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Les espaces verts : poumons des collectivités

Publié par le | Mis à jour le
Les espaces verts : poumons des collectivités

Les citoyens sont en quête de nature et, conscientes des enjeux, les collectivités réinventent leurs villes et leurs espaces verts. Avec quels budgets et par quels moyens ? Exemples des villes d'Angers et de Nantes.

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Angers, Nantes et Metz sont les trois villes de France les plus vertes en 2020, selon la 3e édition du Palmarès des villes les plus vertes de France, établi par l'Observatoire des villes vertes en partenariat avec Hortis. Selon ce palmarès, la ville de Nantes investit plus de 41 millions d'euros par an en moyenne dans ses chantiers de végétalisation. "Aujourd'hui, l'ensemble de la direction des achats du Seve (Service des espaces verts) de la ville de Nantes possède un budget de 6,2 millions d'euros, pour un budget achats global de la ville de 120 millions d'euros", explique Florent Solier, directeur de la commande publique de Nantes Métropole. Réputée pour sa douceur de vivre, la ville de Nantes, seule ville française jusqu'à aujourd'hui à avoir été nommée Capitale verte européenne en 2013 par l'Union européenne, est aussi appelée la ville aux 100 jardins. La ville de Nantes est également réputée pour son fort dynamisme culturel. Ainsi, l'artiste nantais Jean Jullien, dans le cadre d'une collaboration qui devrait durer jusqu'en novembre 2021, expose actuellement quatre oeuvres au Jardin des plantes pour un marché estimé entre 6 et 7 millions d'euros. "Nous avons un budget annuel de 100 000 euros consacré à l'événementiel pour les espaces verts", s'enthousiasme Romaric Perrocheau, directeur du Seve de la ville de Nantes.

Une gestion en interne et peu d'externalisation

Dans la pratique, au niveau de la Métropole de Nantes, chaque commune conserve sa compétence sur la gestion des espaces verts. Seuls l'aménagement et le paysager (comme par exemple ce qui concerne la voirie sur l'espace public) relèvent de la Métropole. Le Service des espaces verts de la ville de Nantes "réalise beaucoup de choses en interne" et externalise peu. "L'entretien et la gestion des 1200 hectares des parcs et jardins de la ville se fait en régie. Ainsi, le Seve compte aujourd'hui environ 500 salariés pour l'entretien de près de 100 jardins. Nous externalisons, par exemple, la taille des arbres en rideau. Et deux entreprises ont des marchés annuels de 50 à 70 000 euros/an", précise Romaric Perrocheau, directeur du Seve de la ville de Nantes. Le Seve fait beaucoup par lui-même. Il achète des plans et les élève, fait de la culture de boutures et travaille en lien avec le lycée horticole de Nantes. Dans le détail, les achats de végétaux (boutures, pépinières, plants, graines...) s'élèvent à près de 350 000 euros par an, tandis que les achats d'engins horticoles et de pièces détachées sont de 300 000 euros par an, soit autant que les services d'entretien.

Enfin, du côté de l'aménagement de futurs espaces verts, figure le projet dit de "l'Étoile verte" des vallées nantaises qui devrait connecter les grands parcs et espaces verts de Nantes pour offrir un réseau de promenades urbaines de 250 km à l'échelle de l'agglomération, le long de la Loire et des rivières.

8% de l'entretien des espaces verts externalisés à Angers

De même, dans la ville d'Angers, première au classement de l'Observatoire des villes vertes en 2020, "seuls 8 % de l'entretien des espaces verts est confié à des entreprises extérieures sur les 565 hectares entretenus par la direction des parcs jardins et paysages (DPJP). (NDLR : à Angers, la superficie en espaces naturels accessibles au public est de 1 500 ha dont 180 ha sont des parcs, jardins et squares). Mais nous allons monter en puissance car nous avons de plus en plus de patrimoine à gérer avec la construction de nouveaux quartiers ou le réaménagement de squares", explique Rémy Orhon, directeur du DPJP. Actuellement, la DPJP compte 70 jardiniers en interne et a recours à deux entreprises d'insertion pour l'entretien des espaces verts, et deux autres spécialisées dans l'aménagement des espaces et du paysage.

Ainsi, près de 562 000 euros d'achats de prestations ont été réalisés auprès d'entreprises d'insertion en 2019. Et d'une façon générale, "les groupements de commandes sont réalisés au niveau de la métropole pour des marchés comme celui de l'élagage, pour des conditions de sécurité, mais aussi de volume", précise Myriam Boussin, directrice de la commande publique de la ville d'Angers - Angers Loire Métropole.

Après l'éco-pâturage et le zéro phyto, cap sur les essences locales et les déchets verts

Si la pratique du recours à l'insertion est désormais ancrée dans la commande publique dans le secteur des espaces verts, la biodiversité, l'interdiction des pesticides ou encore l'éco-pâturage font toujours partie des sujets de prédilection des villes. On ne compte plus les initiatives mises en place. Ainsi, aujourd'hui, 68% des villes font pâturer des animaux pour entretenir les espaces verts. Soit deux fois plus qu'en 2018, selon l'Observatoire des villes vertes.

