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Services aux entreprises : quand le digital redistribue les cartes

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Services aux entreprises : quand le digital redistribue les cartes

Les services aux occupants n'ont jamais autant été au centre des préoccupations des directeurs de l'environnement de travail. Et l'arrivée du digital offre de nouvelles opportunités pour les salariés, mais aussi pour les acteurs du secteur.

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Jardins d'entreprise, conciergerie haut de gamme digne des grands hôtels avec des hôtesses dites "volantes" , cours de sport à la carte, coaching, ... les services en entreprise ne cessent de se réinventer et/ou de s'améliorer. La raison ? Ils sont devenus un vrai levier d'attraction des talents. "Le marché du travail est encore tendu. Dorénavant les jeunes ont le choix. Le niveau de services proposé par l'entreprise ainsi que sa localisation sont devenus de véritables outils d'attraction RH", confirme Sylvain Hasse, Global Head Occupier Solutions chez BNP Paribas Real Estate, société de services immobiliers du groupe de services financiers BNP Paribas.

Parmi les nouveaux services aux entreprises, on observe plusieurs tendances comme celles autour de tout ce qui concerne le "well-being and health", traduire bien-être et santé (avec des salles de fitness, des cabines de télémédecine, ....). Ainsi, le groupe immobilier Icade a fait installer une cabine de télémédecine dans son nouveau siège social "Open" d'Issy-les-Moulineaux. "Ensuite, on trouve également des services en interne avec un objectif véritablement business. Il s'agit de connecter plus facilement les équipes et collaborateurs entre eux. Ainsi, le digital permet d'optimiser les travaux collaboratifs, d'organiser plus facilement des réunions complexes avec des outils spécifiques par exemple", détaille Sylvain Hasse de BNP Paribas Real Estate.

Des services à proximité plutôt que dans le bâtiment

Selon l'enquête "Confort et bien-être dans les immeubles de bureaux" 2017 de l'Observatoire de l'Immobilier Durable (OID), le fait de disposer de services "personnalisés" dans le bâtiment n'est plus une priorité pour les salariés. Ces derniers considèrent le bâtiment dans un territoire donné et préfèrent avoir accès à des services de proximité. Il faut peut-être y voir le fait de mêler vie privée et vie professionnelle avance l'étude. Il s'agit aussi de la perception du lien social développé avec le commerce de proximité. Mais il faut également y voir l'aspect pratique de la chose, comme par exemple avec la crèche d'entreprise où il est plus pertinent d'avoir une place près de son domicile plutôt que dans les locaux de l'entreprise, à cause notamment des trajets. Ainsi, de grandes entreprises, à l'image du cabinet PWC sur son siège à Neuilly dans les Hauts-de-Seine, ont recours à des prestations extérieures de la ville pour assurer les services de teinturerie ou de coiffure.

Toujours dans cette optique d'un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, des entreprises proposent des services aux salariés qui débordent du cadre professionnel. Ainsi, Lyreco France, filiale du groupe Lyreco, spécialisé dans la distribution aux entreprises et collectivités de produits et de services pour l'environnement de travail, propose sur son siège de Marly une conciergerie en partenariat avec la Minut'Rit de Valenciennes. Ce service comprend une plateforme en ligne et une permanence mise en place deux fois par semaine afin d'alléger le quotidien des salariés en proposant un panel de services, que ce soit dans le cadre professionnel ou personnel (ménage, repassage...). "Les services s'accélèrent avec un point commun : celui de faciliter la vie des collaborateurs. Et l'arrivée du digital est essentielle notamment en ce qui concerne l'utilisation des transports. Ainsi, plusieurs entreprises sont déjà en réflexion sur une appli interne visant à améliorer l'utilisation des transports environnant leurs lieux de travail", développe Sylvain Hasse, Global Head Occupier Solutions chez BNP Paribas Real Estate.

Du digital et des applis

Comme dans tous les domaines de la vie d'entreprise, le digital est en train de révolutionner le monde des services. "Le digital permet d'améliorer la vie dans l'immeuble grâce à l'installation de capteurs. Une réunion qui s'éternise et ces capteurs intelligents comprennent qu'il faut renforcer le débit d'air dans cet espace", explique Sylvain Hasse, Global Head Occupier Solutions, BNP Paribas Real Estate. Des applis mesurent déjà les flux et le taux de fréquentation des espaces partagés et des lieux de restauration. Les temps d'attente sont mieux maîtrisés et les collaborateurs sont informés en temps réel. Exemple avec le Groupe Avril qui vient de retenir Eurest, marque spécialisée de Compass Group France, pour les espaces restauration de son nouveau site Campus Avril, implanté à Bruz en Ille-et-Vilaine, dont l'ouverture est prévue pour septembre 2018. Un choix fait en raison de la capacité d'innovation d'Eurest, notamment dans le digital. "Nous souhaitions être précurseur dans le domaine et apporter à nos collaborateurs des services disponibles sur smartphone, mais aussi dans le restaurant", affirme Anais Villanueva, acheteur, membre de l'équipe projet Restauration Campus. En effet, le restaurant sera équipé du concept d'encaissement "smart check out": des caisses à reconnaissance visuelle qui scannent le plateau des convives sans la moindre interaction humaine. En parallèle, une application sur smartphone permettra de commander des prestations depuis son poste, mais également de voir l'affluence au sein du restaurant et de se tenir informé des animations et menus à venir.

