[Étude] Les obstacles aux stratégies RSE des directions achats
70% des sujets ESG (environnement, social et gouvernance) sont pilotés majoritairement par un manager achats. C'est ce que révèle le Baromètre ESG et directions achats, publié aujourd'hui par Mazars. L'étude soulève des axes d'amélioration, comme le manque de formation RSE des acheteurs, ou de budget des entreprises empêchant notamment les audits réguliers. Découvrez en exclusivité pour Décision Achats les cinq chiffres à retenir du baromètre, commentés par Sébastien Ledent, associé chez Mazars.
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15% des directions achats se disent prêtes à renoncer à un fournisseur stratégique pour des raisons RSE / carbone
Le bilan scope 3 définit l'empreinte indirecte d'une entreprise, il représente en général 50 à 90% de ses émissions de gaz à effet de serre. Il existe des méthodes afin de contrôler ce scope, comme les critères carbone dans les appels d'offre. Dit autrement, si un fournisseur ne correspond pas aux normes imposées par la direction achats directement dans l'appel d'offre (comme la limite d'émission de GES), ce dernier ne sera jamais retenu.
La solution semble davantage convenir aux nouveaux fournisseurs. Lorsque la question se pose pour les partenaires historiques, elle devient plus épineuse. En effet, il est compliqué pour un fournisseur de suivre de nouveaux critères RSE du jour au lendemain. Se pose donc la question du déréférencement de fournisseurs historiques et stratégiques.
Selon Sébastien Ledent : "Les 15% des directions achats qui font le choix de se séparer de fournisseurs stratégiques pour des raisons RSE sont très courageuses. Au-delà de ces 15%, 40% des personnes interrogées disent réfléchir au cas par cas, et ainsi envisager de faire monter leurs fournisseurs en compétence et non les déréférencer. En somme, la stratégie RSE ne suit pas une logique de Big Bang, ce n'est pas de tout détruire pour repartir à zéro, mais trouver des solutions, étape par étape."

Plus de la moitié des directions achats ne pratique pas d'audit RSE / ESG réguliers de leurs fournisseurs
Considéré comme indispensable, l'audit RSE permet d'évaluer si le fournisseur répond aux attentes de l'entreprise. En effet, un décalage entre les promesses du bon de commande et la réalité des pratiques est possible, mais évitable par un audit.
"Il n'y a pas de mauvaise volonté parmi ces directions achats, commente Sébastien Ledent. Un audit est compliqué à réaliser, mais surtout il coûte cher. Auditer tous ses fournisseurs est impossible, mais ne pas le faire du tout n'est pas la bonne stratégie selon moi. Il faut savoir prioriser les audits de ses fournisseurs stratégiques et de ceux qui se trouvent dans des pays éloignés qui ne disposent pas de la même réglementation que nous. Et cela commence par le fait de cartographier des risques et d'auditer les fournisseurs mis en exergue par cette dernière."

7 directeurs achats sur 10 estiment ne pas disposer de données RSE suffisantes sur leurs marchés et leurs fournisseurs
S'il est possible d'imaginer un lien entre le manque de données et le manque d'audit, il s'agit en réalité de deux informations distinctes. Pour Sébastien Ledent, la donnée est plus globale, elle traduit les informations des fournisseurs, mais aussi celles en interne.
"Le manque de data vient surtout de la mauvaise habitude des entreprises à travailler en silo. Pourtant, la richesse d'une donnée vient justement du fait d'être combinée à une autre et donne ainsi une vision plus globale. Mais travailler la donnée de cette manière, surtout si on part de zéro, ça va être compliqué. L'idéal est bien-sûr de faire appel à un expert, mais là encore les entreprises se heurtent à la problématique du budget.
A partir de la donnée récupérée et analysée, il faut construire des KPIs pertinents. C'est en travaillant de cette manière que l'acheteur se dirige de plus en plus vers la notion de business partner, en jouant la carte du développement durable."

75% des entreprises ne sont pas accompagnées par des experts RSE
Dans la même veine, le manque d'accompagnement d'un expert RSE n'est pas obligatoire, mais représente une réelle plus value pour l'entreprise, qui s'arme d'un avis extérieur qui travaille en collaboration avec chaque service.
"Ici encore on se heurte au même problème : le budget, explique Sébastien Ledent. Pour que tout rentre dans le budget il faut la encore prioriser. Qu'est ce qui est prioritaire, l'audit d'un fournisseur ou l'intervention d'un expert RSE ? Dans tous les cas, aujourd'hui la direction achats doit donc se positionner comme "expert" sur leur fonction."

Plus de 6 directeurs achats sur 10 estiment insuffisante la formation des équipes achats sur les enjeux RSE
Le manque de formation RSE des acheteurs représente un véritable frein au développement de la stratégie RSE/ESG.
Selon Sébastien Ledent : "Ce manque de formation vient avant tout d'un manque de maturité. La fonction achats est mature en somme, mais les achats responsables sont assez récents. Insuffler cet état d'esprit RSE dans les équipes c'est assez compliqué, et on peut vite se retrouver face à un mur, justement dû au manque de formation, et donc de compétence. De plus, si vous avez une partie de votre équipe qui est formée et motivée sur les sujets ESG, la lenteur de la transformation causée par un déséquilibre des formation risque de les démoraliser, et à la longue de les faire fuir. Dans cet environnement, c'est difficile de fidéliser un profil mieux formé."
Fin du diaporama
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