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Les entreprises françaises encore frileuses sur le télétravail

Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à
Les entreprises françaises encore frileuses sur le télétravail

Face aux contraintes des trajets, les nouveaux usages des technologies ont rendu le télétravail plus accessible et reconnu dans les entreprises françaises. Cependant, l'adoption de ce nouveau mode de travail reste encore sujet à controverses. Quels sont les freins qui persistent? Explications.

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Face aux contraintes des trajets bureau-domicile, les nouveaux usages des technologies ont rendu le télétravail plus accessible et reconnu dans les entreprises françaises. Cependant, celles-ci restent frileuses sur le sujet.

Tel a été l'objet du débat de la table-ronde "développement du télétravail, de nouveaux usages... mais également de nouveaux droits et devoirs?" organisée par l'Association des directeurs et responsables de l'environnement de travail (Arseg), sur le salon Bureaux Expo le mardi 16 avril 2013.

Près de 12% de télétravailleurs en France

Aujourd'hui, seuls 12,4 % des salariés français télétravaillent au moins huit heures par mois en 2012 (contre 7 % en 2007), estime l'étude menée par Greenworking, cabinet de conseil spécialisé dans le développement des nouvelles organisations de travail. Selon les dernières estimations de l'institut Gartner, ce taux serait de 17 % dans la population active moyenne européenne. Au regard de ces résultats, la marge de manoeuvre de l'Hexagone est encore assez conséquente. Selon Nicole Turbé-Suetens, expert international chez Distance Expert qui a participé à de nombreux débats sur le sujet du télétravail en France, "le mouvement est en marche" notamment en ce qui concerne la génération Y.

Pour les ardents défenseurs du télétravail, celui-ci serait source de productivité. Il accroîtrait en moyenne la productivité de l'entreprise de 5 à 30%, selon Greenworking.

De leur côté, les managers sont encore frileux. Des entreprises comme Yahoo ont même fait les gros titres en interdisant le télétravail à leurs collaborateurs. Leurs arguments? Le manque de contrôle sur leurs collaborateurs, le fait de ne plus pouvoir les joindre, la peur de désocialiser leurs salariés, etc

Manque de confiance des managers

Pour Nicole Turbé-Suetens, "en France, c'est la culture managériale qui fait la différence". En d'autres termes, un des principal frein du télétravail est la peur des managers de perdre la main mise sur ses collaborateurs. Ce que confirme le député UMP de la Lozère, Pierre Morel-à-l'huissier auteur d'un rapport sur le sujet remis à Dominique de Villepin en 2006 "le problème en France, c'est qu'on ne sait pas faire confiance à un salarié en dehors de l'entreprise". Or, "avoir confiance en son salarié entraîne un gain de productivité car celui-ci en tire un bénéfice psychologique et une évolution personnelle intéressante".

Une autre inquiétude saisit les managers, celle du problème de sécurité. "Les managers ont une responsabilité qui peut aller jusqu'au pénal en cas de problème", insiste Nicole Turbé-Suetens de Distance Expert.

Une grande majorité des dirigeants continuent de penser que le télétravail bénéficie avant tout au salarié au détriment de son employeur. "Faux, estime la fondatrice de Distance Expert, il est le résultat d'une négociation entre le salarié et l'employeur. Cependant, il manque des outils de mesure pour montrer les côtés positifs du télétravail. On pourrait en mesurer les bienfaits en calculant le taux d'absentéisme ou le bien-être des salariés". Ainsi, Accenture aurait augmenté de 75% l'adhésion de ses jeunes collaborateurs grâce à la mise en place du télétravail.

Pour rassurer les ressources humaines de Bouygues Télécom, François Delatouche, ancien président de l'Arseg et ancien responsable des services généraux chez l'opérateur téléphonique a du "donner une contrepartie à la mise en place du télétravail en acceptant d'abandonner les bureaux attribués afin de gagner en surface de bureaux".

Le bureau idéal du télétravailleur

Comment mettre en place un accord de télétravail ? Environ 50% des entreprises du CAC 40 se sont engagées sur le sujet affirment les interlocuteurs de la table-ronde. Des entreprises comme Renault ou Alcatel ont été "fers de lance " dans le domaine. L'article L1222-10précise obligations de l'employeur. Celui-ci doit intervenir dans frais mais "il n'existe aucune obligations légales sur les frais espace de travail au domicile car le salarié est volontaire", précise Nicole Turbé-Suetens.

Travailler chez soi nécessite un bon bureau et des conditions matérielles favorables. Pour marquer la distance entre vie privée et vie professionnelle à la maison, François Delatouche cite le cas d'une entreprise de Tarbes spécialisée dans la relation client qui exige une pièce dédiée au travail pour ses collaborateurs en télétravail et va jusqu'à leur fournir une affichette avec espace bureau pour empêcher le dérangement par le facteur ou la famille. Pour l'Arseg, le mot d'ordre est : "responsabiliser le télétravailleur sur son espace de télétravail".

Outre un espace de travail bien défini au domicile, la mise en place du télétravail nécessite un accompagnement au changement."Attention tout le monde n'est pas apte à télétravailler. Il existe une sorte d'idéalisation du télétravail", insiste François Delatouche. Cet accompagnement passe par le "besoin de structurer le temps. Il s'agit de définir des moments pour forger l'équipe et le lien social".

Forger le lien social et les échanges

Pour Nicole Turbé-Suetens de Distance Expert, le secret de réussite du télétravail est de "négocier le nombre de jours en télétravail. Pour cela, il faut savoir descendre au niveau des tâches. Un métier n'est pas "télétravaillable à 100 % mais 40 à 60% des tâches peuvent être télétravaillées". En France, la moyenne nationale est actuellement de 2 jours de télétravail par semaine.

Elle estime à une année le temps de mise en place d'une bonne expérimentation de télétravail. Un comité de pilotage doit être instauré afin de mener à bien la réussite d'un tel projet.

Des économies de m²

Télétravailler signifie également un gain de place dans les bureaux et le développement du concept des bureaux partagés. "Le télétravail signifie pour le directeur de l'environnement de travail de revisiter les espaces de travail", souligne l'ancien président de l'Arseg. "D'une manière générale, le télétravail entraînerait entre 20 et 40% d'économies de surface". Des économies substantielles quand on sait qu'en moyenne 40 % des bureaux ne sont pas occupés à plein temps.

Enfin, dans cette tendance, les espaces de coworking inspirés des travailleurs indépendants fleurissent.

 
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