La nouvelle Tour de Babel : "Le" jeu pour bâtir une stratégie d'achats inclusifs

Comment dépasser livres blancs et exhortations à mieux faire pour ancrer et engager concrètement les entreprises dans une politique d'achats inclusifs ? Pour répondre à cette question, un groupe projet du Conseil National des Achats (CNA) a mis au point un outil singulier : La nouvelle Tour de Babel, un jeu pédagogique imaginé pour amorcer une véritable dynamique de transformation en interne. Un jeu de rôle, un jeu de plateau qui s'inspire des pratiques concrètes des professionnels achats qui ont participé à la genèse de l'outil.

« Nous ne voulions pas d'un outil de sensibilisation de plus, mais d'un déclencheur, d'un catalyseur de projet », résume Ronan Hascöet, directeur pédagogique et membre actif du groupe à l'origine du projet. Inspirée du mythe de la Tour de Babel - symbole d'ambition collective et de diversité - cette initiative se distingue du destin de la tour mythique pour proposer un format immersif d'une demi-journée, pensé comme un temps de lancement opérationnel pour toute organisation souhaitant intégrer des critères d'inclusion dans ses pratiques d'achat.

Trois étapes pour construire une stratégie durable

Le jeu repose sur une architecture en trois phases autonomes, permettant une progression pédagogique structurée. Concrètement, les participants - jusqu'à quatre équipes - sont invités à vivre, comprendre et expérimenter les différents leviers des achats inclusifs. Le tout sans support écrit, ni photos, favorisant une mémorisation active par la restitution orale. Une méthode que Ronan Hascoët qualifie de « binge learning » avec des séquences denses de cinq minutes pour maximiser les apprentissages et favoriser l'ancrage.

Le déroulé est conçu pour aller au-delà des slogans. Après un cadrage théorique fondé sur la méthode QQCCCP (Qui ? Quoi ? Comment ? Combien ? Combien de temps ? Combien ça coûte ? Pourquoi ?), les participants explorent des cas concrets d'achats où des critères inclusifs doivent être intégrés. « Un groupe joue les prescripteurs, un autre les acheteurs. L'un rejette les critères, l'autre doit défendre leur pertinence. On vit alors de façon réaliste les tensions, les objections, les marges de manoeuvre », explique Ronan Hascöet.

Un outil d'embarquement à destination de tous les métiers

Au-delà des directions achats, le jeu a vocation à fédérer d'autres fonctions clés : RH, RSE, finance ou direction générale. Il se veut un outil de team building autant qu'un levier de montée en compétence. À terme, il s'intègre dans un parcours plus large, avec une phase de prolongement post-session permettant d'esquisser une feuille de route concrète.

Lancée officiellement en décembre lors d'un kick-off expérimental, "La Tour de Babel surprend par son approche, mais c'est précisément ce décalage qui permet de faire émerger un questionnement stratégique », estime Ronan Hascöet. En bref, ce jeu constitue une réponse originale et structurante aux attentes de nombreuses organisations cherchant à rendre leurs achats plus responsables, mais freinées par le manque d'outils et de ressources pédagogiques. À condition de jouer le jeu jusqu'au bout. Bien évidemment.