RSE et compliance : l'opportunité pour des achats créateurs de valeur
Avec l'abondance du réglementaire (CSRD, devoir de vigilance, ....), les directions achats doivent affiner leur stratégies et leur management mais également être au fait de la compliance. C'est aussi, une réelle opportunité pour elles, d'approfondir leur politique achats responsables et de devenir créatrices de valeur et de business au sein de leur entreprise.

" Il y a une réelle prise de conscience des entreprises sur le sujet de la RSE qui s'est accélérée depuis 2-3 ans en raison de la réglementation. Et le scope 3 sort enfin du bois ! ", énonce Timothée Quellard, cofondateur d'Ekodev, cabinet de conseil en expertise RSE et stratégie climat, acteur de la branche Energy & Environment du groupe Epsa. Comment les achats sont-ils acteurs de la RSE et de la décarbonation au sein de leur entreprise ? Comment prennent-ils en main les sujets de compliance? En quoi sont-ils aujourd'hui - et indéniablement - perçus comme des créateurs de valeur ? L'étude Procurement Trends 2024 réalisée par le magazine Décision Achats en partenariat avec le cabinet de conseil Epsa, spécialisé dans la performance achats, s'attache à répondre à ces questions dans cette édition.
La compliance, un sujet "complexe mais maîtrisable "
Pour 70% des répondants la conformité dans les achats est un sujet complexe mais maîtrisable. Or, seulement 56% pensent connaître partiellement les textes réglementaires qui encadrent la transition écologique et déterminent les obligations de décarbonation et leurs conséquences métiers sur les achats. Mais face à un cadre réglementaire complexe et évolutif, l'IA devrait permettre, "à un horizon de 24 mois, d'apporter des solutions de mesure de conformité semi-automatisée", estiment les auteurs de l'étude. Autre donnée essentielle de l'étude : face à l'ampleur du défi RSE à relever, 53% des répondants de l'étude s'estiment armés. Même si dans le détail, le sentiment de maturité sur les sujets de RSE et compliance dépend du secteur d'activité. Ainsi, selon l'étude, les secteurs de la santé, de l'éducation et du secteur public s'estiment moins matures que celui des transports et du tourisme. Car, sans surprise, le secteur du tourisme, très concerné par les émissions de CO2 a déjà mis en place des actions concrètes sur le plan de la décarbonation (cf encadré) (des trajets en train en lieu et place de l'avion, intégration des biocarburants dans l'aviation, ...), tandis que le secteur du tourisme a de son côté accentué le volet social. Sur le volet taille de l'entreprise, il ne semble pas exister de corrélation entre celle-ci et leur sentiment de maturité. Cependant, on relève que les entreprises de plus de 1000 salariés sont rares à se considérer totalement immatures sur le sujet RSE. Les raisons sont simples : ces grands groupes disposent de davantage de moyens et sont plus exposés médiatiquement. Sans compter les attentes de leurs investisseurs qui ne cessent d'être plus exigeantes.
Des achats durables 360°
" Avant, on formait au concept des achats durables, dorénavant cela est plus formalisé. Nous sommes passés à un concept à 360° avec de nouveaux sujets liés à la baisse de l'empreinte carbone, aux droits humains (travail des enfants), ou à la déforestation et la biodiversité ", énonce Christophe Roth du cabinet Epsa. Soit autant de sujets que les achats maîtrisent depuis quelques années déjà, qu'il s'agisse du volet environnemental ou sociétal avec par exemple les clauses d'insertion ou le recours au secteur protégé dans les appels d'offres. La nouveauté réside cependant sur les sujets liés à la déforestation ou la diversité. Cependant, on peut imaginer quelques pistes liées à la biodiversité et/ou zéro déforestation appliquées aux achats comme "le fait de mettre en place un audit permettant de tracer les impacts des achats sur la déforestation, puis arbitrer sur des critères permettant de minimiser ces impacts, étudier les impacts / pressions des activités des achats sur la biodiversité selon les différents facteurs d'érosion définis par l'IPBES (notion qualitative), faire un audit biodiversité pour mesurer les impacts / pressions (notion quantitative)", énonce Timothée Quellard, cofondateur d'Ekodev.
La RSE est devenue une mission et une charge de travail quotidienne pour plus de 20% des représentants du secteur de l'industrie, quand elle n'est citée que par 10% des sondés qui travaillent dans le secteur des services. La RSE infuse également dans toutes les strates de l'entreprise. À la question, "Avez-vous le sentiment que la dimension RSE a fait évoluer votre rôle - et celui de vos équipes - au sein des achats ces 3 dernières années ? " 56% des VP et Directeurs Achats se disent plus impactés dans leur travail quotidien que leurs équipes (39% des Responsable Achats et Category Manager) . Ce qui démontre le fait que cette orientation stratégique serait plus lente à se diffuser au fur et à mesure que l'on descend dans la hiérarchie, estime le cabinet Epsa. Un autre élément différenciant dans la prise en compte du sujet de la RSE est celui de la cotation ou non. Ainsi, selon l'étude, sans surprise, les entreprises cotées en bourse se déclarent à 82% totalement ou partiellement impactées par la dimension RSE, contre 74% pour celles non cotées.