De son côté, Apiterra, start-up créée en 2010 spécialisée dans l'installation de ruches au sein des entreprises, propose des ruches connectées. Celles-ci permettent de suivre en temps réel, via une application mobile, l'activité de ses habitantes et l'état sanitaire de la ruche : communication autour de la santé de la ruche, des quantités de miel produites, des conditions climatiques ou encore du son produit par les abeilles... Apiterra offre aussi la possibilité d'analyser la pollution ambiante: carbone, zinc, plomb, pesticides au travers de la ruche.

Si l'arrivée du digital redistribue les cartes des services et est censé apporter plus de facilité et/ou de souplesse dans une gestion du quotidien au bureau, pour Sylvain Hasse de BNP Paribas Real Estate, "il existe un vrai défi : celui de rendre la technologie la plus facile et la plus légère possible. Il ne s'agit pas de multiplier les applis, mais bien de les regrouper en un outil unique et intuitif baptisé "ma vie au bureau" par exemple."

Enfin, comme dans tout secteur de la vie économique, l'univers des start-up n'est pas en reste. Ainsi, des acteurs comme Gymlib, créée en 2013, "à l'instar des mutuelles ou des tickets restaurants", surfe sur le marché du bien-être et propose aux salariés, grâce aux tarifs négociés par l'entreprise, l'accès en illimité à plus de 2 000 salles de sport et 200 activités dites de bien-être sur la France entière. Gymlib revendique une centaine d'entreprises clientes (Accenture, Deloitte, EY, GRT Gaz...), soit plus de 30 000 salariés bénéficiaires. La jeune start-up vient par ailleurs de signer un partenariat avec Sodexo pour être proposée dans l'offre Sodexo Pass France. Dans la même veine du bien-être au bureau, la jeune start-up Nap&Up, créée en décembre 2016, propose des sortes d'igloos en tissu 100 % Made In France en location pour des micro-siestes en entreprise. Le concept a déjà séduit Renault, qui a installé deux de ces bulles dans ses locaux parisiens. Enfin, le secteur de la restauration est également très porteur pour des start-up comme I-lunch, créée en 2017, qui se veut une alternative digitale aux solutions de restauration d'entreprise avec la livraison de repas élaborés dans ses propres cuisines. I-Lunch vient de lancer son offre en Île-de-France en avril 2018.

Témoignage

Yoga, musique et "floor service" pour le nouveau siège de PwC

Entendre le chant des oiseaux de son bureau après une séance de yoga à l'heure du déjeuner, et une courte sieste avant d'attaquer une réunion à 14 heures... Voici, un scénario parmi d'autres que peut proposer le cabinet de conseil et d'audit PWC sur son siège flambant neuf "le Crystal Park" à Neuilly dans les Hauts-de-Seine (92). Ce projet baptisé "Workplace of the future" a été mené de juin 2016 à mars 2018. "Crystal Park" en quelques chiffres c'est : 3 000 collaborateurs sur six étages sur 24 000 m2 avec un parc d'1 hectare. "Le projet Workplace [...] repose sur trois objectifs : faire vivre une expérience 5 étoiles à nos clients, mettre la technologie au service de nos expertises et faciliter les interactions entre nos équipes afin de favoriser le mieux vivre/ travailler ensemble", explique Geoffroy Schmitt, associé en charge du projet de transformation PWC.

"Floor service" : la conciergerie inspirée de l'hôtellerie

Parmi les services proposés figurent les classiques salles de sport avec cours individuels ou collectifs (yoga, ..) , salons individuels avec canapés, espaces de restauration, ou une salle de sieste au dernier étage... Mais aussi une salle de musique avec des instruments (guitare, batterie, ...) pour permettre aux salariés d'exercer leur esprit créatif. Grâce aux nouvelles technologies, les collaborateurs munis d'un badge ont accès à des casiers qu'ils peuvent ouvrir et fermer à leur gré. De même ; avec une appli baptisée " Myworkplace", ils peuvent en quelques clics réserver des services comme commander des plateaux-repas quand ils sont en salle de réunion avec leurs clients. "Côté digital toujours , nous offrons une salle immersive baptisée la "Delta Room", avec des écrans d'images un peu comme dans le film Minority Report", explique Yves Grimaud, directeur achats et immobilier en charge du projet Workplace.

À chaque étage de l'immeuble, un système baptisé "floor service" offre des prestations de conciergerie. "Une personne est dédiée à chaque étage avec un rôle un peu similaire à celui d'un concierge dans un hôtel", précise Yves Grimaud, directeur achats et immobilier en charge du projet Workplace. Pour s'ancrer dans la ville de Neuilly et les communes proches, PWC travaille avec une teinturerie des Hauts-de-Seine, un fleuriste neuilléen ou encore un ostéopathe de Courbevoie.

Pour la mise en place de ces différents services, les collaborateurs de PWC ont été sollicités. "Nous avons misé sur la co-construction et près de 1 500 collaborateurs ont donné leur avis", se félicite Yves Grimaud. C'est d'ailleurs grâce à ces échanges que la salle de musique a vu le jour. Régulièrement, les salariés sont invités via des questionnaires de satisfaction, des boîtiers de validation ou au retour des "floor services", à donner leur avis sur les différents services offerts par leur employeur. Parmi les prochaines pistes à explorer, figurent notamment l'achat de places de crèches "à proximité du domicile des collaborateurs", conclut le directeur achats et immobilier.

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