Achats durables : du concept aux leviers d'action concrets en mobilité
Masterclass vidéo - Structurer une véritable politique d'achats durables suppose d'intégrer les enjeux sociaux, environnementaux et économiques dès l'expression du besoin. Une approche que défend Thibaut Massiet Dubiest, expert achats durables, et qu'illustre Yann Barbizet, dirigeant de Corporate Mobilities, à travers un cas d'usage centré sur les mobilités.

Sept des neuf limites planétaires sont déjà dépassées. Pour Thibaut Massiet du Biest, cela oblige les fonctions achats à se repositionner en acteur du changement. L'achat durable, explique-t-il, vise à "répondre aux besoins d'aujourd'hui sans compromettre la capacité à répondre à ceux de demain". Une démarche qu'il qualifie d'« écosalvie ». L'objectif est ainsi de préserver notre habitat en conciliant économie et écologie.
Ce repositionnement implique d'adopter une logique de "triple capital" : People, Planet, Profit. Autrement dit, prendre en compte les droits humains, les équilibres environnementaux et la rentabilité économique. Une lecture inspirée du modèle du "donut" de l'économiste britannique Kate Raworth, qui définit un espace sûr et juste pour l'humanité.
Cartographier les besoins pour définir le juste achat
La mise en oeuvre opérationnelle de cette approche passe par une meilleure compréhension des besoins internes. Cela commence par la cartographie des dépenses, puis la définition du "juste besoin" avec les prescripteurs. Côté performance économique, l'indicateur Total Cost of Ownership (TCO) reste central, mais doit être complété par une analyse du cycle de vie (ACV), seule capable de capter les impacts environnementaux réels.
Mobilité durable : le cas de la MGEN comme démonstration du triple capital
Cette philosophie se concrétise dans l'exemple déployé par Corporate Mobilities pour la MGEN. Yann Barbizet, cofondateur et dirigeant de Corporate Mobilities évoque une approche holistique articulée autour de la gestion de la flotte automobile, des déplacements domicile-travail et du voyage d'affaires.
Le résultat ? Une quarantaine d'actions ont été déployées. Sur le volet "profit", la rationalisation de la flotte a permis une réduction de 15 % du taux d'usage des véhicules et une baisse de plus de 30 % des indemnités kilométriques. Une optimisation chiffrée à plusieurs dizaines de milliers d'euros. Côté People, les collaborateurs ont bénéficié d'une architecture de choix élargie en matière de transport, incluant véhicules de service, véhicules personnels ou encore options de location. Des arbitrages facilités par une meilleure articulation entre les politiques de flotte et de voyage.
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Enfin, pour la partie Planète, l'électrification de la flotte a été accélérée. Mais surtout, les modalités de prise de rendez-vous ont été repensées pour privilégier les mobilités douces, notamment le train, via un choix accru de lieux à proximité des gares.
Une coopération interservices indispensable
Le succès de cette initiative tient à l'implication conjointe des achats, de la RSE et des ressources humaines. Pour Yann Barbizet, cette transversalité est "la clé de voûte d'un pilotage cohérent du changement". L'achat durable cesse alors d'être une énième clause contractuelle pour devenir un levier de transformation à fort impact.
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