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"Sous la pression politique, et la flambée des produits agricoles, une baisse des marges des distributeurs ou de la chaîne de valeur est à prévoir"

Publié par Geoffroy Framery le - mis à jour à
Pierre Bamin / Unplash
Pierre Bamin / Unplash

Pour cette semaine, Olivier Lechevalier, cofondateur de Defthedge, nous parle d'inflation sur les denrées alimentaires et revient, en guise de cas pratique, sur le riz.

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Qu'observe-t-on sur les marchés ?

La flambée des prix des matières premières agricoles continue. Prenons l'exemple du riz : les prix sont à des points hauts annuels. Depuis le début d'année, le prix du riz blanc indien est en hausse de 37% et celui du riz blanc thaï, qui est la référence du marché, est en progression de 27%. Ce n'est pas nouveau. Sur deux ans, le riz blanc thaï 100%, Grade B (qui est de haute qualité), est en augmentation de 22,8%. La hausse du riz blanc, 5% (qui est de moindre qualité), est quasiment d'ampleur similaire. Malheureusement, cela ne va pas s'arranger. Les projections de récolte pour les six prochains mois sont mauvaises (point bas attendu de six ans). S'ajoutent à cela des restrictions aux exportations. En l'occurrence, l'Inde, premier pays exportateur de riz dans le monde (40% des expéditions mondiales de riz), a interdit l'exportation de riz blanc non-basmati avec effet immédiat. Cela, combiné avec la guerre en Ukraine, la Covid et l'impact du phénomène climatique El Nino sur les rendements des rizières, va alimenter la flambée des prix sur le marché de gros. C'est une très mauvaise nouvelle pour la sécurité alimentaire mondiale. Plusieurs pays sont très dépendants de la consommation de riz (pays africains, Turquie, Syrie, Pakistan).


Quelles conséquences pour les entreprises ?

Nous n'en avons certainement pas encore terminé avec l'inflation, en tout cas du point de vue alimentaire. La hausse des prix du riz va être fortement inflationniste puisque le riz peut être utilisé comme substitut pour le blé. Ce dernier connaît également une pente ascendante en raison de la fin du corridor céréalier ukrainien et d'aléas climatiques dans plusieurs zones de production. Sous la pression politique, beaucoup d'industriels et de distributeurs en France laissent entrevoir une baisse des prix des biens de première consommation au deuxième semestre. Cela va être compliqué au regard de la flambée des produits agricoles ou alors, cela va impliquer une baisse des marges des distributeurs ou des intervenants au niveau de la chaîne de production. Dans tous les cas, c'est un nouveau facteur d'instabilité qui n'était pas perçu en début d'année.


Quels sont selon vous les points de vigilance à surveiller ?

Du côté des matières premières agricoles, la capacité de l'Ukraine à exporter sa production va être un des enjeux à court terme. La route commerciale du Danube a été réactivée depuis la guerre menée par la Russie. C'est d'ailleurs la principale voie d'exportation de l'Ukraine (en théorie, cela représente un potentiel d'expédition de 40 millions de tonnes de céréales). En début de semaine, Moscou a attaqué pour la première fois deux terminaux situés sur le Danube : Reni et Izmail. Ils sont situés juste à la frontière avec la Roumanie, pays membre de l'OTAN. Il s'agit d'un événement beaucoup plus important que les attaques sur le port d'Odessa qui étaient prévisibles. Cela montre que Moscou ne craint pas de titiller l'OTAN. Avec ces attaques qui frappent désormais le Danube, on voit mal à court terme comment l'Ukraine va pouvoir sécuriser une route d'exportation, ce qui signifie que la hausse des céréales va se poursuivre au moins dans les semaines à venir. Ce n'est une bonne nouvelle pour personne.


 
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