cloud offre l'avantage de stocker des données - via leurs tablettes ou smartphones, par exemple - depuis n'importe quel endroit de planète sans se soucier des limites de stockage. Celles-ci demeurent accessibles à tout moment. Et les salariés ont la possibilité de partager simultanément des documents ou des applications.

Cloud, du public... aux entreprises

Les clients du Cloud computing paient uniquement l'espace de stockage qu'ils utilisent. Et les offres destinées aux professionnels et aux entreprises sont légion à des prix très concurrentiels. À l'instar de Dropbox Pro, accessible pour 9,99 euros par mois, pour un stockage de 1 000 Go ; ou Dropbox Entreprises, sans aucune limite de stockage, pour 12 euros par mois. Google Drive for Work, lancé en juillet 2014, offre un stockage illimité pour 8 euros par mois, pour les professionnels uniquement. Autre exemple : Office 365, de Microsoft succède à la suite Business Productivity Online Suite et propose une messagerie électronique de 25 Go, la suite bureautique Office Web Apps - Word, Excel, PowerPoint, OneNote -, des outils collaboratifs... synchronisés sur son PC, son Smartphone et sa tablette, pour 9,60 euros par mois pour sa version Business Premium.

Du côté français, Hubic, solution développée par OVH sort du lot, avec 25 Go gratuits - et 10 To pour 10 euros par mois. Son point fort : des données stockées et dupliquées dans l'un des trois data centers situés en France (Roubaix, Gravelines et Strasbourg). Autre prestataire français, le Lyonnais Bajoo Entreprise propose une capacité de stockage minimum de 1To (1 000 Gigas) avec 7 comptes utilisateurs pour 35 euros par mois (incluant un chiffrement fort des données).

Mais pour les entreprises qui ont les moyens d'investir, la meilleure solution reste le Cloud privé. "L'idéal, pour qui veut sécuriser ses données sensibles, est de pouvoir partager des fichiers tout en les hébergeant sur ses serveurs internes", confirme Charles Gengembre. Mais elles ne peuvent s'affranchir pour autant des contraintes sécuritaires, énergétiques, réglementaires, qui s'imposent aux prestataires externes. Reste le Cloud hybride - hébergement chez le client et chez un fournisseur.

Ainsi, le Cluster Data Ontap de Net App offre une plateforme de gestion de données évolutives, avec un outil de transfert de données intégré de l'interne vers des hébergeurs, sans rupture des activités. "La solution coûte de quelques milliers d'euros pour des projets de stockage de 5 To à quelques millions pour ceux à 1 Ho, qui représentent trois millions de disques, complète Jean-François Marie, spécialiste de la gestion de transfert de données. "Le nouveau challenge des décideurs achats est désormais la gestion des contrats de service, conclut le responsable après-vente. D'autant que d'ici à 2020, la capacité de stockage des données devra être multipliée par quarante, notamment en raison de l'abondance des flux générés par les mobiles." Le stockage, un business qui a de l'avenir.

 
Je m'abonne

NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles

La rédaction vous recommande

Retour haut de page