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Pour 57% des entreprises, la loi de 2005 sur le handicap n'aurait rien changé à leurs pratiques

Publié par Marie-Amélie Fenoll le | Mis à jour le
Pour 57% des entreprises, la loi de 2005 sur le handicap n'aurait rien changé à leurs pratiques

45% des entreprises ont déjà collaboré avec le secteur protégé. Malgré cela, les entreprises du secteur adapté sont encore cantonnées à des secteurs d'activités dits classiques (fournitures, entretien des espaces verts). C'est ce que révèle le 2e baromètre "entreprises, osez l'Esat - EA" d'Humanis.

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Aujourd'hui, 45% des entreprises ont déjà collaboré avec des établissements et services d'aides par le travail (Esat) ou des entreprises adaptées (EA) pour leur sous-traiter une partie de leur activité ou leur confier des missions ponctuelles. Et 18% ont déjà collaboré avec des entreprises du secteur protégé pour une mise à disposition du personnel.

Si d'importants progrès ont été réalisés avec une moyenne de 4,5% de travailleurs handicapés dans les entreprises de plus de 20 salariés, il reste des efforts à fournir pour atteindre le taux de 6% fixé par la loi.

Des offres et services inadaptés

Pour la 2ème fois, le groupe de protection sociale Humanis réalise son baromètre "entreprises, osez l'Esat -EA". "Il s'agit de faire connaître la qualité du travail des Esat et des EA pour que les entreprises osent", explique Jean-Pierre Menanteau, directeur général d'Humanis. Cette année, le baromètre a intégré le secteur public.

88% des entreprises estiment bien connaître les obligations en matière d'emploi des personnes handicapées. Or, 53% des Esat et Ea estiment qu'elles les connaissent mal. Les entreprises du secteur public et privé ont recours au secteur protégé pour des raisons pragmatiques, soit : dans une logique RSE (64%), soit pour diminuer la contribution Agefiph/Fiphfp (44%).

Les autres entreprises qui n'ont pas eu recours au secteur protégé, avancent les raisons suivantes : des offres et services qui ne correspondent pas aux besoins (58%), des coûts et délais qui ne répondent pas non plus aux besoins. De plus, selon Humanis, les entreprises connaissent peu la diversité des prestations proposées par le secteur protégé et adapté.

Les entreprises avancent également la crainte d'un travail et/ou service de moindre qualité (32%) ou encore par facilité car il est plus simple de s'acquitter de la contribution Agefiph/Fiphfp (29%).

"Afin que les EA soient perçues comme des fournisseurs lambda, elles ont besoin de se qualifier en termes de qualité coût et délais", précise Sébastien Citerne, directeur de l'union nationale des entreprises adaptées (UEA).

La communication est la clé de voûte d'une meilleure connaissance du secteur protégé. Et pour augmenter le volume d'activité du secteur, les Esat et EA songent en priorité à proposer des solutions innovantes (35%) ou s'aligner sur les prix des fournisseurs traditionnels. Or, la perception des efforts faits par les acteurs pour promouvoir le caractère innovant des nouvelles offres a peu évolué depuis 2011.

La loi de 2005 n'aurait rien changé pour 57% des entreprises

Chiffre étonnant : pour 57% des entreprises, les nouvelles obligations légales sur l'emploi des personnes handicapées n'ont rien changé à leurs pratiques. Or, du point de vue des Esat et EA, ces obligations légales ont eu un impact positif à 62%.

Et malgré les effets de la crise, le montant alloué au secteur protégé est stable (à 62%) au sein des grandes entreprises.

Concernant les secteurs dans lesquels les Esat et EA sont sollicités, cela reste très classique. Ainsi, sans grande surprise, les fournitures de bureau arrivent en tête (61%), suivis de l'entretien des espaces verts (37%) et de la propreté/entretien des locaux (34%). Ils sont très peu présents sur des secteurs plus innovants comme l'évènementiel et les cadeaux d'affaires (6%) ou le phoning (1%). "Or, il existe des secteurs plus innovants où les Esat et les EA se montrent de plus en plus proactifs et dynamiques", souligne Véronique Tavet, responsable unité accompagnement social chez Humanis.

Une insertion du handicap jugée difficile

Il existe un vrai décalage dans la perception de l'emploi des personnes handicapées entre les entreprises et le secteur protégé. Étonnamment, si elle est perçue davantage comme une contrainte par les Esat-EA, les entreprises y voient avant tout une volonté.

L'insertion et l'emploi des personnes handicapées est perçu comme une difficulté objective en raison de la nature des postes (61% pour les entreprises et 23% pour les Esat-EA), une obligation sociale imposée par la loi (48% pour les entreprises et 72% pour les Esat-EA), une charge supplémentaire dans l'organisation de l'entreprise (12% pour les entreprises et 25% pour les Esat-EA). Mais aussi, une évidence d'une stratégie globale (35% pour les entreprises et seulement 15% pour les Esat-EA). Et une priorité pour 11% des entreprises et 3% pour les Esat-EA.

Seuls 29% des Esat et EA répondent aux appels d'offres

De leur côté, les Esat et les EA doivent encore faire progresser leur stratégie de développement : seulement 29% des répondent aux appels d'offres, 7% pratiquent la co-traitance qui permettrait pourtant d'élargir leur champ d'action et 70% travaillent surtout en réponse à des sollicitations. Et ils se perçoivent eux-mêmes (à 51%) comme plus attractifs économiquement qu'un fournisseur traditionnel. De même, les Esat-Ea estiment qu'ils proposent des offres et des services plus diversifiés quand les entreprises sont 53% à penser le contraire.

Plus de 90% des entreprises et des Esat et EA se déclarent satisfaits de leurs relations réciproques. Cependant, 24% des entreprises interrogées avouent rencontrer plus de difficultés qu'avec des fournisseurs traditionnels. Parmi ces difficultés évoquées : le manque de flexibilité et d'adaptation des Esat et Ea aux besoins (43%), leur insuffisance en terme de professionnalisme de ces structures (36%) ou encore le manque de réactivité (28%).

De leur côté, les Esat et EA font également part de leurs difficultés comme les contraintes de temps demandées (51%), le prix des prestations (43%) ou encore des demandes qui au final, dépassent ce qui était demandé initialement (43%).

Si les entreprises privées et établissements publics sont 90% à avoir une bonne image des Esat -EA, ces derniers, Esat et EA sont 35% à penser que le secteur privé et public a une mauvaise image d'eux. Un décalage qui explique bien des incompréhensions de la part des différents acteurs.


 
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