Un autre facteur déterminant est celui des achats directs ou indirects. Les résultats de l'étude montrent que les entreprises priorisent la compétitivité et la conformité réglementaire dans les achats directs, tandis que les achats indirects sont davantage axés sur la conformité aux nouvelles réglementations. Cependant, face à une réglementation qui ne va cesser de devenir plus contraignante, les auteurs de l'étude recommandent de ne pas attendre d'être face à des obligations légales pour fixer des objectifs et les piloter. " Le pire serait de partir de zéro quand on est acculé ", confirme Guillaume Delmas, CPO de Terideal, ETI de 2600 salariés experte dans 40 domaines de métiers exercés en synergie (allant du bâtiment aux services verts). Ainsi, l'entreprise a mis en place un comité CSRD de pilotage qui se compose du président, du daf, de deux directeurs généraux, de la RSE, des RH et des achats. " Nous sommes dans l'obligation de rendre notre premier rapport extra-financier début 2026 ", précise le CPO. Et si le sujet de la RSE existe depuis longtemps au sein de l'entreprise, " dans la profession, par exemple le bâtiment, le changement de paradigme est assez récent avec le changement de réglementation (RT 2005 et 2012, qui sont devenues la RE 2020). Ce n'est plus la performance thermique qui est recherchée, mais environnementale ". Il faut donc être prêt à s'autoriser des périodes d'inconfort.
Relations fournisseurs : la politique des "petits pas"
Moins d'une entreprise sur trois (31%) indique avoir mis en place un dispositif d'accompagnement fournisseurs sur le sujet e la RSE. Pourtant, c'est essentiel, car l'entreprise ne peut pas conduire seule une stratégie RSE efficace, elle doit d'impliquer en amont ses différents fournisseurs. Pour les auteurs de l'étude, cet accompagnement des fournisseurs doit se faire de façon pragmatique. "Il n'est pas nécessaire de révolutionner leur fonctionnement et de les challenger sur toute la chaîne. Mais comprendre les modes de production de son fournisseur et leur impact carbone et constater les conditions de travail des salariés qu'ils emploient sont essentiels". Ainsi, cela passe pour certaines entreprises par des webinaires sur la décarbonation à destination des fournisseurs. Un avis partagé par Nissrine Massaq, Directrice des achats Siemens Smart infrastructure France : "Face à l'ampleur du défi, il ne faut pas se sentir écrasé, mais y aller, faire par étapes, petit à petit, même si ce n'est pas parfait". Même constat, pour Christophe Roth du cabinet Epsa : "Nous entendons souvent : c'est le travail de la supply chain, c'est trop complexe, le nombre de fournisseurs est trop important, .... Cela semble leur être une montagne impossible à franchir ! Ils ne savent pas par quel bout prendre ce chantier. Mais si le sujet divise, tout le monde comprend la nécessité de la RSE. D'où l'importance de morceler, défricher le sujet auprès de ses principaux fournisseurs avant d'embarquer l'ensemble de son écosystème". Citons le cas de l'entreprise Shneider Electric avec son projet "Zéro Carbone" qui pour objectif de réduire les émissions de GES de 50% de son top 1000 fournisseurs en l'espace de quatre ans, à compter de 2021. Ainsi, l'entreprise a priorisé quantitativement 1000 fournisseurs qui représentent 65 voire 70 % des émissions totales, sur un panel total de 53000 fournisseurs. De même, chez Terideal, l'entreprise qui compte près de 8 000 fournisseurs, avance pas à pas. " Nous travaillons via le classique 80/20 et avons embarqué dans un premier temps nos fournisseurs stratégiques, ceux qui ont un contrat-cadre via la solution Acesia de l'Afnor. Ils doivent remplir des questionnaires normés avec des dépôts de preuve ", explique le CPO.
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Faire preuve de pragmatisme dans les appels d'offres
Mais avant d'embarquer ses fournisseurs dans une stratégie durable, la première porte d'entrée n'est-elle pas d'inclure des clauses et/ou des obligations en matière de RSE dans les appels d'offres ? "Inclure des questions sur la stratégie RSE de vos fournisseurs n'est plus un élément différenciant aujourd'hui, ce doit être une pratique systématique, avertissent les auteurs de l'étude. Il faut veiller à ce que ces questions restent pertinentes au regard des produits et services offerts par ces fournisseurs : il faut faire preuve de pragmatisme !" Mais fait étonnant : 64% des sondés estiment que l'intégration de critères RSE dans le cadre d'un achat se fait souvent au détriment de la performance financière. Alors, certes, la sélection d'un fournisseur plus respectueux peut entraîner des coûts initiaux plus élevés en raison de matériaux durables, de processus éthiques ou de certifications. Cependant, sur le long terme, cette décision peut améliorer la performance financière de l'entreprise en réduisant certains risques (réglementaires, réputationnels), en renforçant la fidélité des clients et en optimisant l'efficacité, jugent les auteurs de l'étude.
