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Arbre Vert : pas bio mais écologique

Cela fait maintenant 15 ans que L'Arbre Vert est positionné sur le créneau du respect de l'environnement : son premier liquide vaisselle écolabellisé a été commercialisé en 2003. Ont suivi la lessive et divers produits d'entretien (multi-surface, spray vitres, gel WC, dégraissant, etc...) et depuis peu des produits cosmétiques. Si elle revendique une démarche santé et environnement, la marque n'est pas biologique, mais écologique : le groupe a fait le choix de l'Ecolabel européen et non d'un label bio. "Nous pensons que les labels biologiques sont moins crédibles sur les cosmétiques et les produits d'entretien que sur l'alimentation. Par exemple, il est possible de faire figurer dans les produits d'entretien biologiques des produits nocifs pour l'environnement comme des fongicides ou des désinfectants, ce que ne permet pas l'Ecolabel", précise Géraldine Séjourné, directrice marketing de L'Arbre Vert.

La marque a même décidé d'aller plus loin que les exigences de l'Ecolabel en proposant des produits d'origine naturelle, non irritants et non testés sur les animaux. Ce qui n'est pas toujours simple côté fournisseurs. "Nous voulons fabriquer des produits écologiques, mais qui sentent bon. Ce qui ne nous laisse pas beaucoup de choix pour les matières premières... Nous poussons donc les fournisseurs à développer de nouvelles filières", explique Mathieu Jotreau, responsable R&D de l'Arbre Vert. La marque travaille avec une quarantaine de fournisseurs, situés principalement en France, mais aussi en Europe. Le groupe refuse de céder aux sirènes des fournisseurs chinois, qui se développent sur le marché des tensio-actifs, parce qu'ils sont trop loin de l'usine de production, située dans la région de Poitiers.

Le groupe a également mis au point des process écologiques, conçus en accord avec ses fournisseurs de machines-outils. Par exemple, le mélange des différents composants se fait à froid, pour éviter toute dépense énergétique lors de l'étape de formulation. L'usine de la marque vient aussi de se doter d'une toute nouvelle machine qui permet de transformer de tout petits flacons d'une dizaine de centimètres en bouteilles de liquide vaisselle de 500 ml et 750 ml. "Cela a permis de diviser par 10 le nombre de camions transportant les flacons avant remplissage" , explique Sébastien Doucet, directeur du site de production de l'Arbre Vert.

Créer ses propres fournisseurs

Il faut dire que le local est une notion importante pour Les Hameaux Bio : le réseau cherche à relocaliser l'approvisionnement autour de ses magasins. Une filière de blé bio locale a ainsi été créée. "Nous avons mis autour de la table agriculteurs et meuniers : les agriculteurs s'engagent à planter, les meuniers à faire de la farine et nous à faire du pain", précise Quentin Allonville. Et si c'était ça la solution : créer ses propres fournisseurs ?

Distributeurs et transformateurs peuvent en effet aider les fournisseurs traditionnels à se convertir. "La conversion est une période compliquée, reconnaît Florent Guhl. Les agriculteurs en conversion peuvent bénéficier d'aides de l'État pendant 5 ans, mais cela ne suffit pas toujours. Les distributeurs peuvent donc les aider financièrement, notamment en payant les produits plus cher". Payer les produits plus cher, certes, mais aussi s'engager sur une plus longue durée et passer des commandes régulières.

C'est la philosophie de Claude Gruffat, président de Bioccop et de Natexbio (Fédération des transformateurs et distributeurs bio) : "La notion d'engagement est primordiale : les fournisseurs ont besoin de vision long terme pour produire et innover" . Biocoop accompagne ainsi les producteurs dans la création de filières et s'engage à se fournir auprès d'eux. La notion d'engagement est importante pour de nombreux acteurs du marché. Scolarest, qui fournit des repas aux cantines scolaires, s'engage auprès des producteurs plusieurs mois en amont sur un volume d'approvisionnement. "Nous garantissons l'achat de leur production à un bon prix", témoigne Isabelle Monnet, directrice générale de Scolarest. Chez Bioporc, les éleveurs bénéficient de contrats de 7 ans. "Le prix d'achat est garanti, même si le cours du porc baisse. C'est un partenariat gagnant-gagnant car cela nous permet de les fidéliser", insiste Christine Derepas.

Pierre et Vacances-Center Parcs : la stratégie des petits pas

Pas facile de proposer des produits bio quand on n'a pas totalement la maîtrise du sujet de l'alimentation. C'est le cas du Groupe Pierre et Vacances-Center Parcs, qui a recourt à des prestataires pour la restauration sur la plupart de ses sites. "Nous ne pouvons donc qu'inciter nos partenaires à prendre le virage du bio et du local ", résume Juliette Vimeney, responsable achats RSE du groupe.

Il existe cependant des initiatives. Comme cette résidence située à Deauville, en restauration directe pour le petit déjeuner (c'est-à-dire qu'elle s'occupe des achats), qui propose pour ce repas des produits bio, locaux et/ou de saison. Le nouveau Villages Nature Paris, en région parisienne, propose quant à lui des serviettes et peignoirs en coton bio et certifiés Max Havelaar. Dans ce nouveau village, une gamme de produits bio, locaux et/ou de saison est par ailleurs proposée à la carte. Même si c'est un partenaire qui s'occupe de la restauration.

En effet, Pierre & Vacances-Center Parcs demande régulièrement à ses partenaires de s'emparer de ces sujets, aussi bien du bio que du local. "Les clients exigent de plus en plus de savoir ce qu'il y a dans leur assiette. Ils veulent surtout que leur nourriture n'ait pas traversé le monde entier avant d'arriver jusqu'à eux", constate Anaïs Evrard, chargée de prospective et communication RSE Groupe. Ainsi, dans certains villages, comme celui de Belle Dune en Picardie, des recettes et produits du terroir sont mis en avant.

Petits pas par petits pas, les choses évoluent, en partenariat avec les prestataires. Par exemple, le vrac est proposé à la supérette de Villages Nature Paris, ainsi qu'une une gamme de produits bio et locaux dans les supérettes de l'ensemble des domaines Center Parcs et la plupart des Villages Pierre et Vacances. "Nous sommes convaincus que nos partenaires ont intérêt à s'organiser pour répondre à cette demande qui émerge", indique Émilie Riess responsable développement durable groupe.

D'autant plus que certains fournissent également les collectivités publiques, pour lesquelles le cahier des charges est exigeant en matière de produits bio et locaux. Ce qui bénéficie à Pierre & Vacances-Center Parcs. "Il nous est désormais proposé des porcs normands, des melons charentais, ou de la farine locale pour les crêperies. Nous devons profiter de cette dynamique et travailler de concert avec nos partenaires en ce sens, ancrer l'expérience de nos clients dans un territoire, mais aussi promouvoir des filières alimentaires plus vertueuses, comme le commerce équitable et le bio" , conclut Émilie Riess.

Car c'est bien le sujet : s'engager auprès de ses fournisseurs permet qu'ils s'engagent eux aussi. Les approvisionnements sont ainsi sécurisés. "Chez Léa Nature, plus de 70 % des fournisseurs travaillent avec le groupe depuis plus de 5 ans. Nous préférons les contrats long terme qui sont sécurisants pour les deux parties : nous garantissons les achats à un prix défini et eux nous garantissent des approvisionnements à une qualité définie", constate Julie Morihain. La directrice achats s'assure cependant que ses fournisseurs restent bien placés en termes de prix et de qualité. Bio, écologique, humain... mais pas fou !

 
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Eve Mennesson

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