L'achat Made in France ne ferait déjà plus recette ?
L'effet "marinière" est-il à bout de souffle ? Seuls 30 % des services achats auraient des objectifs Made in France pour l'année à venir, selon une étude réalisée en fin d'année sur les priorités des services achats en 2014.
Je m'abonneLes acheteurs ont-ils encore des objectifs d'achats Made in France ? Le développement durable et / ou la RSE sont-ils encore (et toujours) des priorités ? Le risque fournisseurs reste-t-il un sujet d'actualité ? Autant de légitimes questions auxquelles tente de répondre l'étude AgileBuyer et groupement Achats HEC* sur les priorités des services achats en 2014.
Des achats made in France en recul
Sur les achats franco-français, 1/3 des répondants disent avoir des objectifs en la matière pour l'année qui vient, soit une baisse de 6 points par rapport à 2013. Pourtant 12 % des acheteurs interrogés perçoivent le Made in France comme trop cher. "Qu'est-ce qui empêche alors les donneurs d'ordres d'acheter français ?", s'interrogent les auteurs de l'enquête.
Parmi les raisons invoquées : des services et produits non disponibles dans l'Hexagone (14 %) ou l'obligation d'acheter dans le pays du client (4 %). Cela est facilement vérifiable dans des secteurs comme la mécanique, l'électronique et le textile, où acheter français n'est pas compétitif par rapport à un approvisionnement dans les pays asiatiques. Il est difficile de contraindre ces professionnels à se fournir dans l'Hexagone "avec des coûts de main-d'oeuvre plus élevés" et "l'absence de certaines matières premières sur le territoire". Dans l'agroalimentaire, si les normes françaises ou la qualité des produits apparaissent comme des garanties certaines pour se fournir en France, le secteur avoue n'avoir que très peu voire aucune contrainte pour acheter français (78 % d'entre eux).
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En 2014, les secteurs de l'hôtellerie-restauration (44 %), de l'ingénierie / R & D (31 %) et de la construction (29 %) figurent dans le trio de tête des donneurs d'ordre ayant des objectifs d'achats Made in France.
Priorité à la réduction des coûts et à la RSE
Sans grande surprise, la réduction des coûts demeure une priorité pour les services achats en 2014. Ainsi, 77 % des sondés la citent comme objectif principal pour cette nouvelle année (4 points de plus par rapport à 2013).
Cette volonté de réduire les coûts est prédominante dans le secteur des télécommunications (91 % des sondés). L'arrivée sur le marché français d'un 4e opérateur de téléphonie mobile avec des "offres low-cost très agressives" en est la raison principale, qui contraint les opérateurs historiques à encore réduire les coûts pour rester compétitifs.
Autre sujet mis en exergue pour 2014 : la RSE et le développement durable. 54 % des sondés déclarent avoir des objectifs en ces domaines. C'est 3 points de plus qu'en 2013. Les secteurs les plus volontaires sont ceux du transport et de la logistique (82 %), suivis de l'hôtellerie / restauration / loisirs (78 %) puis de la banque et de l'assurance (71 %).
Notons que seulement 13 % des acheteurs ont des primes pour récompenser l'atteinte des objectifs de développement durable (contre 15 % en 2013). À l'opposé des commerciaux rémunérés en partie en fonction des résultats financiers de leur entreprise, les acheteurs restent peu primés sur les gains qu'ils réalisent. Ainsi, en 2014, 39 % d'entre eux indiquent ne pas avoir de prime liée aux gains réalisés sur les achats.
La gestion des risques fournisseurs : un objectif renforcé
72 % des directeurs achats placent en tête de leurs préoccupations 2014 la gestion des risques fournisseurs. Un chiffre qui grimpe de 2 points par rapport à 2013.
Edifiant : dans certains secteurs d'activité sensibles comme la santé, les transports, la distribution générale ou l'ingénierie / R & D cette gestion des risques fournisseurs est identifiée à plus de 80 % comme une priorité en 2014.
Les achats dans les pays à bas coût passés de mode
En 2014 - et avec une relative contradiction par rapport à ce que nous écrivons en début d'article - pour plus de la moitié répondants (57 %), acheter dans les pays à bas coût (Low Cost Countries - LCC) n'est pas un axe de travail. Une tendance qui se maintient depuis 2013.
Ainsi, seulement 31 % des acheteurs sondés augmenteront leurs achats dans ces LCC. Une proportion en baisse constante puisqu'ils étaient près de 40 % à acheter LCC en 2012. En 2014, 11 % des acheteurs veulent stabiliser cette part d'achats et 2 % souhaitent au contraire la voir diminuer. Les raisons ? La fluctuation des taux de monnaie et des coûts de transports ou encore l'inflation des salaires dans ces zones géographiques.
En 2014, les secteurs d'activité les plus attirés par les achats dans les pays à bas coût sont la mécanique / métallurgie, l'automobile et l'aéronautique.
Anti-corruption, respect des délais de paiement
Au cours des 3 dernières années, 1/3 des professionnels achats (28 %) n'ont pas signé de charte anti-corruption. Pour les auteurs de l'enquête, "la professionnalisation de la filière achat n'est concevable qu'à l'aide de l'application de ce type de charte".
De même, si le respect du délai du paiement fournisseur demeure un sujet sensible entre fournisseurs et donneurs d'ordre, seulement 1 acheteur sur 2 (54 %) a des objectifs en ce sens.
Autre sujet d'actualité pour 2014: la réduction du panel fournisseurs. C'est un objectif majeur pour le secteur du textile et des industries manufacturières (71 %), la construction (62 %) et la mécanique, métallurgie (62 %).
Enfin, notons que 61 % des services achats souhaitent d'élargir leur taux de couverture achat. Et 15 % estiment que ce taux a déjà atteint son niveau maximal.
* Étude réalisée à partir d'un questionnaire envoyé par mail entre le 26 novembre et le 6 décembre 2013. Au final, 558 directions achats ont répondu. Voir la vidéo de l'étude