Des score rating fournisseurs
En complément d'un accompagnement des fournisseurs sur les enjeux RSE, certaines directions achats, mettent en place des score ratings pour leur notation fournisseurs. C'est d'ailleurs, le premier élément cité par 26% des répondanrs de l'étude pour améliorer la performance RSE de leurs achats, avant le fait de placer la politique RSE au centre de la stratégie d'entreprise (21%) ou la mise en place d'outils de mesure de performance RSE (14%). C'est le cas notammet chez Bureau Veritas, comme l'explique Magdalena Fiedorczuk, VP et Chief Procurement Officer chez Bureau Veritas Group : " Notre trajectoire de réduction de CO2 a été approuvée par le SBTI. Nous sommes donc engagés sur une décarbonation à horizon 2030 avec nos fournisseurs. Ainsi, nous demandons donc aux fournisseurs stratégiques un mapping de leurs émissions de CO2 avec de la data et nous les évaluons avec une score card et un rating. De plus, lors des appels d'offres, les bons éléments peuvent se voir gratifier de points supplémentaires liés aux critères CSR ". L'European Green Deal, les directives CS3D ou CSRD obligent également le groupe à fournir des analyses de double matérialité. " Sur les différents piliers, du fait de notre activité, nous appuyons notamment sur ceux liés au volet social et environnemental ", juge la CPO. Et si le sujet de la compliance doit être transverse à toutes les strates et les métiers de l'entreprise, selon la CPO, " les achats doivent être présents auprès des fournisseurs et être le réceptacle de l'ensemble des informations ", conclut-elle. Chez Terideal, qui compte près de 10 000 fournisseurs, le groupe réfléchit à mettre en place des plans de progrès fournisseurs avec une note sur 100 pour idéalement intégrer cette notation dans les appels d'offres. " Nous développons avec d'autres sociétés de la même filière un outil de nutriscore carbone (A, B, C, D, E). Peut-être que dans le futur, nous pourrions oreitenr nos choix en fonction de ces critères ", énonce Guillaume Delmas, CPO du groupe. Enfin, la digitalisation devrait améliorer les évaluations fournisseurs, même si 51% des sondés n'ont que "partiellement" digitalisé leurs processus d'évaluation des fournisseurs et 27% n'ont pas du tout digitalisé leur processus d'évaluation.
Incentiver les acheteurs, un signal fort
Pour embarquer ses équipes achats, le fait de les incentiver en introduisant une variable dans leur salaire liée à des objectifs RSE semble être une bonne option. "Généralement, les critères extra-financiers peuvent représenter de 10 à 20% d'une variable dans la rémunération des acheteurs", avance Timothée Quellard, cofondateur d'Ekodev. Selon l'étude, 29% des VP et Directeur Achats sont incentivés sur des critères RSE dans leur variable contre 19% des responsables achats et category managers. Une pratique qui est encore loin d'être généralisée, soulignent les auteurs de l'étude, or, " ce serait un signal assez fort du top management". Chez Terideal, la direction achats a défini son plan d'achats responsables dès 2022 conjointement avec les acheteurs. Une façon de les " rendre acteurs du sujet ", pour Guillaume Delmas, le CPO. Une feuille de route qui s'affine au gré des réglementations. Depuis, les acheteurs sont objectivés sur plusieurs aspects, par exemple 100% des nouveaux contrats-cadres qui doivent contenir des items de réemploi, économie circulaire, .... " Lors des entretiens annuels des acheteurs, nous regardons si les objectifs sont atteints, au même titre que les objectifs classiques de performance ", détaille le CPO.
Les achats, créateurs de valeur
"La création de valeur est le nouvel enjeu prégnant au sein des achats" pour Séverine Toutain, Purchasing & Open Innovation Director chez Anaïk, entreprise internationale de bagagerie et de packaging. De son côté, Isabelle Kapitza, Directrice Achats et Logistique, Les 3 Brasseurs s'enthousiasme, "il faut qu'on éduque notre auditoire: oui, on est source d'économies pures mais on va aussi générer de la valeur autrement et ça, c'est notre avenir aux achats et c'est quand même super!" Ainsi, 69% des sondés de l'étude estiment que la création de valeur doit être entre les mains des achats. Une création de valeur accentuée par les crises successives selon 86% des sondés. " Grâce à la CSRD et la triple comptabilité ESG que cela impose (appelée "People, Planet, Profit " au sein du groupe) - de nouveaux vecteurs de création de valeur sont à notre portée ", conclut le CPO de Terideal.
