Mer et espace: des territoires d'affaires inexplorés
Les projets les plus fous de villes dans l'espace ou sous les mers sont aujourd'hui à la portée des architectes et ingénieurs. Au-delà du challenge technique et des opportunités de business, ils invitent les entreprises à inventer un modèle de performance plus durable et plus responsable.
Je m'abonneUne ville en orbite autour de Vénus : le projet, s'il paraît fou à beaucoup, ne l'est pas pour la Nasa, qui a annoncé son lancement en décembre dernier. Ces cités flottantes, installées à 50 kilomètres d'altitude dans l'atmosphère de l'étoile du Berger, accueilleront, un jour, des colonies humaines, et pour faire vivre tout ce petit monde, plusieurs entreprises.
Mais ce n'est pas tout. De son côté, le Japonais Shimizu planche sur un plan de ville sous-marine, baptisée "Ocean Spiral", qui, dès 2030, devrait héberger 5 000 personnes. Avec ses nombreux appartements, ses luxueux hôtels, ses vastes centres commerciaux, on peut dire que le géant japonais de la construction a pensé à tout, d'autant qu'il a aussi prévu d'établir entreprises et laboratoires de recherche pour exploiter les ressources marines.
Loin de constituer des extravagances irréalisables, ces projets, semblant, certes, relever de la science-fiction, ouvrent un gigantesque champ de possibles et d'opportunités. "Nous possédons les capacités techniques de les réaliser. Et si on s'en donne les moyens, ce n'est pas par fantaisie, mais pour dénicher de nouveaux atouts, se rapprocher des matières premières, des sources d'énergie, pour sonder l'inconnu et développer des modes de production inédits", estime Jacques Vialettes, président de la Société française des urbanistes.
À la conquête de territoires d'affaires inexplorés
En devenant des explorateurs modernes, dans la droite ligne de Léonard de Vinci ou de Christophe Colomb, les entrepreneurs s'offrent d'exceptionnelles conditions de business. D'abord, car ils intègrent un environnement libre de concurrence, le tant convoité "océan bleu", vierge de tout écosystème commercial et productif, et un espace libre, pour l'instant, de toute réglementation. Difficile, en effet, d'imaginer, pour les fonds marins offshore et les territoires spatiaux, un système normatif aussi complexe que le nôtre. C'est donc dans un cadre juridique nouveau, et probablement allégé, sur des terres vierges d'État, d'impôt, de régulation et de syndicats que les entreprises évolueront.
"Ces projets représentent de formidables opportunités de profits, des moteurs de croissance et d'innovation", résume Karim Benameur, enseignant à Grenoble École de Management. En quittant leur cadre historique, les sociétés s'affranchissent des contraintes qui constituent un frein à leur développement. Mais elles s'exposent, parallèlement, à des problématiques inédites, telles que la gravité, l'environnement hostile ou l'inadaptation physique et psychique de l'homme. Certes, ce n'est pas rien, mais le jeu en vaut, malgré tout, la chandelle.
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"Pour une PME, il y a là un gisement d'innovation et de développement économique, en particulier sur des secteurs comme la ville intelligente, la mobilité, les nanotechnologies, les biotechnologies ou le traitement des données", souligne Éric Peres, du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Et c'est bien le principal bénéfice de projets de cette envergure : lancer des défis technologiques et sociétaux. "L'homme s'essaie à ce genre d'exercice depuis la Renaissance. Déjà, en 1516, le livre Utopia, de Thomas More, décrit une unité complète d'habitat, de gouvernance et de production", rappelle Jacques Vialettes.
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