Le cahier des charges : un outil puissant dans l'achat des prestations intellectuelles d'innovation

Occupant à cette époque le poste d'acheteur au sein de Vedecom, Guillaume Delord a voulu comprendre, décortiquer et améliorer l'analyse des prestations intellectuelles dans le public et le privé : "Ce type d'achat est complexe pour les acheteurs et son évaluation peut être insuffisamment cadrée. Revêtant parfois un caractère trop abstrait, il paraît difficilement quantifiable avec des niveaux d'expertises différents et des facteurs externes variés". Ses travaux le conduisent à croiser des données d'innovation et de prestations de services de manière à identifier une méthode d'analyse pérenne. Il met rapidement en évidence l'importance de la rédaction du cahier des charges dans la pertinence des réponses réceptionnées. Dans le cas contraire, "elle repose essentiellement sur deux fichiers, à savoir l'offre technique et le bordereau de prix, qui rendent la comparaison des offres fort peu équitable et qualitative", considère Guillaume Delord.

Un cahier des charges basé sur 6 critères

Pour être performant, le cahier des charges pour des prestations intellectuelles devrait, d'après ses études, intégrer six critères établis : le prix, la structure de la société c'est-à-dire sa solvabilité et les différents projets qu'elle a menés, le dossier de compétences attestant des connaissances et de l'expérience acquises, le délai, le contrat de prestation intellectuelle et l'Innovation. "Il faut notamment pouvoir évaluer les capacités d'une entreprise à réaliser de l'innovation et de l'open innovation, et à former et sensibiliser régulièrement ses équipes sur ce sujet", complète Guillaume Delord. Chacun de ces six critères doit être assorti d'une pondération variable selon la nature des projets. "Ils permettent d'être objectif et précis et d'évaluer les offres avec des critères essentiels et pour la plupart quantifiables. Il en résulte également une mise en avant justifiée des fournisseurs investissant largement en R&D au travers du critère Innovation", commente Guillaume Delord.

Une méthode testée et approuvée

Il a mis sa méthode d'analyse en pratique chez Vedecom où il a occupé le poste d'acheteur. Celle-ci s'est soldée par la réception d'offres résolument plus complètes et détaillées, lui assurant une sélection plus fine. "Cela m'a apporté de la rigueur dans l'analyse des offres et m'a aidé à mieux apprécier le fonctionnement et la manière d'opérer des répondants", admet Guillaume Delord. Il a depuis changé de poste, occupant désormais celui de responsable des achats chez Arcel. Pour autant, il continue d'employer sa méthode pour des pièces industrielles, comme des composites ou des composants électriques semi-conducteurs, en modifiant les critères de sélection. "Elle peut être adaptée et répondre aisément aux problématiques de toute famille d'achats", conclut Guillaume Delord.