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Voyage d'affaires : une ruée vers l'Hexagone ?

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Voyage d'affaires : une ruée vers l'Hexagone ?

Dans un contexte de reprise du tourisme d'affaires, la France semble devenir une nouvelle destination privilégiée, quel que soit le type d'événements. Les régions et collectivités adaptent leur offre et tentent d'attirer des entreprises en quête de différence et de formule alternative.

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"Les mesures qui restreignent l'activité du secteur ont amené les acteurs à s'adapter, à réinventer leurs offres. La reprise s'opèrera en cercles concentriques, en premier lieu sur des événements locaux et nationaux", souligne une étude réalisée par EY et Atout France à l'issue de l'effondrement brutal des activités du tourisme d'affaires en 2020. Elle indique par ailleurs que "la destination France" devrait rapidement tirer son épingle du jeu dans ce contexte. 18 mois plus tard, Nicolas Napst, responsable du développement à Strasbourg Convention Bureau, remarque effectivement cette tendance : "Nous avons récupéré récemment des dossiers d'entreprises qui voyageaient précédemment dans des pays limitrophes en Europe occidentale voire au Maghreb. On assiste à de nouvelles priorités qui amènent à se recentrer sur le territoire national pour l'événementiel et les séminaires, à privilégier des destinations plus locales." Un constat que partage de façon générale Meet-in-Alsace, la marque régionale dédiée au développement du tourisme d'affaires en Alsace.

Des offres alternatives à succès

L'accroissement des voyages professionnels en train témoigne d'un certain recentrage des priorités de déplacement. "Nous proposons depuis peu l'ensemble des billets SNCF, en intégration automatique, au sein de notre outil de réservation. C'est apparemment une évolution que les entreprises attendaient : Sur les billets Ouigo, nouvellement disponibles, nous avons constaté une progression de 1 000% sur quelques mois", se réjouit Betty Seroussi, présidente de l'éditeur de solution de gestion pour le voyage d'affaires Travel Planet. "De façon plus générale, les vols domestiques représentent en 2022 89% du niveau de la demande de 2019, et les déplacements en train atteignent 110% des réservations de 2019, ce qui indique une évolution dans les modes de transport", ajoute-t-elle.

L'agglomération de Strasbourg fait partie des acteurs qui manifestent une volonté forte de développer une offre alternative vis-à-vis des entreprises. De nouveaux acteurs sont récemment entrés dans le giron des prestataires mis en avant, comme des organisations de l'économie sociale et solidaire : "aujourd'hui, on peut se retrouver en tant qu'en entreprise au milieu d'artisans, d'ONG, d'associations, et ainsi participer à des ateliers thématiques, assister à des conférences sur toutes sortes de sujets", résume Nicolas Napst. Le village VVF de la petite ville voisine d'Obernai, le camping Huttopia de Strasbourg, ou encore des spécialistes du zéro déchet sont ainsi impliqués dans les événements. "Nous avons affaire à une forte demande des entreprises, avec une hausse de 30 à 40 % d'ici fin 2022 par rapport à 2019. On dénombre un nombre important de demandes de dernière minute, mais aussi des événements de plusieurs centaines de personnes d'ores et déjà mis en place pour 2023, avec en point commun fréquent une envie de privilégier des activités éthiques, de défendre des valeurs, de s'impliquer ou de découvrir des démarches d'intérêt général qui font sens", poursuit-il. "Je créé mon éolienne", "je réalise une fresque", "comment faire des déchets de mon entreprise des oeuvres décoratives" sont autant d'initiatives qui animent ces moments.

Quête de sens

Pour Betty Seroussi, même s'il représente moins une menace au quotidien, "la COVID-19 reste dans les esprits et suscitent de l'inquiétude. On préfère voyager moins loin, optimiser son déplacement en restant sur place avec une nuit ou deux nuits d'hôtels supplémentaires, plutôt que de partir plusieurs fois dans le même mois ou le même trimestre. Il en découle aussi un désir de se recentrer sur son bien-être personnel et familial, de redécouvrir ses propres régions, de défendre des notions qui ont véritablement du sens."

Les entreprises ont besoin de disposer d'un cahier des charges RSE, en lien avec les lieux et prestations de la destination. "On nous demande systématiquement des mentions pour les trajets les plus écologiques, avec les taux de CO2 correspondants. Il faut aussi que les modalités de voyage soient en accord avec d'autres priorités, économiques, en lien avec des habitudes de travail", explique-t-elle.

