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La location longue durée passe sur deux roues

Publié par Jean-Philippe Arrouet le - mis à jour à
La location longue durée passe sur deux roues

Antidote aux embouteillages, la mise à disposition de deux-roues et de trois-roues se développe dans les entreprises. Les loueurs longue durée les proposent désormais dans des contrats full services, comme pour les voitures de fonction.

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Coups de klaxon, agacement au volant, retards à répétitions : les trajets quotidiens vers les lieux de travail sont loin d'être un long fleuve tranquille. Une brèche dans laquelle se sont déjà engouffrés les constructeurs et distributeurs de motos et scooters, depuis la libéralisation en 1996 de la conduite des 125 cc aux titulaires d'un permis B, ainsi que quelques loueurs spécialisés et, depuis peu, les loueurs longue durée. "Cela répond à un vrai phénomène de société dans les grandes villes et nous sommes convaincus que les entreprises vont s'ouvrir à cette forme de mobilité ", affirme Olivier Monot, président directeur général d'Alphabet France, qui vient de lancer son offre de location longue durée dédiée aux deux et trois roues en mars 2015. Chez cette filiale de BMW, l'intérêt des clients est palpable : en un trimestre le loueur a enregistré une dizaine de commandes et quelque 250 demandes de cotation. Forts de leur expérience dans l'intégration de services associés aux véhicules, les spécialistes de la LLD appliquent ce savoir-faire sur ce marché qui est encore une niche. " La tendance se développe mais sur 5 000 contrats mensuels, une dizaine concerne les deux et trois-roues ", confie Guillaume Maureau directeur général adjoint en charge du commerce chez ALD Automotive qui a été l'un des premiers à gérer ce type de flottes notamment pour le compte de La Poste.

TCO imbattable

Financièrement, les deux et trois-roues séduisent par leurs coûts d'usage : moins élevé que celui d'une voiture de fonction, leur prix d'achat est logiquement plus léger à amortir dans les loyers. En outre, la fiscalité les pénalise moins : pas de plafond d'amortissement et ils échappent à la taxe sur les véhicules de société (TVS) comme au malus écologique. " Même si la comparaison entre les modèles de voitures et de deux-roues est difficile, le TCO de ceux-ci peut être 10 à 20 % inférieur ", observe Guillaume Maureau. Par ailleurs, le ticket d'entrée pour équiper ses collaborateurs est particulièrement raisonnable. Chez Alphabet, un scooter à trois roues, MP3 LT Yourban de 300 cc, qui se conduit sans permis moto après une formation de sept heures en moto-école, est facturé 155 € TTC mensuels pour un contrat de 36 mois et 15 000 km. Pour les cadres titulaires du permis moto, une grande routière telle que la BMW 1200 RT revient à 310 € TTC sur 36 mois dans la limite de 25 000 km. Pour les adeptes du scooter, ALD Automotive est bien placée avec la gamme Yamaha : 150 € pour un 125 cc Smax loué 48 mois pour 20 000 km et 275 € pour le puissant Tmax qui se conduit avec le permis A. Ici, comme dans toutes les offres sur marché de la LLD, l'entretien et l'assistance sont inclus.

Lire en page 2 : Sécuriser les conditions d'utilisation



Équiper les collaborateurs

Alphabet

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Les contrats incluent des options qui existent déjà pour les voitures et les utilitaires : carte carburant, remplacement des pneumatiques (d'où l'intérêt de sélectionner une option garantie crevaison en l'absence de roue de secours), mise à disposition d'un véhicule relais mais aussi garantie perte financière en cas de destruction ou de vol. Toutefois l'entreprise devra investir en plus dans des équipements de sécurité pour les conducteurs : si le casque est obligatoire, des gants et un blouson ou une parka avec des protections paraissent nécessaires (certains modèles intègrent un airbag). Chez 2R Fleet services, casques et gilets airbags peuvent d'ailleurs être inclus dans le loyer global. Cette solution clé en main choisie par 15 à 20 % des clients leur permet en outre de conserver ces équipements à l'issue du contrat puisque le loueur ne prévoit pas de les revendre d'occasion. La formation des conducteurs fait également partie des offres proposées par les loueurs, non pas directement mais en orientant leurs clients vers des organismes spécialistes de la conduite en sécurité des roues-roues. Quant à l'assurance, elle n'est pas toujours incluse dans les contrats de LLD et, même dans ce cas, une comparaison avec d'autres offres notamment celles de son courtier pour le reste de la flotte, peut réserver des écarts tarifaires.

