De la carte carburant à la carte multiservices ou comment fluidifier les usages et la mobilité

Les cartes carburant ont beaucoup évolué ces dernières années, principalement sous l'effet des évolutions des demandes clients en matière de coût et de RSE - ainsi que l'évolution des pratiques d'utilisateurs eux-mêmes. « Historiquement, les cartes carburant étaient pour une enseigne, explique Florent Perrin, directeur commercial d'Aficar Mobility. Maintenant, le multi-enseigne est la norme, et le multi-énergies voire le multimobilité est en route. »

Le maître-mot est la souplesse. « Avec une carte dédiée à une seule enseigne, il peut arriver que l'on soit obligé de faire des détours pour aller faire le plein, souligne Pierre-Yves Roizot, CEO de Mooncard. Avec une carte multi-enseigne, on peut optimiser cet aspect-là, ce qui conduit à des économies sur la consommation, et sur le plein lui-même. Nos études sur nos clients montrent que simplement avoir accès à toutes les stations-service génère 7 % d'économie sur les dépenses en carburant. » Tous les distributeurs, en effet, ne proposent pas les mêmes prix à la pompe... Si le multi-enseigne commence à être bien installé dans le paysage des cartes carburant, ce n'est pas encore le cas pour les multi-énergies. Il existe, par exemple, une foule d'acteurs divers pour l'électricité, et ils ne choisissent pas tous la même façon d'opérer : certains vendent du kW/h, d'autres de la durée de recharge, ou encore un abonnement, qui exigent une puce... C'est compliqué pour l'utilisateur final, mais ça l'est aussi pour les sociétés qui élaborent les cartes. « Nous avons intégré une puce RFID dans notre carte, pour donner ainsi accès à toutes les bornes de recharges pour nos clients », explique Pierre-Yves Roizot. Et les sociétés émettrices sont déjà en discussion avec les acteurs de la future filière hydrogène et GPN, qui commencent à se pencher sur les petits véhicules.

Du carburant à la mobilité

Tout cela permet de répondre aux nouveaux besoins des utilisateurs en matière de véhicules hybrides, électriques ou autres. Mais la prochaine évolution, encore en cours, sera probablement la plus importante. « Les usages font évoluer les cartes, répète Géraud Porteu, directeur général de GAC Technology. Et de plus en plus, on voit nos interlocuteurs passer de la « gestion de flotte » à la « gestion de mobilité ». » Les cartes suivent le même chemin, permettant ainsi à l'utilisateur de prendre les transports de son choix, suivant en cela les lois édictées sur le sujet. « Le problème est que les sommes allouées pour ces forfaits ou crédit mobilité sont trop faibles, de l'ordre de quelques centaines d'euros par an, estime Pierre-Yves Roizot. Ce sont des fonctionnalités très demandées, mais peu utilisées. » Mais cela pourrait être aisément rectifié en corrigeant le tir législatif.

Outre ces évolutions, les cartes ajoutent également d'autres types de services, qui facilitent leur utilisation. Par exemple, « nous effectuons directement la comptabilité pour le client, en nous connectant à son ERP, décrit Pierre-Yves Roizot. Et à force de dialogue avec les différents acteurs, nous sommes en train de simplifier le processus de déclaration à l'URSSAF et à l'État des dépenses, en intégrant les justificatifs de paiement directement dans notre application. » Il n'est pas impossible, les évolutions faisant, que les cartes carburant finissent par servir à faire des notes de frais en général - ce qui, pour certains acteurs, serait un retour aux sources.