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Comment s'y retrouver dans la jungle des contrats d'approvisionnement en gaz?

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Comment s'y retrouver dans la jungle des contrats d'approvisionnement en gaz?

Depuis plus de quinze ans, le marché du gaz est ouvert à la concurrence et les entreprises sont libres de choisir leur fournisseur. Voici quelques clés pour tenter de cerner un peu mieux ce marché foisonnant et complexe

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Selon l'étude annuelle de GRTgaz (la filiale d'Engie en charge du transport du gaz), la consommation de gaz par les entreprises avait bondi de 10,8% en 2015, alors que celle des ménages avait baissé de 0,2%. Cette hausse pour les professionnels s'explique avant tout par un effet d'aubaine. Le prix du gaz a en effet baissé en 2015 et les entreprises, mieux informées que les particuliers, en ont profité pour arbitrer en sa faveur.

Petit retour en arrière. Les prix du gaz avaient très fortement augmenté entre 2005 et 2013 (+80%). Mais depuis 2014 ils sont en baisse de 10%, l'année 2016 ne dérogeant pas à la règle, même si une stabilisation des prix est en train de s'opérer en fin d'année. "Par exemple, dans les années 2008 le prix du gaz était très élevé, plus de 30 euros le mégawattheure contre 17 euros aujourd'hui", analyse Jean-François Daubonne, le directeur commercial France chez Gas Natural Fenosa.

Reste que le prix du gaz évolue tous les mois et qu'il est très difficile de savoir à l'avance quelle sera la tendance à court terme. "Le marché de l'énergie en général et du gaz en particulier dépend du contexte géopolitique, du prix du pétrole, des différentes taxes associées", prévient la Commission de Régulation de l'Energie (CRE), l'autorité administrative indépendante chargée de veiller au bon fonctionnement des marchés de l'électricité et du gaz en France. Difficile de dire donc de quoi demain sera fait.

La vérité du jour n'est pas celle du lendemain

Sur un marché à forte volatilité, la stratégie d'achat d'une entreprise ne sera pas la même en fonction du volume de gaz dont elle a besoin, et du niveau du marché au moment où elle signera son contrat d'approvisionnement. Le décideur achat en charge de l'énergie devra d'abord, se renseigner pour savoir s'il a droit au tarif réglementé du gaz. "Les entreprises qui ont une consommation supérieure à 30 megawattheures doivent passer en offre de marché", prévient la CRE. "Les tarifs jaunes et verts ont été supprimés. Le tarif bleu est maintenu pour les particuliers et petites entreprises d'artisans ou de tertiaire".

La majorité des entreprises devra donc passer par le marché, ouvert à la concurrence depuis 2000. "Les clients qui consomment moins de 10 gigawattheures par an, soit un chiffre d'affaires d'à peu près 300 000€, prennent majoritairement des contrats à prix fixe pour des durées qui vont aller de 12 à 36 mois", explique Jean-François Daubonne. La durée du contrat sera fonction des prévisions de baisse ou de hausse du prix du gaz.

Si le marché est haut, mais qu'une baisse est en vue, le délai sera plutôt de 12 mois. Dans un contexte de marché très bas, certaines entreprises font au contraire le pari d'opter pour 36 mois, afin de conserver ce prix bas le plus longtemps possible. Mais cela reste risqué car le prix du gaz est en constante évolution. Bref, la vérité du jour n'est pas celle du lendemain. Les entreprises qui consomment plus de 10 gigawattheures par an vont quant à elles majoritairement acheter le gaz selon un prix indexé au PEG Nord (Prix Entrée Gaz), qui évolue tous les mois. Là encore, les choses sont plus compliquées qu'il y paraît. "Il est possible de bloquer ces prix sur tout ou partie du volume", explique Jean-François Daubonne. "C'est à dire que les clients conservent un prix constant sur un pourcentage de leur volume pour une période qui peut s'étaler sur plusieurs mois".

Lire la suite en page 2 : Plusieurs bonnes pratiques permettront cependant aux décideurs achats de maîtriser leur budget consacré au gaz - Les arcanes du trading d'énergie

et en page 3 : Comprendre le "Spread"


Plusieurs bonnes pratiques permettront cependant aux décideurs achats de maîtriser leur budget consacré au gaz

Comment s'y retrouver parmi toutes les offres et tous les fournisseurs de gaz qui opèrent en France (ils sont plus de 30) ? "Nous ne sommes pas là pour promouvoir tel ou tel, en revanche nous avons mis en ligne en 2007 avec le médiateur national de l'énergie un site internet entièrement dévolu au choix du fournisseur : http://www.energie-info.fr/", nous apprend la CRE.

Pour l'essentiel, les bonnes pratiques à adopter relèvent du bon sens. Il s'agit d'abord de bien connaître sa consommation, de façon à choisir le fournisseur le plus adapté à ses besoins. Et au vu de la complexité du marché, c'est un véritable dialogue constructif qui doit s'installer entre l'acheteur et son fournisseur. Plusieurs bonnes pratiques permettront cependant aux décideurs achats de maîtriser leur budget consacré au gaz.