A retenir
La RSE doit concerner toutes les strates de l'entreprise et ne doit pas rester une grande orientation stratégique du top management. Elle doit être déclinée opérationnellement par les quipes.
Ne pas nécessairement chercher la perfection dans les initiatives mais avancer par étapes progressives, en composant avec des données parfois incomplètes, et des outils et des méthodologies qui restent bien souvent perfectibles.
Mettre en place un sponsorship interne engagé, une feuille de route détaillée et une gouvernance claire sur l'implication des différentes directions transverses.
La décarbonation : enjeu numéro 1
En mars dernier, Ecovadis a convié ses clients, dont le groupe L'Oréal et Air-France KLM, dans le cadre de Sustain 2024, à un événement dédié aux achats responsables. L'occasion de faire le point sur les enjeux de décarbonation. Ainsi, pour la direction des achats de L'Oréal, engager ses fournisseurs dans la décarbonation de leurs activités est en enjeu clé puisque le scope 3 représente 99 % de son empreinte carbone. Depuis 2009, L'Oréal associe ses fournisseurs dans une démarche collaborative à ses objectifs de décarbonation et leur propose chaque année des webinaires sur la décarbonation. Il s'est aussi rapproché d'autres acteurs des cosmétiques en rejoignant le consortium Trasce pour améliorer la conformité et la traçabilité de sa supply chain. Par ailleurs, la direction des achats compte intégrer des critères de décarbonation dans ses appels d'offre. De son côté, le groupe Air France-KLM veut diminuer de 30 % ses émissions de CO2 par passager/km d'ici 2030, par rapport à 2019. Pour le relever, le groupe est engagé dans un programme de renouvellement de sa flotte par des appareils moins consommateurs en carburant. Il investit également dans des carburants d'aviation durable et prévoit d'en intégrer un minimum de 10 % à l'horizon 2030. Enfin, face à une production encore très limitée, le groupe noue des partenariats avec des industriels et des instituts de recherche pour accélérer l'émergence de filières de production. Ainsi, la société a investi dans la société US DG Fuels, spécialisée dans les carburants d'aviation durable.
Méthodologie de l'étude
Les données de cette étude sont issues d'une enquête menée conjointement par le magazine Décision Achats et le groupe Epsa auprès de leurs communautés respectives. Cette enquête a été préparée en amont avec 15 décisionnaires achats et s'appuie sur un panel qualifié et diversifié de 100 répondants ayant soumis leur réponse entre juin et septembre 2024 et représentatifs de la diversité des entreprises et organisations qui composent le tissu économique.
Comité devoir de vigilance et devoir d'exemplarité chez Bureau Veritas
" Le sujet de la compliance est aujourd'hui incontournable pour les achats tout autant que celui de l'innovation ", explique Magdalena Fiedorczuk, VP et Chief Procurement Officer chez Bureau Veritas Group. Ainsi, cette société de services, leader en Test, Inspection et Certification a réuni en octobre dernier pour la première fois ses fournisseurs stratégiques lors d'un Supplier Innovation Day. " Ce fut l'occasion de leur présenter la stratégie du groupe Leap 28 avec la trajectoire et les attentes CSR de Bureau Veritas avec incluant la compliance et d'échanger sur les projets d'innovation ", résume la CPO. Une journée durant laquelle la CEO, le CFO ainsi que la Chief Sustainability Officer étaient présents pour échanger sur les objectifs, les réglementations et les attentes. " Nous sommes une société à mission " Business to Business to Society " très décentralisée, cotée, et nous accompagnons nos clients sur tous les sujets réglementaires. Soit autant de raisons qui nous amènent à être une société transparente et qui doit faire preuve d'exemplarité ", estime la CPO. Le groupe qui compte plus 80 000 collaborateurs à travers le monde fait également partie du SBF 120 et du CAC 40 ESG et répon aux ratings des agence de notation comme S&P Global CSA ou Moody's par exemple. Elle est également certifiée Ecovadis. Du fait de ces multiples contraintes et obligations, l'organisation a mis en place un code éthique interne et développé dès 2021 une politique de sourcing responsable. Enfin, pour affronter tous ces enjeux réglementaires et notamment celui des due diligences et du devoir de vigilance, le groupe a constitué un comité devoir de vigilance composé de la CSR, des achats et du compliance . " Ce comité cross-fonction est chargé d'évaluer les risques, de travailler sur l'ensemble des sujets liés aux droits humains, à l'éthique, à la santé et la sécurité, l'environnement ... ", développe la CPO.
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