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Moyens de paiement : des innovations adaptées au contexte

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Moyens de paiement : des innovations adaptées au contexte

La nécessité de maîtriser les coûts et de simplifier les processus de paiement est plus que jamais d'actualité, tandis que le voyage d'affaires est durement mis à mal. Même si leur intégration reste délicate, les solutions innovantes forment une réponse pertinente aux écueils du moment.

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En 2019, l'agrégateur de contenus de compagnies à bas prix Ypsilon a intégré la solution Amadeus B to B Wallet à sa plateforme de réservations. Objectif : gagner en optimisation et en sécurité en matière de paiement. Au même moment, l'agence de voyages d'affaires BCD Travel publiait un livre blanc soulignant les multiples intérêts du paiement virtuel. Là encore, les gains de sécurité et d'optimisation économique sont au coeur des enjeux. Un an plus tard, alors que les conséquences de la pandémie de Covid-19 occasionnent des bouleversements sans précédent dans l'univers des déplacements professionnels, ces deux thématiques forment plus que jamais des impératifs qui orientent les décisions stratégiques. "Il y a actuellement une vraie tendance à vouloir davantage de contrôles pour des raisons de sécurité, avec par exemple la possibilité de traquer les voyageurs en déplacement pour qu'ils ne prennent pas de risque, mais aussi pour des raisons économiques, de réduction de coûts, ce qui implique une amélioration et une simplification des processus en interne afin d'obtenir une meilleure efficacité finale", observe Sébastien Marchon, p-dg de Rydoo, fournisseur de solutions de gestion de bout en bout pour le voyage d'affaires.

Pour Jean-Christophe Lacour, Head of Merchant Services, Payments chez Amadeus, "les paiements sont en grande révolution et nous n'en sommes actuellement qu'aux balbutiements. La carte virtuelle se développe énormément. Elle offre un terrain sécuritaire très intéressant, puisqu'elle se résume à un usage unique qui peut être un domaine en particulier, comme un établissement hôtelier, un type de transports. L'employé n'a par ailleurs pas à avancer ses dépenses, et n'a donc pas à gérer en aval des notes de frais, des remboursements. Un gain de temps pour lui et pour l'employeur qui est loin d'être négligeable. "

L'essor de la carte virtuelle

Parmi les moyens de paiement en place, la carte logée reste la solution la plus utilisée en entreprise. Le fait qu'elle permette d'éviter les avances de trésorerie séduit et lui confère une étiquette de valeur sûre. "Avec le contexte économique difficile actuel, les fournisseurs tentent d'autant plus de mettre en avant cette solution", indique Christophe Drezet, associé au sein du cabinet de conseil EPSA. Il confirme que la carte virtuelle connaît un bel essor et précise qu'il ne s'agit pas d'une innovation récente : "dans le cadre des achats B to B, elle est utilisée depuis plusieurs années. Les cartes virtuelles ont toutefois encore du mal à être déployées dans les entreprises, car il existe un important décalage en termes de communication entre les solutions proposées par des prestataires bancaires et les informations qui arrivent aux oreilles des directeurs financiers dans les organisations. On constate par ailleurs un problème au niveau des hôtels qui ne comprennent pas toujours le fonctionnement et demandent des doubles paiements à leurs clients. Ce vrai défaut de communication forme un frein à la démocratisation de la solution." En conséquence, aucun acteur ne tire profit à 100% de l'innovation intéressante qu'elle représente.

Nicole Flory

Nicole Flory, Head of Visa Business Solutions pour la France, la Belgique et le Luxembourg, souligne que "dans le cas des hôtels qui souhaitent voir la carte alors que le moyen de paiement est une carte virtuelle dématérialisée, cela peut effectivement poser un problème. Son intégration dans les paiements mobiles est alors la solution." Elle ajoute qu'il est fort possible "qu'on se dirige à l'avenir vers une utilisation conjointe de la carte corporate ou logée d'un côté, et de la carte virtuelle par ailleurs pour les autres dépenses de moindre importance."

En quelques mois à peine, la réduction des coûts est revenue sur le devant de la scène. Le contexte de crise semble inciter les entreprises à se tourner vers des initiatives pour mieux maîtriser l'information et optimiser les fonctionnements. "Le besoin de reporting, de données pour faire de meilleurs arbitrages est fort à l'heure actuelle. Les évolutions technologiques offrent cette possibilité. Il est fort à parier qu'elles vont séduire plus facilement certains dirigeants dès maintenant. Dans une telle démarche, la recherche de gain de temps après identification des processus à simplifier est indispensable", explique Sébastien Marchon.

À titre d'exemple, le nombre de collaborateurs à affecter aux contrôles peut ainsi être revu à la baisse après déploiement d'un outil adapté, car les fraudes et erreurs sont fortement réduites en raison de l'automatisation des tâches. Il en résulte globalement une meilleure visibilité sur les dépenses par voyageur, par période, par type de déplacement ou selon bien d'autres critères.

Renforcer la sécurisation économique

L'entrée en vigueur de la nouvelle directive européenne sur les services de paiements (DSP 2) doit par ailleurs renforcer la sécurisation économique des dépenses au sein des entreprises. Elle autorisera les prestataires de services tiers à accéder aux comptes bancaires des clients avec l'accord de ces derniers, afin de leur proposer de nouveaux produits ou services. Les institutions auprès desquelles ces comptes sont souscrits restent bien sûr responsables des fonds. Celles-ci doivent donc pouvoir vérifier en délai très court les demandes provenant de ces acteurs tiers et disposer de systèmes d'alerte fiables visant à déceler les fraudes éventuelles dès les premiers signes suspects.

