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Le voyage d'affaires face à son "uberisation"

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Le voyage d'affaires face à son 'uberisation'

Réservations aériennes ou ferroviaires, VTC mais aussi hébergement et restauration... L'économie partagée s'invite chez les travel managers et soulève, en filigrane, la question de la sécurité des voyageurs, notamment dans les pays à risques.

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Les acteurs de l'économie du partage commencent à développer des offres destinées aux entreprises et notamment à celles qui emploient des voyageurs d'affaires. Airbnb a été l'initiateur de la démarche, avec sa plateforme Airbnb Business et sa signature "Chez vous, ailleurs: même en voyage d'affaires". Les arguments en faveur de la réservation d'appartements ne manquent pas: renforcement du travail en équipe pendant le séjour, induisant une meilleure productivité, emplacement géographique privilégié (en centre-ville ou à proximité des quartiers d'affaires), etc.

En outre, Airbnb fournit des outils aux travel managers, notamment un tableau de bord qui donne la possibilité d'accéder à la localisation de leurs collaborateurs.

La sharing economy en mode B to B

Si le Conseil constitutionnel a tranché en interdisant le service UberPop en France, les particuliers ne peuvent plus, en théorie, faire office de chauffeur rémunéré et concurrencer les taxis. Pour autant, cette décision ne remet pas en cause le modèle de la sharing economy, puisque le covoiturage reste autorisé. Le trublion californien a contre-attaqué en lançant UberPool, un nouveau service qui permet de partager tout ou partie d'une course... Et il semblerait que ce ne soit qu'un début.

D'autres start-up se positionnent sur le marché du travel, quels que soient les modes de transport. On parle, par exemple, de l'arrivée du service de voyage en avion privé Ô My Fly, une plateforme de mise en relation des entreprises avec des pilotes professionnels.

Dans le ferroviaire, Captain Train (vente en ligne de billets de train au meilleur prix) vient quant à lui vient de signer un nouveau partenariat (après Deutsche Bahn en 2012) avec HKX (Hamburg Köln Express), un opérateur ferroviaire allemand alternatif. Lancé en 2012, ce dernier a ouvert des liaisons biquotidiennes entre Hambourg et Cologne. La ligne dessert un bassin économique majeur de quelque six millions d'habitants. Un projet similaire Francfort-Bonn devrait également voir le jour. "Avec l'addition de nos savoir-faire, nous participons à la simplification de la réservation des billets de train et cette coopération nous rapproche non seulement des voyageurs en Allemagne, mais aussi de ceux de toute l'Europe", s'est d'ailleurs félicité Carsten Carstensen, p-dg de HKX.

L'ubérisation gagne le secteur du voyage d'affaires et séduit fortement les entreprises, car les solutions proposées sont compétitives d'un point de vue tarifaire et correspondent aux usages émergents des collaborateurs nomades, qui sont hyperconnectés. Pour qualifier ces mutations en cours, l'Association française des travel managers (AFTM) parle de "travelution", contraction de travel, ubérisation et digitalisation; un terme apparu lors du dernier Univ'Airplus.

>> Lire la suite de l'article en page 2.

Sécurité et assurance: comment se "blinder"?

Chez Airbnb, comme chez Uber, l'assurance qui ­prévaut est celle des particuliers qui mettent leurs biens (appartement ou voiture) à la disposition des voyageurs, complétée par celles des prestataires. Airbnb a lancé, en France et dans 15 autres pays, son programme Assurance Hôte qui peut couvrir jusqu'à 800 000 euros par sinistre (préjudice corporel et dégâts matériels). La question de la sécurité se pose avec tout autant d'acuité, face à la généralisation du "bleisure", contraction de business et de leisure. Les voyageurs d'affaires profitent de leur déplacement pour prolonger leur visite à titre privé, seul, en couple ou en famille. Or, que se passe-t-il en cas de sinistre ou de problème? La responsabilité de l'entreprise peut-elle être engagée?

À date, aucune jurisprudence ne prévaut, mais le jugement de la chambre sociale de la Cour de cassation dans l'affaire opposant la Framatome à son ingénieur Loïc Gicquiaux, en juillet 2001, apporte toutefois quelques éclairages. Elle a stipulé que "le salarié, ­effectuant une mission, a droit à la protection prévue par l'article L. 411-1 du Code de la Sécurité sociale ­pendant tout le temps de la mission qu'il accomplit pour son employeur, peu important que ­l'accident ­survienne à l'occasion d'un acte ­professionnel ou de la vie courante, sauf la possibilité pour ­l'employeur ou la caisse de rapporter la preuve que le collaborateur avait interrompu sa mission pour un motif personnel".

Le contexte international place, plus que jamais, la question de la sécurité des voyageurs au coeur des ­préoccupations des entreprises. Les travel managers sont en droit d'attendre des réponses claires, ­notamment en ce qui concerne les pays à risques. Sur son site, l'AFTP évoque, à cet égard, le cas de l'affaire de Karachi.

"L'employeur a une ­obligation de sécurité, dès lors que ses salariés se trouvent, du fait de leur contrat de travail, dans un lieu particulièrement exposé. S'il est vrai que cette ­solution n'a trouvé à ­s'appliquer, jusqu'à présent, qu'à des collaborateurs expatriés, elle devrait également recevoir un écho favorable pour les missions de courte durée, compte tenu du mouvement général de judiciarisation lié à l'envoi de personnel dans des pays à risques [...]. L'employeur peut et doit, si les risques encourus par le collaborateur le justifient, émettre des restrictions de déplacement, y compris pendant le temps privé, et vérifier que les consignes sont correctement ­appliquées. Cela conduit tout naturellement à refuser ou à restreindre très fortement le bleisure."

Reste à évaluer le degré de risque lié à chaque pays où les voyageurs d'affaires sont amenés à se rendre.

>> Pour aller plus loin, consultez l'article "(R)évolution du travel : comment gérer les attentes de vos salariés?"

 
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