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[Avis d'expert] La RPA soulage les acheteurs

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[Avis d'expert] La RPA soulage les acheteurs

Les mécanismes de RPA amènent l'automatisation des processus achats à un niveau jamais atteint, lorsqu'ils sont appliqués à des opérations répétitives, à faible valeur ajoutée. Les équipes achats ont ainsi l'opportunité de passer davantage de temps des missions à plus haute valeur ajoutée

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L'adoption de la "Robotic process automation" (RPA), technologie apparue avec la mise en place de robots dans l'industrie, constitue souvent l'étape intermédiaire préalable au déploiement de l'Intelligence artificielle (IA). Vécue comme une promesse de soulagement par des équipes ainsi délestées d'opérations fastidieuses et chronophages, l'automatisation robotisée des processus permettrait de libérer de 15 % à 30 % du temps de l'utilisateur. D'autant qu'un robot logiciel peut travailler jour et nuit, coûte moins cher, ne commet pas d'erreur et a une capacité à faire face à d'importants volumes d'opérations et de données, lors de pics d'activité.

Avec autant d'atouts, le marché des applications de RPA pourrait représenter un chiffre d'affaires de 1 milliard de dollars en 2020, selon le cabinet Gartner, avec un taux d'adoption de l'ordre de 40 % dans les grandes entreprises. Dans une autre étude réalisée par ISG auprès de 500 entreprises "leaders" du marché européen, 92 % des répondants estiment que la rationalisation des processus métiers se fera, à l'horizon 2020, par la RPA. Pus de la moitié (54 %) d'entre eux pensent atteindre un stade avancé d'adoption d'ici là, contre 27 % actuellement.

La RPA intéresse de plus en plus d'experts et d'entreprises, car elle participe à un enjeu majeur de productivité. La croissance parfois à trois chiffres des éditeurs RPA, tel UiPath en 2018, témoigne de cet engouement. Avec plus de 1 500 clients et 200 000 utilisateurs dans le monde, l'éditeur américain a vu ses effectifs tripler dans sa filiale française, ouverte l'an dernier. Ses principaux concurrents, Automation AnyWhere et Blue Prism en tête, connaissent la même dynamique. Le rachat du Français Contextor par SAP illustre également les enjeux et les attentes sur ce marché.

En entreprise, toujours selon l'étude d'ISG, ce sont les fonctions achats, logistique et supply chain, ainsi que les fonctions financières, de trésorerie et d'audit (42 %) qui seraient les plus concernées, juste derrière les fonctions de service client (43 %). McKinsey estime que 50 à 70 % des tâches s'avèrent potentiellement automatisables. Opérations de saisie, de copier-coller, d'extraction et de consolidation de données : le champ d'application est vaste. Dès lors qu'un processus est précisément décrit et stable, l'intervention humaine n'est plus nécessaire. Sachant toutefois que la RPA doit plutôt être réservée aux processus très répétitifs avec un faible taux d'exception et que le robot a besoin d'une source structurée de données pour travailler.

Des algorithmes modélisant des jeux de règles

Techniquement, un robot RPA est un composant logiciel répliquant des actions jusqu'alors réalisées par un opérateur humain à travers l'interface d'une application informatique, de façon répétée et totalement autonome. Sa mise en oeuvre ne requiert pas de compétences très poussées en programmation et consiste à automatiser un processus métier via un logiciel spécialisé, capable de suivre un schéma logique représentant graphiquement la chaîne d'exécution. Cette robotisation des tâches repose sur des algorithmes modélisant des jeux de règles, afin de permettre la réalisation d'une ou plusieurs opérations spécifiques de façon automatique. Ensuite, les robots se connectent automatiquement à différentes applications et vont y réaliser des séquences d'actions, à l'instar de ce que ferait un opérateur humain en interagissant avec son ordinateur via un clavier et une souris. La RPA permet d'intégrer la nouveauté sans en écrire le programme. En se mettant à la place de l'utilisateur final, les concepteurs rajoutent par petites touches des éléments d'automatisation dans leur environnement de travail.

Sur le périmètre des achats et des fonctions connexes, trois domaines sont concernés en priorité. Celui directement dévolu aux acheteurs, puisqu'un robot peut superviser la réception des pièces d'un dossier lors d'un appel d'offres ou négocier quelques pourcentages, laissant l'acheteur se concentrer sur des dossiers complexes ou sur des exceptions. La RPA apporte également une réponse au goulet d'étranglement pouvant se créer sur les opérations de validation et de contrôle des données, dans le cadre de l'analyse des dépenses ou du référencement d'un fournisseur, ou encore lors de la récupération des informations dans le système d'information de l'entreprise ou auprès des partenaires. Elle peut par ailleurs aider les équipes à récolter des données pour la compréhension du marché et à compléter des contrats automatiquement à partir de modèles et d'offres fournisseurs.

