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Du travel manager...au mobility manager ?

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Du travel manager...au mobility manager ?

Un moment mis à mal par le Covid et le confinement, le métier de travel manager est aujourd'hui en pleine métamorphose, s'adaptant à de nouveaux facteurs, comme la RSE, des nouvelles contraintes budgétaires ou encore les nouvelles pratiques de télétravail et de mobilité.

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On aurait pu croire qu'après la pandémie et le confinement, le métier de travel manager se serait trouvé dans une impasse, cerné par la montée en puissance des visioconférences et du télétravail. Or il n'en est rien ; il se passe plutôt le contraire. Sous l'effet des évolutions des modes de travail et des priorités de l'entreprise, le métier de travel manager est en train de se réinventer et de s'élargir, pour devenir plus important et central que précédemment. « Il existe toujours des besoins en déplacement, RSE ou non, pandémie ou non », souligne Julie Panadero, Directrice Coordination Apprenants & Relations Entreprises à l'Escaet. Tout ne peut pas se faire à distance.

Restrictions budgétaires

Les montants dépensés en voyages le montrent bien. « Nous sommes aujourd'hui à environ 75 % du niveau des dépenses ce 2019, estime Laurent Bensaid, Senior Directeur Program Management France chez BCD Travel. Et la demande augmente, surtout avec la réouverture des déplacements vers l'Asie. » Le métier n'a donc rien perdu de sa pertinence. « C'est même le contraire, avec une explosion généralisée des prix : avion, rail, hôtel... », continue Laurent Bensaid. Et ce n'est pas qu'une question d'inflation : le problème vient du fait que la demande a repris, mais l'offre, elle, ne suit pas. Autant dire que dans un contexte où l'on essaye de se serrer la ceinture, l'expertise du travel manager se traduit directement par des économies substantielles.

Extension des fonctions

Depuis 2015 et la publication de la loi sur la transition énergétique des entreprises notamment, les fonctions de travel management et de fleet management ont tendance à se regrouper. « Nous le voyons avec nos étudiants qui partent en stage en entreprise, décrit Julie Panadero. Il y a 3, 4 ans, ils exerçaient des fonctions soit d'acheteur travel soit de travel manager. Maintenant, la mobilité, sous toutes ses formes, est très présente. C'est très clair, notamment dans les fiches de postes. »

C'est en quelque sorte une extension logique : aujourd'hui, avec les politiques actuelles de mobilité, les déplacements entre le travail et le domicile font partie, en quelque sorte, des déplacements professionnels. Le raisonnement est le même en ce qui concerne la gestion de flotte : il s'agit d'un moyen de déplacement professionnel, au même titre que le train ou l'avion. Cette extension du périmètre fait que maintenant, et d'autant plus dans les grandes entreprises, le travel management est le fait d'une équipe à part entière.

Une fonction maintenant transverse

Une conséquence importante de ces évolutions est que le travel manager, qui auparavant était rattaché à une direction - le plus souvent les achats, plus rarement la RH - est maintenant une fonction véritablement transverse, qui a vocation à s'entretenir avec presque tous les départements de l'entreprise. « La mobilité dans l'entreprise est un sujet global, et il faut que quelqu'un soit au centre pour pouvoir tout coordonner avec les parties prenantes, des achats à la RH en passant par la technique, la finance, etc. », explique Julie Panadero. Sans oublier les pôles RSE, émergents, qui ont des exigences particulières sur le sujet.

De fait, « le travel manager, qui était avant un acheteur avant tout, est maintenant un consultant, estime Laurent Bensaid. Pour acheter mieux, mais aussi sur comment voyager, comment contrôler, comment limiter le CO2... Il ne s'agit plus que d'acheter les billets, mais de construire un programme robuste et compréhensible pour les acteurs de l'entreprise. »

La RSE, nouvel aspect essentiel du métier

Et ces exigences vont être de plus en plus importantes. « Les priorités restent toujours la sécurité du voyageur et l'économie, souligne Olivier Benoit, Principal & VP chez Advito. Mais la dimension environnementale, notamment, ajoute un fort aspect stratégique au métier. »

Car les voyages, qui rentrent dans le Scope 3, forment notamment une proportion non négligeable de l'empreinte carbone de l'entreprise ; et avec la valorisation - proche maintenant - de la tonne de CO2, les conséquences financières vont devenir concrètes très rapidement. Mais il ne s'agit pas que de cela : « les considérations en matière de diversité et d'inclusion s'appliquent aussi au choix des fournisseurs, pour atteindre les objectifs fixés », continue Olivier Benoit. La tâche n'est pas cependant aisée, car l'information en matière de RSE chez les fournisseurs reste très fragmentée et difficile à vérifier.

