Les signataires de la Charte relations fournisseur responsables sont-ils vraiment responsables ?
La Charte relations fournisseur responsables incitent les services achats à adopter des pratiques "responsables" vis-à-vis de leurs fournisseurs. Mais, les signataires ne semblent pas toujours bien respecter ses principes, selon une étude de l'Observatoire Com Media.
Je m'abonne518 ! La Charte relations fournisseur responsables, qui incite les entreprises à adopter des pratiques d'achats responsables vis-à-vis de ses fournisseurs, a comptabilisé, au mois de décembre 2014, 518 signataires, soit un volume d'achats de 480 milliards d'euros, en valeur. Dévoilé à l'occasion de la conférence de l'Observatoire Com Media - entité regroupant 132 adhérents de la filière graphique, agences, annonceurs, acteurs du numérique et médias -, le 23 janvier dernier, ce chiffre s'est accompagné d'un bilan d'autoévaluation de 48 signataires de la Charte. Les organisations répondantes, publiques et privées, respectent-elles bien les neuf engagements de l'accord présentés ci-dessous ? Pas toujours, alors qu'elles sont plus d'un tiers à considérer la Charte comme un levier d'action.
1 / Assurer l'équité financière
Un des premiers commandements de la Charte n'est autre qu'assurer une équité financière auprès de ses fournisseurs. Selon l'étude de Com Media, 77 % des signataires, de 2011 à 2014, affirment payer leurs fournisseurs dans les temps - soit moins de 60 jours, le plafond légal.
Seuls 35 % des interrogés ont mis en place un plan d'action.
Lire aussi : [Stratégie achats] "Nos priorités incluent l'intégration systématique des critères ESG dans toutes nos décisions"
2 / Favoriser la collaboration avec ses fournisseurs
Deuxième "impératif" de la Charte : favoriser la collaboration entre grands donneurs d'ordres et fournisseurs stratégiques. 48 % des signataires de 2011 et 2012 ont mis en place "un plan de progrès partagés", contre 30 % des signataires de 2012 et 2013. Peu nombreux sont ceux, également, qui possèdent un programme partagé d'innovation avec leurs fournisseurs : 32 % (signataires 2011-2012) contre 26 % (2013-2014).
3 / Réduire les risques de dépendance réciproque
Réduire les risques de dépendance réciproques entre donneurs d'ordre et fournisseurs : tel est le troisième engagement, et non des moindres, proposé par la Charte. En toute logique, les signataires devraient donc avoir déployé une démarche d'identification des risques de dépendance avec leurs fournisseurs. Pourtant, ils ne sont que 48 % (2011-2012) et 26 % (2013-2014) à avoir sauté le pas. Et en cas d'identification des risques, seuls 36 % des signataires de 2011-2012 (et 22 % de 2013-2014) mettent en place des plans correctifs.
4 / Impliquer les grands donneurs d'ordres dans leur filière
En ce qui concerne l'implication des donneurs d'ordre de leur filière, la tendance est plus positive : 80 % des premiers signataires de la Charte se disent impliqués et quelque 61 % de la deuxième vague. 52 % de l'ensemble du panel a également tenu informé ses prestataires de ses prévisions de volumes d'achats.
5 / Apprécier le coût total de l'achat
L'ensemble des composantes du coût est-il pris en compte dans votre démarche d'achats ? La réponse est affirmative, pour 60 % des interrogés.
6 / Intégrer la problématique environnementale
Preuve d'une démarche environnementale des entreprises, la certification a séduit 72 % des signataires de 2011 et 2012. A la traîne sur le sujet, les signataires de 2013 et 2014 ne sont que 35 % à être certifiés.
7 / Veiller à sa responsabilité territoriale
60 % des interrogés veillent au respect du septième "commandement", soit l'intégration d'une démarche de responsabilité territoriale.
A noter que, pour avancer plus rapidement sur ce point, la médiation inter-entreprises a mis en place un groupe de travail sur "la contribution territoriale en région Ile-de-France", dont les prochaines réunions se tiendront les 5 mars et 7 avril.
8 / Mettre en place une fonction "achats"
Antépénultième principe : une fonction achats mature. 64 % des entreprises (2011-2012) ont une fonction dédiée aux achats, contre 48 % pour les plus récents signataires. 48 % des signataires de 2011 et 2012, et 35 % de ceux de 2013 et 2014, disposent également d'une formation à la pratique achats.
9 / Connaître la médiation
La médiation inter-entreprise, la grande inconnue des organisations ? 20 % des signataires de 2011 et 2012 et 9 % des signataires de 2013 et 2014 l'ont déjà sollicitée. Par conséquent, plus de 90 % d'entre eux n'ont jamais participé aux formations de la médiation [plus d'informations sur la prochaine formation, les 2 et 3 avril 2015].