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Focus sur les achats responsables du Club Med

Publié par Morgane Coquais le - mis à jour à
Focus sur les achats responsables du Club Med

Le Club Méditerranée a reçu le Trophée d'Or des Achats éco-responsables ­lors de la dernière remise des Trophées Décision Achats, pour la démarche vertueuse qu'il a su déployer sur l'ensemble de son écosystème, de ses fournisseurs à ses clients. ­Rencontre avec les animatrices du projet.

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Comment la politique d'achat ­éco-responsable s'inscrit-elle dans la stratégie globale ?

Fabienne Lecuyer : La politique d'achat éco­-responsable reprend les valeurs ­humaines et environnementales qui sont inscrites dans l'ADN du Club Méditerranée. Acheter ­durable, c'est maîtriser l'impact écologique, sociétal et social de nos villages-vacances. Nous servons la stratégie globale en mobilisant les ressources internes et externes. Pour atteindre cet objectif, les acheteurs travaillent en ­"binôme" avec les clients des directions du Club Méditerranée.

Marie-Hélène Blanché : En 2011, notre p-dg, Henri Giscard d'Estaing, inscrivait l'objectif, ambitieux mais réaliste, d'obtenir l'écolabel Green Globe sur tous nos villages d'ici à 2015 : une certification qui valorise la démarche "responsable" de notre groupe.

Quelle méthodologie avez-vous déployée pour la mettre en place ?

F.L. : Une professionnalisation et une structuration de la démarche se sont avérées nécessaires ­dès 2004, les enjeux devenant plus prégnants. Nous avons commencé par définir une clause "Développement durable et responsabilité ­sociale", ­­qui a été progressivement intégrée à l'ensemble des cahiers des charges et aux contrats-types en France, en Amérique et, plus récemment, en Asie. En parallèle, nous avons rédigé deux chartes : l'une sur les produits de la mer, l'autre sur le bois. Depuis 2007, nous établissons notre politique d'achats durables en collaboration avec la direction du développement durable.

M.-H.B. : Pour appliquer les chartes "Achat de poissons" et "Achat de bois", nous avons eu recours à un vaste plan de communication. Nous devions sensibiliser tous les acteurs de la filière, des acheteurs aux opérationnels, et notamment le responsable stock et approvisionnement, ainsi que le chef de cuisine de chaque village.

Quelle est la vocation des chartes "Achat de poissons" et "Achat de bois" ?

F.L. : Elles définissent les guidelines à mettre en oeuvre dans nos villages et visent à lutter contre les risques de déforestation et de surpêche. Elles ont conduit à ne plus référencer certains produits, comme le thon rouge.

M.-H.B. : Afin de ne léser ni nos cuisiniers ni nos clients, nous avons encouragé nos fournisseurs et nos acheteurs à réfléchir ensemble à des solutions alternatives.

Comment votre politique d'achat éco-responsable se décline-t-elle du point de vue écologique ?

F.L. : Dès que cela est possible, nous achetons des produits certifiés en nous appuyant sur des labels reconnus. Aujourd'hui, une partie des tenues des "gentils organisateurs" (GO) est en coton bio.

M.-H.B. : Il y a bien d'autres exemples : catalogues Imprim'Vert, électricité, actions en faveur du bien-être animal (oeufs servis au petit-déjeuner provenant de poules élevées hors cage).

À quoi vos "bonnes" pratiques sociales se résument-elles ?

F.L. : Nos fournisseurs et leurs prestataires s'engagent, via nos contrats-types, sur six points-clés : absence de harcèlement, de recours au travail d'enfants, de discrimination, existence d'un salaire minimum, liberté d'association et d'activité syndicale. En complément, nos acheteurs peuvent auditer les usines de production de nos fournisseurs ou de leurs sous-traitants, comme ça a été le cas pour la fabrication de nos textiles en Asie.

M.-H.B. : En sus, nous faisons ponctuellement appel à des acteurs du secteur adapté et développons les achats de produits ayant obtenu un label équitable, en particulier pour le thé et le café.

Qu'avez-vous imaginé pour favoriser le volet sociétal ?

F.L. : Nous tentons d'acheter au plus près de nos sites. C'est dans cette optique que nous avons noué un partenariat innovant avec l'ONG Agrisud ­International, qui est engagée dans la lutte contre la pauvreté et pour la sécurité alimentaire de populations démunies des pays du Sud. C'est une ­"jolie" manière de contribuer au développement économique du pays de proposer à nos clients des produits locaux, de sécuriser nos ­approvisionnements et de diminuer l'impact CO2 de ­­­­leur transport, tout en promouvant l'agroécologie.