Deuxième domaine concerné : les approvisionnements et la chaîne logistique, par exemple pour la création et l'envoi des bons de commandes en fonction des niveaux de stocks et des tendances de consommation. Enfin, la RPA peut automatiser de nombreuses opérations dans le domaine de la finance et de la comptabilité fournisseurs, en particulier pour le traitement des factures. L'automatisation traite et analyse toutes ces données fastidieuses plus rapidement que n'importe quel humain et peut suggérer des corrections, réduisant ainsi les temps du cycle de facturation.

Lire la suite en page 2: Automatiser les échanges avec les fournisseurs - Evolution vers l' "Intelligent process automation"


Automatiser les échanges avec les fournisseurs

C'est sur le périmètre de la comptabilité-finance que les dispositifs de RPA liés aux achats commencent à se multiplier. En particulier au sein des grands groupes ayant un nombre important d'interlocuteurs, pour automatiser les workflows de routage et de traitement des e-mails. L'automatisation par EDF d'une partie des échanges avec ses partenaires en est une illustration. Dans le cadre de son programme d'intégration des technologies d'IA, le producteur d'électricité a lancé un pilote opérationnel pour robotiser le traitement des 60 000 demandes reçues chaque année par mail de ses 24 000 fournisseurs. Ciblant en priorité les 3 800 fournisseurs les plus actifs, avec lesquels le groupe a au moins une interaction par mois, le dispositif permet de qualifier les demandes selon leur complexité puis de mettre en place les réponses adéquates, en s'appuyant sur l'expérience des équipes comptables et l'historique des cas traités. L'électricien ambitionne d'automatiser 60 % des réponses et de délester les opérationnels d'une partie de ce travail long, cher, répétitif et à faible valeur ajoutée. Selon l'éditeur de la solution utilisée, une application similaire serait en cours de mise en place chez BPCE.

Toujours en matière de traitement automatique des documents échangés entre partenaires commerciaux, SAP Contextor aurait plusieurs projets en cours dans le domaine de la supply chain, en particulier dans le secteur aéronautique, avec son partenaire Daher. Ce dernier participerait notamment à la mise en place chez Airbus de robots permettant de fluidifier la gestion de la logistique des pièces détachées. Un robot RPA est par exemple capable de prendre en charge la réception de bordereaux de livraison et de factures reçues en pièces jointes d'un e-mail, d'analyser leur contenu pour en extraire les informations utiles pour ensuite remplir les bons de transport dans l'application fournie par le transporteur DHL. En fin de processus l'ensemble des documents reçus et créés par le robot sont archivés dans une application métier de gestion de la chaîne logistique.

Evolution vers l' "Intelligent process automation"

Sur la base de ces premières réalisations, l'objectif des promoteurs de la RPA consiste désormais à apporter de l'intelligence aux plates-formes d'automatisation, pour améliorer encore leur capacité de traitement, en intégrant des couches d'IA. Les algorithmes intelligents peuvent en effet gérer des tâches "métier " nécessitant des prises de décision et des analyses plus complexes, qu'un robot RPA ne peut seul prendre en charge. La combinaison des deux technologies, ou IPA pour Intelligent process automation, permettra de décupler la puissance des systèmes et de dégager du temps aux acheteurs pour des activités plus intéressantes et davantage créatrices de valeur.

Ainsi, alors qu'un agent conversationnel (chabot) basé sur une RPA classique ne fera par exemple que dérouler un processus, son couplage à un dispositif d'IA lui permettra de comprendre le sens d'une question ou de déceler un sentiment (colère, satisfaction, frustration, etc.) chez l'interlocuteur, pour apporter une réponse plus appropriée, voire gérer les exceptions en les confiant à un opérateur humain. Grâce à l'intelligence artificielle, le travail d'un robot RPA ne se limitera plus aux formulaires et autres données structurées, historiquement bien gérées par les systèmes informatiques, mais s'appliquera à n'importe quel type de contenu.

Seulement, cette automatisation robotisée et de plus en plus intelligente devra être contrôlée. Aux achats comme ailleurs dans les entreprises, il ne s'agit pas de remplacer l'homme par la machine, mais au contraire d'exploiter le meilleur de chacun, en laissant aux équipes l'esprit d'analyse, l'intelligence relationnelle et l'innovation. A cette condition, le développement de la RPA et plus encore de l'IPA, dresse un tableau optimiste pour l'avenir de la fonction.

Par Acxias, Digital Source-to-Pay Experts - Bertrand Gabriel, directeur, et Thierry Parisot, analyste marchés & solutions achats

Acxias est une agence de digitalisation des achats, des approvisionnements et de la comptabilité fournisseurs. Acxias est l'auteur de l'ouvrage de référence "La Digitalisation des Achats - Enjeux, bonnes pratiques et référentiel des solutions". Plus d'informations, cliquer ici sur : http://acxias.com/ressources/livre-la-digitalisation-des-achats


 
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