Ce qui est important dans la décision de choisir tel ou tel contrat, c'est de savoir ce que fait la concurrence et de se caler sur elle, car le budget énergie ne doit pas entraîner un décalage défavorable sur le prix final au client par rapport à la concurrence. "Ce qui intéresse fondamentalement les industriels, c'est de réduire leur exposition au risque, plus que de payer moins cher le gaz, ils veulent savoir combien ils vont le payer sur 2 ou 3 ans, afin de bâtir leur budget", conseille CRE. En matière d'énergie, la stabilité d'approvisionnement est plus importante que le prix.

Les arcanes du trading d'énergie

Le saviez-vous ? Le pétrole, le gaz, le charbon, bref toutes les sources d'énergie font l'objet d'une foisonnante activité de trading. Partout sur la planète, des traders souvent appointés par les plus gros fournisseurs d'énergie (par exemple Engie ou Total en France), achètent et revendent des cargaisons de gaz, de charbon ou de pétrole afin d'en tirer le meilleur prix. Mais pas seulement.

Dans le cas du pétrole par exemple, les traders veillent à ce que les raffineries de la compagnie soient régulièrement approvisionnées en brut, en en achetant à d'autres compagnies afin d'éviter une panne sèche. Si au contraire la compagnie détient du pétrole brut en excédent, les traders vont le revendre sur les marchés dits "spots". Et il n'est pas rare qu'une cargaison de Gaz Naturel liquide (GNL) transportée par méthanier, ou une cargaison de pétrole brut, ne change plusieurs fois de mains entre le moment où elle quitte son port d'origine et celui où il atteint son port d'arrivée. Ainsi une cargaison prévue pour la France, peut très bien se retrouver à terme... Au Japon !

Un décideur achat peut-il se muer en trader et décider d'acheter les sources d'énergies les moins chères du moment pour alimenter son entreprise ou changer de fournisseur au gré des offres que proposent le marché ? C'est possible dans la pratique, mais cela n'est en réalité possible que pour les très grands groupes. Or ces derniers privilégient les contrats de plusieurs mois, voire années plutôt que de prendre des risques qui mettraient à mal leur approvisionnement, ou qui mettraient à mal leurs finances.


Lire la suite en page 3 : Comprendre le "Spread"

Comprendre le "Spread"

Pourquoi, selon les périodes, la partie Nord de la France paie moins cher son gaz que la partie Sud ? Comment fonctionne ce phénomène appelé "spread"? Rappelons d'abord que le gaz arrive en France sous deux formes, soit par des méthaniers qui transportent du gaz liquide (GNL), soit par des canalisations sous forme gazeuse. Le GNL arrive par voie maritime à Fos, Montoir-de-Bretagne, et bientôt Dunkerque. Le gaz transporté par canalisations arrive de Russie et des Pays-Bas par le Nord-Est, et de Norvège par Dunkerque. Une fois en France, GRTgaz achemine le gaz aux clients directement raccordés à son réseau de 32 000 km qui couvre 85% du territoire français, ou aux entreprises de distribution de gaz.

Pour un client consommateur, le gaz peut être acheté, soit aux expéditeurs, soit sur deux places de marché appelées "Point Echange de Gaz Nord" (ou PEG Nord), et "Trading Region South". Il y a donc un prix de marché du gaz pour le Nord de la France et un autre pour le Sud. "Lorsque les cargaisons de GNL sont reçues dans le Sud, ou que la demande de gaz dans le Sud est modérée, l'écart entre prix Nord et Sud reste faible. Dans les situations de forte demande dans le Sud et d'approvisionnement essentiellement par le Nord, la liaison physique entre Nord et Sud est sur-demandée et l'écart de prix augmente", explique Catherine Brun, directrice commerciale de GRTgaz.

Par exemple, après l'accident de Fukushima en 2011, les besoins en gaz du Japon ont beaucoup augmenté, et une partie du gaz qui était prévu pour le Sud de l'Europe a été captée par le pays du soleil levant. Ce qui a entraîné une hausse des prix dans le Sud de la France. Dans un premier temps, il fallait acheminer le gaz par le Nord, là où la source ne s'était pas tarie, ce qui a rapidement occasionné une saturation physique des canalisations de gaz reliant le Nord au Sud. Dans un second temps, le gaz manquant au Sud devait être payé au prix international du GNL faisant grimper le prix sur la place de marché Sud. L'écart de prix entre le Sud et le Nord, le fameux "spread", est cependant en train de vivre ses derniers mois."D'abord parce GRTgaz construit actuellement de nouvelles installations qui vont permettre de fluidifier les consommations entre le Nord et le Sud", nous apprend Catherine Brun. "Ensuite parce qu'en 2018, il n'y aura plus qu'une seule place de marché en France." Vivement 2018!

 
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