M.-H.B. : Par ailleurs, nous voulons servir les intérêts des populations locales en leur transférant notre savoir-faire en matière de systèmes d'épuration écologique des eaux usées, etc. Nous avons ainsi contribué à la mise en place d'une usine de traitement des déchets au Sénégal.

En quoi votre partenariat avec l'ONG Agrisud International consiste-t-il ?

F.L. : Depuis 2008, Agrisud International favorise le développement des TPE agricoles locales. L'ONG a, par exemple, formé près de 200 maraîchères de Casamance (Sénégal) sur les techniques agroécologiques et sur l'organisation de la commercialisation. Des projets similaires sont en cours au Brésil, au Maroc et en Tunisie.

M.-H.B. : Au Sénégal, l'objectif était d'accompagner la montée en compétences des maraîchères afin de les inscrire dans une logique d'économie de marché. L'ONG les a encouragées à s'aligner au plus près de la demande en diversifiant leurs produits. Aujourd'hui, elles approvisionnent nos villages en divers fruits et légumes.

Comment mesurez-vous les progrès ?

F.L. : Nous quantifions, par exemple, l'utilisation de produits fabriqués à partir de matériaux recyclés, l'entreprenariat social d'insertion... Nous suivons aussi l'intégration et la signature de la clause "Développement durable et responsabilité sociale" dans les contrats de nos fournisseurs, le volume des achats locaux...

M.-H.B. : Nous avons ajouté des indicateurs dans les catalogues fournisseurs afin de constater la progression d'achats labellisés sur le plan écologique (AB, écocert, Imprim'Vert...), social et sociétal (Max Havelaar, Fairtrade, éthisphère,?etc.).

Quels sont les résultats obtenus grâce à votre politique ?

F.L. : Ils sont très positifs, mais il reste encore beaucoup à faire : 53 % des villages de vacances ont d'ores et déjà obtenu la certification Green Globe. Pour donner d'autres exemples, 95 % des achats appartenant à la famille "Food and Beverage" sont réalisés localement, 100 % des catalogues sont imprimés en encres végétales et en papier certifié ou recyclé, et 65 % de l'énergie utilisée en France est "verte".

M.-H.B. : Le partenariat avec Agrisud International a contribué au développement de 60 TPE au Sénégal, 35 au Maroc, 11 en Tunisie et 8 au Brésil. C'est une grande fierté pour nous.

Comment valorisez-vous ces avancées dans les villages-vacances ?

M.-H.B. : Elles sont visibles grâce à une signalétique installée dans les chambres, aux buffets et dans chaque boutique. Pour aller plus loin, chaque village-vacances d'Europe-Afrique organise, chaque semaine, une journée écoresponsable dans sa boutique, au terme de laquelle nous reversons 1 % du CA généré à l'ONG Expédition Med. Toujours pour sensibiliser nos clients, nous leur proposons des excursions, qui sont organisées dans le respect des populations locales.

F.L. : Notre fondation Club Méditerranée encourage les GO au bénévolat (2115 en 2013). Au Maroc, ils ont dernièrement organisé une opération de collecte de fournitures scolaires pour équiper les établissements environnants.

Et auprès de vos fournisseurs ?

F.L. : L'obtention de certifications ou la mise en oeuvre de bonnes pratiques environnementales et sociales figurent parmi les questions que nous posons dans nos consultations ou via un site internet dédié à nos fournisseurs potentiels (www.suppliers.clubmed.com). Ils ne peuvent ignorer notre démarche.

M.-H.B. : Nous encourageons nos fournisseurs ­à proposer des produits et services toujours plus ­vertueux. C'est à la suite de notre initiative que les dosettes de café usagées sont, à présent, collectées et recyclées.

Quelles étapes vous reste-t-il à franchir ?

F.L. : Nous réfléchissons à la définition d'indicateurs plus fins et pertinents pour formaliser au mieux les progrès que nous accomplissons et qui concourent à l'obtention de la certification Green Globe. Et même si l'environnement économique est contraignant, nous ne revoyons pas nos objectifs à la baisse.

M.-H.B. : Nous continuons de mettre l'accent sur le développement de TPE locales et travaillons à l'heure actuelle à un partenariat avec Agrisud International, sur le continent asiatique, cette fois-ci.

 
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