"Aujourd'hui, il existe une réflexion sur la provenance des plantations et des essences. Sont-elles locales ? Et sont-elles résistantes dans un contexte de changement climatique? C'est un vrai élément de vigilance", insiste Florent Solier, directeur de la commande publique de Nantes Métropole. En parallèle, le traitement et la collecte des déchets verts sont aussi un sujet d'actualité. "Nous cherchons à privilégier les composteurs dans les quartiers. Car d'une façon générale, la filière du traitement et de la collecte des déchets verts se structure et génère du compost dans les collectivités. On sort enfin du circuit de la déchetterie classique", se réjouit le directeur de la commande publique de la métropole nantaise.

Lire la suite en page 2 : Espaces verts : des budgets en hausse dans les collectivités / Des labels à foison


Focus - Espaces verts : des budgets en hausse dans les collectivités

En 2020, le budget moyen par habitant dédié aux espaces verts dans les villes est de 76 euros, soit une hausse de 1,50 euros par rapport à 2017, selon l'Observatoire des villes vertes, créé par l'Unep (Union nationale des entreprises du paysage) et l'organisme Hortis. Signe que les bénéfices des espaces verts en ville sur la santé et l'économie ne sont plus à démontrer. Ainsi, 6 Français sur 10 souhaitent que leur municipalité investisse dans un espace vert en priorité, avant une crèche, selon une étude* datée de mai 2016 réalisée par le cabinet Asterès pour l'Unep. Conscientes de ces enjeux, les collectivités redoublent d'efforts pour augmenter la superficie des espaces verts. Ainsi, en 2020, selon l'Observatoire des villes vertes, la surface moyenne par habitant dédiée aux espaces verts est de 51 m2, soit 3 m2 supplémentaires depuis 2017. Et on compte 11 arbres pour 100 habitants dans les 50 plus grandes villes de France, contre 9 en 2017. Cela s'explique en partie par un budget consacré à ces espaces qui est en hausse. Enfin, parmi les tendances observées, les permis de végétaliser fleurissent dans les villes et rendent les citoyens acteurs du changement. Ainsi, près de 3/4 (74 %) des plus grandes villes françaises délivrent aujourd'hui des permis de végétaliser aux habitants. Sans compter, les résultats des dernières élections municipales avec de nombreuses villes remportées par les Verts.

*Étude "Les espaces verts urbains, lieux de santé publique, vecteurs d'activité économique"


Focus - Des labels à foison

Zéro phyto, traitement des déchets verts, biodiversité... les collectivités sont sans cesse en train d'améliorer la gestion de leurs espaces verts. Ainsi, depuis le 1er janvier 2017, l'utilisation des produits phytosanitaires par les collectivités dans les espaces publics (rues, jardins, parcs, voies de chemins de fer, ou encore bas-côtés de routes) est interdite. Cette interdiction s'inscrit dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte, mais aussi dans le cadre du programme Ecophyto 2 qui vise à réduire de 50 % l'utilisation des pesticides chimiques en France. À ce jour, 5 000 communes françaises sont déjà engagées dans des démarches de réduction ou de suppression des pesticides chimiques.

Des collectivités engagées dans le zéro phyto

Les villes ont été pionnières dans l'abandon des produits phytosanitaires. À ce titre, la ville de Vitry-sur-Seine a reçu le label Terre saine - commune sans pesticide en 2019, dans le cadre d'une opération portée par le ministère de la Transition écologique et solidaire pour valoriser les communes exemplaires et faciliter le passage au zéro pesticide. Selon le site du ministère de l'Écologie, ce label a été remis à plus de 300 collectivités depuis sa création en 2014. Mais la route semble encore longue, à en croire l'arrêté anti-pesticides du maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) Daniel Cueff, maire suspendu par le tribunal administratif de Rennes en octobre 2019.

Un secteur encadré

Du côté des professionnels du paysage, QualiPaysage, organisme professionnel qui attribue des qualifications relatives aux métiers du paysage, travaille main dans la main avec l'Unep (l'Union nationale des entreprises du paysage) à la création d'un futur label, dans un souci de "tirer la profession vers le haut", selon Thierry Muller, président de Qualipaysage. "Nous ne serons plus que sur une obligation de moyens et sur du déclaratif comme avec les qualifications, mais sur une obligation de résultats avec des audits en interne", s'enthousiasme le président de QualiPaysage. Ainsi, l'organisme Ecocert sera habilité à venir auditer les entreprises désireuses de se faire labelliser. Il devrait y avoir un label par métier (comme par exemple pour les terrains de sport, l'élagage...). "Ce label devrait garantir aux maîtres d'ouvrage la qualité des professionnels du paysage". Les premiers audits tests devraient avoir lieu en février/mars 2021 auprès de 3-4 entreprises de taille différente.

 
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