Pour l'instant, la priorité donnée à la RSE dans les considérations du travel manager dépend plutôt de la direction à laquelle il est rattaché : s'il est affilié à la direction financière, les considérations monétaires auront plutôt la priorité ; s'il est affilié à la RH ou aux achats, la RSE prend les devants. Autant dire que cela varie beaucoup selon les entreprises.

Une résultante des nouvelles contraintes budgétaires et de la RSE est que maintenant, un nouvel aspect du travail du travel manager est d'estimer si oui ou non un déplacement est utile, voire essentiel, l'idée étant de consommer moins mais mieux. Or un voyage d'affaires, cela a un ROI... Ce qui demande, là encore, une connaissance accrue des métiers de l'entreprise, et renforce le côté stratégique de la fonction. « Le travel manager va avoir un impact sur la performance et la productivité des équipes, ainsi que sur la rétention des employés », souligne Olivier Benoit.

Se former et trouver les nouveaux outils

Si, dans beaucoup de cas, les compétences demandées par ces nouvelles fonctions sont similaires à cette du travel manager « classique », il faut néanmoins s'adapter et se doter de nouvelles expertises. « Le coeur du métier ne change pas, pour la plupart : il s'agit toujours de faire des appels d'offres, de trouver des fournisseurs et d'entretenir les relations avec eux... énumère Julie Panadero. En revanche, la gestion de flotte, elle, est un domaine à part, sur lequel il faut monter en compétence. »

Les écoles et formateurs en la matière l'ont bien compris, et adaptent - si ce n'est pas déjà fait - leurs enseignements et cursus à ce nouvel état de fait. « Nous formons depuis toujours au travel management, et nous avons évolué vers le mobility management, explique Julie Panadero. Et nous accompagnons également les personnes dans leur reconversion. » Si l'entreprise ne se charge pas parfois elle-même d'organiser les formations nécessaires, les associations professionnelles, dont l'AFTM, prennent également le relais, notamment en produisant une quantité considérable de documentation sur tous ces nouveaux sujets.

Les fournisseurs d'outils techniques se mettent également à la page. Historiquement dédiées à la réservation de voyages, les solutions logicielles intègrent maintenant les dimensions liées aux problématiques de mobilité, et certains proposent même déjà des fonctionnalités de gestion de flotte mobile et d'autopartage. De quoi refaire sa boîte à outils.

Communiquer !

Avec tous ces changements en cours, il ne faut pas oublier que le métier de travel manager est, avant tout, au service de clients internes à l'entreprise. D'où l'importance d'expliquer les évolutions du métier, les nouvelles exigences et la nouvelle politique qui en découle, afin d'y faire adhérer le plus grand nombre. Car les évolutions vont continuer. « Le travel manager est encore un poste méconnu dans l'entreprise, ou mal compris : les gens y pensent encore comme une agence de voyages interne, souligne Olivier Benoit, Principal & VP chez Advito. Expliquer toutes ces évolutions, les objectifs suivis, va être l'occasion aussi de le faire reconnaître. »

Encadré 2 : Le nouvel imbroglio de la distribution

Si tous ces changements ne suffisaient pas, un nouvel élément vient compliquer encore la tâche du travel manger : les évolutions de la distribution. « Aujourd'hui, un fournisseur ne va plus proposer l'intégralité de son offre, de façon uniforme, sur tous les canaux, explique Olivier Benoit, Principal & VP chez Advito. C'est la fin du full content. » Non seulement cela rajoute une couche de complexité, mais cela joue également sur les coûts, ainsi que sur la visibilité et la prédictibilité de l'offre. Il existe, heureusement, des agrégateurs et outils plus dynamiques du même genre pour arriver à retrouver une information centralisée, et qui intègrent également des critères tels que la consommation de CO2 et la satisfaction client.

 
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