[Etude] Seules 41% des entreprises ont un plan de réduction des émissions GES dédié au fret
Baptisée "(Ré)Concilier transport de marchandise et décarbonation", une étude bp2r réalisée avec Carbone 4 lève le voile sur les objectifs de réduction d'émissions de GES que se sont fixés les entreprises donneuses d'ordres et sur les leviers déployés pour les atteindre.
Je m'abonne"Le réchauffement climatique est le défi de ce siècle et ce défi est mal engagé", constate bp2r. "Déjà responsable de plus de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l'impact du fret, tiré par le e-commerce et la mondialisation des échanges, s'aggrave. Entre 2015 et 2050, le niveau d'émissions lié au transport de marchandises devrait progresser de 22% d'après les dernières estimations de l'OCDE. Or, pour respecter les objectifs climatiques internationaux, les émissions du fret doivent être réduites de 65% à 70% sur la même période. Il faut donc agir, et agir urgemment". "Les enjeux de décarbonation, au sens large, progressent dans la hiérarchie des entreprises, et beaucoup se dotent d'objectifs de réduction et de plans d'action. Néanmoins, le fret semble encore être un parent pauvre : les fondamentaux sont encore incomplets, la stratégie de décarbonation est trop rarement définie et, surtout, les budgets comme les moyens manquent", commente Stéphane Amant, Senior Manager de Carbone 4.
Menée en juin dernier auprès de 137 professionnels du transport, des achats indirects et de la supply chain d'entreprises donneuses d'ordres, l'étude publiée ce jour révèle notamment que :
- Si les enjeux de décarbonation sont relativement bien intégrés - 69% des entreprises donneuses d'ordres se sont dotées d'objectifs chiffrés de réduction de leurs émissions de GES, toutes activités confondues -, le transport est un peu oublié : seuls 41% des répondants affirment que leur employeur a un plan de réduction des émissions GES dédié au fret.
- Les entreprises donneuses d'ordres sont cependant généralement intéressées par les dispositifs leur permettant de cadrer leur action de réduction des émissions du fret, par exemple le programme FRET21 qui leur est dédié : 57% des répondants se déclarent engagés dans ou intéressés par un tel dispositif.
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- L'organisation en termes de ressources humaines n'est quant à elle pas optimale : 23% des professionnels constatent que leur entreprise a intégré une fonction dédiée à la décarbonation à leur service supply chain. Et ils ne sont que 31% à estimer que des cadres en charge du fret ont été formés à l'enjeu ces deux dernières années.
- Les moyens ne suivent pas du tout : les sondés ne sont que 24% à déclarer que leur entreprise s'est dotée d'un budget dédié à la réduction des émissions de GES du fret.
- Les entreprises ont une connaissance partielle de leurs émissions: sur les 75% des répondants qui déclarent que leur entreprise calcule les émissions de GES du fret, un bon score, seuls 41% font état d'un calcul exhaustif.
- Les outils manquent également : si le reporting est bien couvert par exemple, la simulation d'impact des leviers de réduction n'est accessible qu'aux entreprises de 21% des professionnels interrogés.
- En ce qui concernent lesdits leviers, les entreprises semblent largement se décharger sur leurs prestataires de transport, au détriment des actions internes : les leviers les plus populaires sont l'incitation à réduire la consommation de carburant auprès des transporteurs et le fait de favoriser les transporteurs les moins émetteurs lors des appels d'offres, pour respectivement 76% et 63% des entreprises. Ce dernier point est pourtant contredit par les faits, puisque seuls 10% des répondants estiment que leur entreprise considère l'impact environnemental comme un critère d'achat de transport décisif.
- Une note positive cependant : 40% des professionnels interrogés estiment que la crise relative à la pandémie de Covid va servir d'accélérateur à la décarbonation du fret.
"Si les chiffres peuvent sembler sévères, on constate de vrais signaux positifs : le reporting des émissions du fret semble être largement devenu la norme, ce qui est une première étape pour mieux agir ensuite. En revanche, les entreprises doivent encore comprendre qu'il faut qu'elles se donnent les moyens technologiques, humains et financiers d'agir en interne. Elles peuvent agir sur de nombreux leviers techniques, prendre la décision de mutualiser... Le sujet est encore trop perc?u comme relevant des prestataires et ce ne sera pas suffisant", commente Laurent Recors, cofondateur et directeur général de bp2r.