"La meilleure expérience de paiement est celle où l'on a pas l'impression de payer", résume Sébastien Marchon. "Un bon exemple dans ce domaine est le service d'Uber avec lequel le client n'a aucune tâche à effectuer lors de la course. Le succès de ce type de fonctionnement s'explique par le fait que les utilisateurs sont de plus en plus impatients. Lorsqu'on se déplace beaucoup, les gains de temps et de confort sont précieux."

Lire la suite en page 2 : Rendre les déplacements simples et sûrs / Une stratégie difficile à définir / Un effet accélérateur nommé Covid


Rendre les déplacements simples et sûrs

Une meilleure expérience utilisateur permettra sans doute de pousser les collaborateurs au déplacement. Mais actuellement, les innovations qui apportent de la simplicité sont surtout réservées aux postes de coûts principaux des voyages comme l'aérien, l'hôtellerie. "Toutes les dépenses ne sont pas interfaçables avec une solution de paiement centralisée, à l'image du café que l'on prend au coin d'une rue. Dans de tels cas, le paiement mobile et les solutions comme Google Pay et Apple Pay sont adaptées et viennent compléter les services disponibles", poursuit-il. Les jeunes générations de travailleurs poussent également les développements allant dans ce sens. Les résultats des travaux de l'Observatoire Afterbanking Juin 2020, menés en partenariat avec l'institut OpinionWay, montrent que 20% des Français ont déjà payé avec leur smartphone, et environ 10% le font régulièrement. Chez les 25-34 ans, 31% ont déjà utilisé le smartphone pour des achats en magasin. Pour Jean-Christophe Lacour, "La génération Z a moins de réticences. Elle est même en demande sur le sujet des paiements invisibles qu'elle pratique dans le privé avec Uber, Netflix... Ce type d'innovations représente dès lors un vrai levier d'attractivité et de fidélisation."

Si la carte bancaire est toujours un outil universel, les voyageurs souhaitent avoir davantage de choix en termes de paiement. Les wallets comme AliPay, Apple Pay, Google Pay se développent très fortement. Il s'agit de pouvoir utiliser dans la sphère professionnelle des méthodes de paiement connues au quotidien, dans la vie privée. "Des offres innovantes comme celle de Mooncard s'avèrent pertinentes, car elle propose à la fois le volet moyens de paiement de façon simplifiée et la gestion de notes de frais associée, avec des possibilités de paramétrage extrêmement variées : telle catégorie de voyageurs peut par exemple se voir autoriser 200 euros de restaurants par mois", illustre Christophe Drezet. Les innovations proposées par les nouveaux acteurs, dont Expensya, incitent les acteurs historiques à se remettre en question.

Une stratégie difficile à définir

Si l'adoption des paiements centralisés semble aller dans le sens de l'histoire, leur mise en oeuvre se heurte à quelques écueils. Jean-Christophe Lacour constate "les difficultés manifestes des entreprises quant à l'instauration d'une vraie stratégie relative dans ce domaine. Il faut aller au-delà du simple paiement, en faire un outil stratégique, un levier d'efficacité. Il s'agit aussi d'être transparent par rapport à ce qui peut être perçu comme des coûts cachés. Les clients finaux veulent comprendre la nature exacte de leurs engagements." La dispersion des données issues de différents canaux de paiements constitue un autre problème, en particulier avec la pratique du BYOD (Bring your own device). "Les entreprises laissent aux salariés le choix de l'utilisation de leur ordinateur, smartphone, ou autres. Mais connecter tous ses outils et les mettre en relation avec les ERP dans l'entreprise pose bien des soucis. L'un va utiliser le paiement par mobile, l'autre par carte bancaire, l'autre par carte logée, sans compter la partie qui est gérée par paiements centralisés", note Sébastien Marchon.

Les entreprises proposent de plus en plus d'API permettant de se connecter à d'autres outils pour faire circuler l'information. Par exemple, la plateforme de Rydoo est reliée à l'API de Uber, si bien que lorsque le voyageur utilise son smartphone personnel, mais en indiquant que son déplacement a une visée professionnelle, les frais sont automatiquement remontés au sein de l'entreprise. Dans ce contexte, Nicole Flory plaide pour une solution unique visant à agréger l'ensemble des données (carte virtuelle, logée, corporate...) : "C'est l'avenir. La facilité d'intégration des données et outils au niveau des ERP et de l'organisation technologique en place est déterminante."

Focus - Un effet accélérateur nommé Covid

En avril 2020, alors que le confinement était devenu la règle dans l'essentiel de l'Europe en raison de la pandémie de Covid-19, le pourcentage de paiements par carte Visa sans contact atteignait 70%. 74% des Français déclaraient au début de l'été privilégier désormais le mode "sans contact". Pour Nicole Flory, "nous vivons depuis quelques mois une phase d'accélération du changement. Visa veut s'adapter pour aider à l'accélération du paiement en ligne. Au Royaume-Uni, 34% des utilisateurs annoncent préférer faire des paiements en ligne, et cette tendance s'étend internationalement. Les achats de façon générale tendent également à se digitaliser dans les entreprises." Avec le contexte relatif à la Covid, on observe un essor dans plusieurs domaines qui ne demandaient qu'à croître, à l'image du paiement sans contact. "Il existe une dynamique nouvelle dans laquelle le flex-office se développe, les achats sur Internet s'accélèrent, ainsi que l'adoption de solutions virtuelles de manière générale, dans un cadre toujours plus sécurisé et plus paramétrable. La carte virtuelle s'inscrit dans cette tendance", constate Christophe Drezet.

 
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