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Mobility Manager : la mobilité à la croisée des chemins

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Mobility Manager : la mobilité à la croisée des chemins

L'unification, au sein d'un même service, des missions de gestion de flottes et des déplacements est souvent évoquée. Si les cas d'intégration de l'opérationnel sont rares, c'est au niveau des achats que la réunion de ces deux fonctions est la plus souvent confiée à un mobility manager.

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Y a-t-il une logique à réunir au sein dans un même service les fonctions fleet et travel ? Si la question se pose, il n'existe pas encore un état du nombre d'entreprises ayant effectué la fusion de ces deux services et encore moins la confirmation d'une véritable tendance.

Stéphane Vallageas

Pour Stéphane Vallageas, Chapter President chez GBTA France, (Global Business Travel Association), "les entreprises sont en recherche permanente d'optimisation des coûts. Souvent, c'est à l'occasion d'un départ que la fusion des services peut être réalisée. Quand le gestionnaire de parc s'en va, il est souvent remplacé par le travel manager afin de gérer globalement la mobilité. Cette évolution s'observe dans la grande distribution, les laboratoires pharmaceutiques ou dans le domaine du luxe ", commente le président du GBTA en France.

Chez Lidl, Ousmane Mbodje, responsable du pôle mobilité, peut en témoigner. Mobility manager de l'enseigne Lidl depuis quatre ans, celui-ci explique qu'auparavant le travel était géré par une autre fonction au sein du groupe tandis que le parc dépendait du responsable achat. Issu des achats, c'est à lui qu'a été confiée la responsabilité de créer le pôle mobilité.

Ousmane Mbodje

"Simple ? Oui et non. Pour la partie flotte, les codes sont classiques avec la définition de la car policy, le référencement des loueurs ainsi que l'émission des appels d'offre. Nous sommes là en tant que facilitateurs mais avec tout de même la gestion du risk management ainsi que celle des sinistres et des amendes. Pour la partie voyage d'affaire, il s'agit d'un domaine très technique", poursuit Ousmane Mbodje. Pour le mobility manager de Lidl, le recours aux agences de voyages ne règle pas tout. L'externalisation totale des "résa" conduit à des frais importants imputés par ces agences.

Aussi, la solution adoptée par Lidl se situe autour d'un mix de deux formules de gestion. "Le recours aux agences pour l'émission des billets est accompagné par notre propre négociation auprès de près de 700 hôtels et des compagnies aériennes et ferroviaires sur les coûts, les conditions d'annulation et sur les moyens de paiement. Nous intervenons dans un écosystème avec beaucoup de connexions dans lequel tout le monde doit s'y retrouver sur le mode gagnant-gagnant", indique Ousmane Mbodje. "Pour cela, il est nécessaire d'optimiser nos process et d'opérer sans cesse du benchmark".

Datas : une aide à la fusion ?

S'il n'est donc pas facile de rapprocher ces métiers, les outils de gestion des datas en profond développement pour chacune de ces missions pourraient-ils y contribuer ? "Il existe des outils très évolués pour la gestion de flotte et d'autres pour la gestion des voyages via les agences mais il n'y a pas de solutions de gestion commune à ces deux fonctions, constate Ousmane Mbodje. Pourtant la convergence entre ces deux services est amorcée. Les équipes interagissent ensemble même en étant séparées. Si un collaborateur tombe en panne de voiture par exemple, le fleet se tournera volontiers vers le travel pour obtenir un véhicule de location de remplacement en sachant que ce service a négocié de meilleurs tarifs". En attendant, depuis plus de 10 ans, la mise sur pied d'un TCM (Coût total de mobilité) joue les serpents de mer, poussant les entreprises à scinder en interne la gestion de l'ensemble de leurs coûts de mobilité.

"Les agences de voyages proposent toutes des outils pour opérer nos réservations. Ces outils permettent également de tracer les voyageurs et d'optimiser les déplacements, assure Ousmane Mbodje. Nous intervenons dans un domaine où les annulations ou changements de réservations sont très fréquents. Des applications à disposition des collaborateurs leur permettent également de réaliser eux-mêmes ces changements de réservations. Ces outils nous servent pour réaliser le TCM du déplacement d'un collaborateur sur un Paris-Marseille ou un Paris-Lyon. Cela nous aide à déterminer sur différents trajets quel est le meilleur choix entre par exemple les frais de parking, le recours à un moto-taxi ou à un VTC pour déposer le collaborateur à la gare ou à l'aéroport". Aussi, comme le soutient Stéphane Vallageas, la mobilité est devenue un enjeu clé pour les entreprises. '"Pour rester compétitives, celles-ci ont tout intérêt à mettre la mobilité au centre de leur stratégie". Reste à savoir quelle fonction est la mieux à même de piloter la mobilité dans une entreprise.

Fleet et travel : quel point d'ancrage ?

Ousmane Mbodje considère qu'il y a très peu de mobility managers parmi les gestionnaires de flottes car ceux-ci sont spécialisés sur un métier très large qui demande une grande expertise dans des domaines variés. "La partie auto liée à la rémunération des salariés est toutefois plutôt gérée par les RH et les moyens généraux tout comme par les services financiers pour le modèle économique de choix des véhicules. Alors que le travel est de façon prédominante géré par les RH en raison de la mise en place importante de règles liées aux notes de frais et à l'élaboration de la Travel Policy". Ressources humaines ou achats pour gérer la mobilité dans les entreprises ?

Président du GTBA en France mais également responsable des achats fleet et travel de Pitney Bowes, Stéphane Vallageas témoigne pour sa part de la prépondérance prise par les responsables achats sur la gestion de la fonction mobilité. "Dans les entreprises, la flotte automobile procède toujours des services généraux et des RH alors que le travel dépend majoritairement du service achats. Mais la politique voyages des grandes entreprises peut être aussi entre les mains de la finances et des RH qui ont leurs propres objectifs mais qui sont hélas un peu détachés des réalités du terrain". "Personnellement, signale Stéphane Vallageas, "je préfère mettre en place une organisation collaborative. Aux achats, je ne suis pas travel ou fleet manager car les décisions sont prises d'un commun accord avec les RH et la finances au sein d'un groupe de travail au service de la performance de l'entreprise". Une voie à suivre sans doute.

 
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