Nicolas Napst estime lui aussi qu'on s'interroge plus que par le passé sur "les motivations, les modalités et les objectifs des déplacements. On voyage moins mais mieux." Pour Ingrid Martel, Directrice des opérations MICE au sein de l'Evian Resort, une destination Affaires en vogue, "il y a clairement un avant et un après avec la crise du covid-19. La reprise de nos activités est très forte depuis un an, pour tous les rendez-vous professionnels, quels qu'ils soient. La nécessité de se retrouver physiquement tout en privilégiant la proximité géographique reprend le dessus. Cette reprise prend aussi de nouvelles formes, avec par exemple l'intégration de solutions technologiques permettant de mêler le virtuel et le réel. De nombreux événements se déroulent aujourd'hui en mode hybride. Nous avons de plus en plus de cas de figure de séminaires qui ont lieu totalement en présentiel, mais avec une diffusion en ligne simultanément."

Des investissements locaux qui s'adaptent

Si le Bassin d'Arcachon jouit d'une forte notoriété en matière de tourisme d'agrément, sa popularité comme destination d'affaires est plus récente. De nombreux investissements ont eu lieu localement au cours des dernières années, si bien que le territoire profite désormais de cette dynamique du voyage professionnel recentré sur l'Hexagone.

"Il existe une volonté politique particulièrement forte, depuis 2020 notamment, de développer le tourisme d'affaires, de faire valoir nos atouts. Nous avons un palais des congrès face à la mer et de nombreuses installations adaptées à des événements de toute taille, dans un cadre naturel unique. Ce dernier aspect séduit beaucoup les entreprises, avec le goût pour la proximité de l'environnement et pour les richesses de terroir désormais très attendus", confie Marine Delarette, pôle Communication et Promotion du Bassin d'Arcachon. Le réseau de pistes cyclables très développé, les spécialités culinaires, la notoriété des produits locaux donnent lieu à des ateliers et activités singulières proposées aux collaborateurs, comme des cours de cuisine incluant des visites aux côtés d'un guide conférencier.

De nombreux cadres ont quitté la ville pour s'installer dans le Bassin d'Arcachon depuis deux ans. "Cette évolution contribue au rayonnement local", estime Marine Delarette. La Plage aux entrepreneurs, nouvel événement local qui se déroule en septembre autour du Made in France, s'inscrit dans cette nouvelle dynamique. Le Bassin d'Arcachon tisse par ailleurs des liens forts avec le Bordeaux Convention Bureau, dans le but de faire de la coopération entre les territoires : "l'objectif est le développement d'un tourisme d'affaires multi-destinations dans un périmètre voisin", ajoute-t-elle.

Du côté de l'Evian Resort, des investissements conséquents ont également eu lieu comme la rénovation du casino du site. D'autres concernent des atouts aujourd'hui pleinement en phase avec les politiques RSE exprimées. "Nous disposons d'arbres centenaires, de dispositifs de protection des oiseaux, de systèmes d'arrosages qui s'émancipent de l'eau potable. Autant de garanties synonymes d'attractivité aux yeux des entreprises", souligne Ingrid Martel.

Les atouts français séduisent malgré des prix élevés

Révélé à l'occasion du dernier salon IFTM Top Resa, le baromètre du voyage d'affaires du cabinet de conseil EPSA indique que le voyage d'affaires en France retrouve à la fin 2022 67% de son activité par rapport à 2019, dernière année de référence. La progression se poursuivra vraisemblablement en 2023 pour atteindre ensuite la barre des 100% en 2024, souligne l'étude. La France comme destination privilégiée devrait ainsi continuer à tirer son épingle du jeu, même si le niveau de certains prix inquiète les observateurs. "Nous constatons sur une base de 50 000 réservations de nuitées une hausse de 20% des prix en moyenne, depuis le 1er janvier 2022. Attention aux conséquences d'une telle augmentation des tarifs", prévient Betty Seroussi.

Les déplacements ferroviaires affichent une belle croissance dans le contexte actuel : par exemple le recours au train pour les trajets Paris - Marseille est passé de 38% en 2016 à 52% en 2022, indique le baromètre. Mais là encore, l'inflation pourrait freiner les bonnes résolutions, puisque une forte augmentation des prix est attendue dans le rail en 2023.

 
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