La RSE dans les achats de prestation : gestion du risque et opportunité de développer de la valeur
Un vernis RSE est-il le moyen, pour les achats, de se prémunir des risques financiers ou de travail dissimulé de ses fournisseurs, ou bien l'opportunité de développer de la valeur pour l'entreprise ? Les deux.
Je m'abonne"La France est en pointe sur la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises (RSE)", a assuré André Martinie, président de Provigis, tiers certificateur de documents légaux, en introduction de la matinale de l'Observatoire des achats responsables (ObsAr), organisée le 13 novembre dernier. Pour autant, la question anime toujours nombre de services achats : "insuffler une touche de RSE est-elle un moyen de gérer les risques fournisseur ou une vraie opportunité de développer de la valeur pour l'entreprise ? Les participants à cette matinale ont débattu de la question. Et la conclusion à laquelle ils sont arrivés est. toute normande : les deux !
"La RSE, dans les achats de prestation, est située entre la gestion du risque - notre responsabilité par rapport à nos fournisseurs - et l'opportunité de développer de la valeur", a assuré Vincent Leroux Lefebvre, acheteur de prestation intellectuelle chez Sage.
"Anticiper le risque est compliqué"
60 % des acheteurs interrogés par Spot a Partner, dans le cadre d'une étude sur l'évaluation de la qualité et de la performance des fournisseurs de prestations intellectuelles, assurent prendre en compte la RSE dans l'évaluation de leurs partenaires. Pour Malakoff Médéric, groupe paritaire de protection sociale, "Si la note RSE d'un fournisseur est trop basse, celui-ci sera exclu de notre appel d'offres", a expliqué Laurie Soldevilla, juriste intégrée aux achats. Laquelle a reconnu qu'"anticiper le risque - de défaillance économique ou de travail dissimulé, notamment - est compliqué.
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"Pour nous, la RSE dans les achats est un outil de gestion de risque et une opportunité, explique-t-elle. Couvrir les quatre piliers de la RSE dans notre relation fournisseur nous permet de nous prémunir de pas mal de risques. Mais, la note RSE est aussi un levier de discussion avec les fournisseurs au quotidien : nous avons des contacts plus réguliers et nous les accompagnons dans leurs transformations."
"Les achats, bras armé de la RSE"
Parmi les risques dont essaient de se prémunir les acheteurs, celui lié à la dépendance : 80 % des sondés ont indiqué avoir déjà écarté un fournisseur "ayant une offre excellente", notamment en raison du risque de dépendance économique qu'il présentait, a indiqué Sébastien Vernède, directeur associé de l'agence. Au risque de se couper de prestataires avec lesquels il leur serait pourtant bénéfique de travailler. Aborder ces achats dans une approche RSE permet de dépasser ce stade.
C'est le choix opéré par le CNP Assurance, comme l'a raconté Rémy Peltier, acheteur à la casquette développement durable : "Dans notre clause RSE, nous reprenons trois éléments : l'environnement, l'humain et la lutte contre la corruption. Cela nous permet de lever des risques et nous donne des opportunités en termes d'innovation, comme, par exemple, de faire appel à une start-up, certes plus dépendante, mais aussi plus efficace."
Pour Antoine Doussaint, directeur adjoint RSE de La Poste, et ex-directeur achats du groupe, les achats sont "le bras armé de la RSE", parce que chacun sert les intérêts de l'autre. "J'ai toujours eu la conviction que les acheteurs ont trois missions : la première, historique - d'optimiser les coûts -, ensuite, de maîtriser le risque - protéger les économies une fois qu'elles ont été dégagées - puis de contribution au chiffre d'affaires. La RSE prend part à ces trois dimensions."