Même si les offres actuelles possèdent déjà un excellent niveau d'intégration de services, elles devraient encore évoluer. Ainsi ALD Automotive teste actuellement auprès de quelques clients la possibilité de proposer aux collaborateurs de choisir une voiture de fonction plus petite et un scooter ou une moto en complément sans modifier le loyer. Les deux véhicules roulant moins, le coût de l'opération ne dépasse pas le montant que l'entreprise était disposée à régler. Ce potentiel d'innovation que recèle le marché de la LLD deux-roues pourrait également attirer d'autres acteurs de la LLD dans les mois à venir.


Apprendre à anticiper

" 90 % des accidents de deux-roues sont évitables en réagissant une seconde plus tôt ", martèle Laurent formateur la conduite en sécurité chez Beltoise Evolution. Cet organisme de formation accueille tout au long de l'année des salariés venus se former à la maîtrise des aléas de la conduite deux-roues (435 € TTC pour une journée) . En cette fin du mois de mai, la formation débute par un rappel des dangers avant de passer aux mises en situation au guidon de BMW F800 R : prise en main de la moto, exercices de maniabilité et simulations de freinages brusques se succèdent sur une piste hors circulation. C'est surtout lors des phase de roulage à allure normale que les stagiaires prennent conscience de leurs lacunes : ne pas regarder assez loin, ni partout, pour pouvoir détecter un piéton surgissant sur le bas côté ou une voiture déviant de sa trajectoire. Malgré leur expérience de plusieurs milliers de kilomètres, aucun des participants n'est capable d'anticiper convenablement ces situations. A la fin de la journée chacun regagne son entreprise en ayant appris à poser son regard et à adapter ses trajectoires pour éviter les dangers sur la route.



Sécuriser les conditions d'utilisation

Pourtant, certains responsables de parc ou des ressources humaines se montrent réticents à doter leurs collaborateurs de ces véhicules dont la sécurité inquiète. D'après les chiffres de la Sécurité routière, les deux roues motorisés représentaient 1,3 % du trafic en 2013 mais 19 % des tués et 20 % des blessés hospitalisés suite à un accident de la circulation. Des chiffres alarmants mais que les loueurs longue durée ne retrouvent au sein de leurs propres parcs. Comme l'explique Guillaume Maureau, " Nous faisons un important travail de pédagogie pour démontrer à nos clients que les grosses motos routières ne présentent pas un risque d'accident supérieur à l'automobile ." Une observation fondée sur les données d'ALD et de son partenaire Yamaha dont il gère l'offre de LLD en marque blanche. Même constat chez 2R Fleet services, pure player de la LLD sur deux et trois roues : " Sur 1 300 véhicules, nous n'avons déploré aucun accident corporel en 2014 et une quinzaine de sinistres matériels ", avance Pascal Courtois, fondateur et dirigeant de l'entreprise qui travaille également pour Honda en marque blanche. L'explication tient à la qualité des véhicules, équipés d'ABS ou de freinage couplé avant-arrière, mais aussi aux profils des utilisateurs : des cadres expérimentés moins tentés par l'ivresse de la vitesse que les jeunes au permis tout frais. En outre, l'introduction de deux-roues dans une flotte ne s'envisage pas comme une simple formalité. La car policy doit en encadrer l'usage, par exemple en interdisant les déplacements au-delà d'une distance trop longue et le Document unique d'évaluation des risque (DUER) de l'entreprise doit formaliser par écrit l'analyse des risques encourus et les mesures prises pour y répondre. Enfin, lorsqu'il s'agit d'introduire des véhicules de services, l'avis du CHSCT est requis. Ainsi, dans une entreprise, 80 trains de pneus ont du être changés à sa demande après des plaintes des salariés concernant la tenue de route des deux-roues mis à leur disposition.

Lire en page 3 : Équiper les collaborateurs



 
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