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Publié par Aude Guesnon le | Mis à jour le
© GOVIN SOREL

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Est-ce qu'être acheteur public était une vocation pour vous ? Et considérez-vous que cette mission prend un nouveau sens aujourd'hui ?

La mission de l'acheteur public a considérablement évolué depuis 5 à 10 ans, en enrichissant sa palette de compétences au-delà du juridique pour notamment travailler en amont sur le sourcing et le juste besoin, et aller chercher de la performance économique. Nous trouvons en effet désormais un nouveau sens à notre action sur le terrain de la responsabilité sociétale et environnementale, le développement économique et la création de valeur. Un masque acheté en France doit avoir plus de valeur qu'un masque acheté en Asie, car son impact carbone et emplois sera meilleur et il créera des emplois ; à nous d'en faire le mieux disant.

Les masques, surblouses sont une nouvelle source - conséquente - de pollution. Avez-vous mis en place une filière de recyclage ?

Nous avons mis une filière de collecte et de traitement en place pour les masques, mais uniquement sur le périmètre Région Île-de-France.

Où en êtes-vous de la digitalisation des achats ? La crise a-t-elle fait apparaître des manques ?

Nous avions, avant confinement, lancé un appel d'offres pour un SI achats et le marché a été notifié. Son déploiement est lancé. La Covid n'a donc rien accéléré. Nous avons d'ailleurs tenu toutes nos commissions d'appels d'offres prévues dans le planning. Aucune commission d'appel d'offres n'a dérivé, aucun projet n'a pris de retard.

En début de mandat, Valérie Pécresse a montré le cap en fixant un objectif de transformation numérique. La digitalisation de bout en bout est faite. La signature électronique est en cours. Nous l'avons déjà déployée sur l'ensemble des signataires. Tous les appels d'offres sont dématérialisés et c'est un vrai facteur d'attractivité. Les entreprises favorisent ces appels d'offres parce que c'est un gain de temps et des économies.

Nous avons prévu de déployer notre SI achats début janvier 2021. Ce projet réunit les acheteurs, les juristes et les opérationnels. Tout le monde collabore. Nous avons monté des ateliers pour paramétrer l'outil et susciter ainsi l'appropriation par chacun.

Avez-vous des objectifs de réduction des coûts ?

C'est un objectif qui fut là aussi défini par Valérie Pécresse au début de son mandat. En 2015, elle a prévu 100 millions d'euros d'économies. Le plan est atteint, nous allons même faire mieux. Et nous réfléchissons à de nouveaux leviers.

Quels ont été vos axes de travail ? Sur quels leviers avez-vous joué pour parvenir à ce résultat ?

Plus de 50% des gains ont été obtenus en travaillant en amont, sur le besoin avec les prescripteurs.

Comment travaillez-vous avec la finance ?

Avec le DGA en charge des finances, nous avons la même posture : accompagner les métiers, mais se placer aussi en opportunité sur le besoin. C'est ce que nous demande notre directeur général.

Qu'en est-il de votre politique RSE ?

C'est une volonté forte de la Région et nous avons développé plusieurs axes de travail. Les délais de paiements, notamment, sont un véritable facteur d'attractivité et nous en avons besoin. Il y a une vraie concurrence à l'achat, notamment sur la construction. Nous sommes aujourd'hui à 30 jours et nous sommes descendus bien en deçà durant la crise. Nous avons, certaines fois, payé avant d'être livrés. À d'autres occasions, nous étions à 48 heures.

En ce qui concerne la limitation de l'impact carbone, nous en faisons de plus en plus un critère de choix. Prenons l'exemple du transport des denrées alimentaires à destination des 460 lycées du territoire. Notre centrale d'achats, qui est chargée de mutualiser ces achats, est très vigilante sur ce point et favorise les circuits courts. Le Code permettant de privilégier les fournisseurs offrant les meilleurs délais entre la production et le consommateur, nous pouvons le faire.

Les critères sociaux, également, sont très présents et, sur l'aspect environnemental, la Région a un engagement fort sur la lutte contre les perturbateurs endocriniens.

Comment les achats concourent-ils à cette lutte ?

Lorsque nous construisons notre plan opérationnel achats, nous identifions tous les projets dans lesquels des critères sociaux et environnementaux peuvent être intégrés ; et les acheteurs embarquent ces éléments dans les stratégies d'achats.

Qu'en est-il du bio ?

Nous travaillons avec les producteurs et les Chambres d'agriculture pour mobiliser les acteurs. L'objectif fixé par la présidente Valérie Pécresse est d'avoir des denrées 100% local et 50% de bio à la rentrée 2024. Nous leur donnons de la visibilité sur nos besoins et achats afin qu'ils puissent développer le bio. La RSE est portée politiquement. La présidente et le vice-président de la Région sont sponsors de tout ce qui se fait en termes de RSE ; et le bio et le local en sont des axes majeurs.

Avez-vous beaucoup recours au secteur adapté et protégé ?

Nous développons beaucoup le recours au STPA. Pour les masques en tissu, par exemple, nous avons fait appel à des acteurs de ce secteur.

Vous travaillez, je crois, sur le programme Smart Région. En quoi consiste la mission des achats sur ce pan, et quels sont les enjeux les plus intéressants ? De quoi demain sera-t-il fait ?

D'une façon générale, la Région Île-de-France a l'ambition d'être la première Smart Région d'Europe : proposer de nouveaux équipements et services numériques innovants pour améliorer la qualité de vie des citoyens, mais aussi renforcer l'attractivité des territoires et mieux répondre aux besoins des entreprises. Fer de lance de cette Smart Région, la plateforme de données Île-de-France Smart Services, lancée en octobre 2019, offre régulièrement de nouveaux services numériques utiles et concrets. En particulier sur les achats, nous avons créé une plateforme support à la centrale d'achats. D'une part, les entreprises peuvent s'y référencer, et d'autre part les acheteurs peuvent y sourcer les fournisseurs. Pour le futur, nous travaillons d'une part au lancement de nouveaux marchés pour les acheteurs publics, et d'autre part à la mise en place d'une véritable "market place" pour tous les acteurs du territoire.

Biographie express

Après des études d'ingénieur à ENSMA de Poitiers, Marc Sauvage a intégré Bouygues Construction en 1988, avant de rejoindre Bouygues Telecom et le monde de la téléphonie en 1997. En 2013, il s'est tourné vers les collectivités et est devenu directeur achats et juridique de la région Val-de-Loire. Elle lui doit la mise en place de la fonction achats et, notamment, de la centrale d'achats. Une mission qu'il duplique depuis 2016 à la Région Île-de-France, au sein de laquelle il a pris le poste de directeur général adjoint. Marc Sauvage est en charge des achats, de la performance, de la commande publique, du juridique et du numérique. Marc Sauvage a été président du CNA durant six ans. Il en est aujourd'hui vice-président.

Fiche Région Île-de-France

Secteur d'activité : Collectivité territoriale

Budget 2019 : 5 milliards d'euros

Nombre d'employés : 10 000

Budget achats : 1 milliard d'euros

Effectif achats et commande publique : 60 personnes

 
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Aude Guesnon

Rédactrice en chef de décision-achats.fr et de Décision Achats

Après avoir exercé plus de dix ans en tant que réactrice en presse quotidienne, j’ai voulu découvrir un autre pan du métier : je suis devenue [...]...

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