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Les facilities se mettent au vert

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Les facilities se mettent au vert

Qu'il s'agisse d'équipements, de fournitures et de services, les offres "vertes" en matière d'achats généraux sont aussi diversifiées que difficiles à identifier.

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Alors que la COP21 s'est tenue fin novembre à Paris et que la nécessité d'évoluer vers une économie circulaire se fait de plus en plus pressante, la problématique des achats durables se pose toujours avec autant d'acuité. Dans les entreprises françaises, il semble que la prise de conscience soit en cours, puisque d'après l'édition 2015 du baromètre "achats responsables", établi par OpinionWay pour l'ObsAR(1), un responsable des achats sur trois considère qu'il est prioritaire d'englober une part de développement durable, en matière d'achat, contre environ 10% qui n'en voient pas l'intérêt.

Les achats responsables progressent peu

La mise en place d'une telle politique responsable progresse (+6% cette année pour atteindre 84%), mais ralentit depuis trois ans. L'Observatoire des achats responsables l'explique par les effets bloquants, ou retardateurs, des changements de cap opérés par les directions des entreprises ces derniers mois. Celles-ci seraient en effet à la fois préoccupées par leurs résultats financiers à court terme et demandeuses de solutions pour l'avenir. Écartelées entre ces deux impératifs, les directions des achats peinent à imposer leur vision et à engager une stratégie de long terme.

Autre enseignement qui, lui, apparaît comme un signal positif: la formalisation des objectifs, quant à la mise en place d'une politique d'achat responsable, se concrétise peu à peu au sein des entreprises et des services publics. Et lorsque ce cap est fixé, les résultats sont conformes aux attentes dans 55% des cas et les dépassent parfois (6%).

L'enquête de l'ObsAR pointe néanmoins des manques criants, comme la faible prise en compte du coût global et de l'écoconception, ainsi que des "ratés" inquiétants, notamment au niveau des délais de paiement qui dérapent. À ce sujet, Bercy vient de publier la liste des plus mauvais payeurs, dans laquelle apparaissent, dans l'ordre, Numéricable, SFR, Airbus Helicopters (375 000 € d'amende), Paul Prédault (100 000 €) et Comasud (87 900 €).

(1) L'ObsAR (Observatoire des achats responsables) est un think-tank qui a pour objectif de créer un lieu d'échanges, de connaissance et d'approfondissement des bonnes pratiques en matière d'achats responsables en France.

>> Lire la suite de l'article en page 2

Manifeste "0 déchet, 100% croissance"

L'acheteur doit en réalité mener une veille sur toutes les familles de produits dont il a la responsabilité. Par exemple, dans le secteur de la papeterie, qui représente une consommation de 70 à 80 kg par an et par salarié français(1), l'offre en papier recyclé ne cesse de s'élargir. "Les vieux papiers, recyclables au moins cinq fois, sont un champ d'exploration extraordinaire pour l'économie circulaire", s'enthousiasme Géraldine Poivert, directrice générale d'Ecofolio, société privée agréée par l'État pour collecter et recycler le papier en France, qui vient de publier le Manifeste "0 déchet, 100 % croissance".

Fruit d'un travail d'écoute des divers acteurs de la filière papier, ainsi que d'économistes, d'élus, de sociologues et de penseurs, ce document élaboré en partenariat avec le cabinet Asteres milite en faveur de l'économie circulaire des papiers. Il propose trois axes de travail et dix actions au service d'un projet industriel créateur de valeur.

- Valoriser la ressource que sont les vieux papiers par:

  1. Une réforme de l'outil industriel de collecte et de tri (investir plutôt que soutenir).
  2. Une plus grande cohérence dans le financement de la filière.
  3. Une clarification de la signalétique pour une sensibilisation plus efficace (tous les papiers se trient et se recyclent).
  4. Une organisation optimale du marché et de la reprise des vieux papiers.
  5. Un remplacement du terme "déchets" par celui de "ressources" dans toutes les communications officielles.

- Stimuler la demande de papiers recyclés par:

  1. Le levier de la commande publique.
  2. Un signal prix approprié.

- Accompagner la réindustrialisation de la filière:

  1. En ouvrant, dans le cadre du volet "économie circulaire", des investissements d'avenir. Les auteurs proposent de les financer en y affectant les nouvelles recettes issues de l'augmentation de la Taxe générale sur les activités polluantes (TGAP).
  2. En favorisant la création de clusters intersectoriels à l'échelle régionale afin de créer des synergies et attirer les investissements.
  3. En favorisant la création de formations axées sur la gestion des ressources et l'économie circulaire dans les grandes écoles et les universités, afin d'attirer les jeunes talents et de favoriser l'innovation.

L'enjeu n'est pas neutre car, d'après une étude menée par l'Ademe et Revipap, le coût de la consommation de papier à usage interne, pour une entreprise de plus d'une ­centaine de salariés, est de 10 000 à 25 000€ par an. À ce coût, s'ajoutent des frais d'équipement liés à la quantité de papier consommé: achats de consommables (cartouches d'encre), maintenance des imprimantes, etc.

Les impressions inutiles (oubliées sur le copieur ou jetées avant lecture) représenteraient déjà un coût de 400 millions d'euros chaque année en France, tandis que les coûts des matières premières ne cessent d'augmenter. Comme tout produit consommé, le papier a un impact sur l'environnement tout au long de son cycle de vie (extraction de la matière première, transformation, fabrication, distribution, utilisation et traitement des déchets).

Néanmoins, l'industrie ­papetière européenne a réalisé ces dernières années des efforts importants pour limiter son empreinte environnementale. Par exemple, le recours à la cogénération (production combinée de chaleur et d'électricité) et la gestion responsable des forêts ont permis une réduction des émissions de CO2 et une augmentation de la surface des forêts européennes.

>> Pour aller plus loin, consultez le dossier "COP21: pourquoi miser sur les achats verts?"



L'ObsAR prend acte que la période de sensibilisation doit céder la place à l'élaboration et à la mise à disposition de méthodes et d'outils, afin de prouver la pertinence économique des politiques et pratiques d'achats responsables et d'accompagner les acheteurs dans leurs démarches.

Dans le secteur public, après la concertation menée durant l'été 2014, le nouveau Plan national d'action pour les achats publics durables (PNAAPD) a été officiellement validé en mars dernier. Objectif: "S'attaquer de façon pragmatique, et sur la durée, aux obstacles qui ralentissent la montée en puissance de l'achat public durable: convaincre les décideurs, accompagner les acheteurs, dialoguer avec les autres acteurs essentiels que sont les entreprises et leurs organisations représentatives, montrer, démontrer, valoriser, évaluer". Ce plan d'action ambitieux devrait être mis en oeuvre d'ici à 2020.

Une vraie démarche d'investigation

Papier recyclé, fournitures "vertes", regroupement de services: concernant les facilities, la mise en place d'une politique de développement durable nécessite d'abord un examen de l'ensemble des achats. Complexe et incontournable, le sourcing permettra, à cet effet, de différencier les offres réellement "vertes" de celles qui en ont seulement l'apparence. Un procédé efficace consiste à vérifier, dans la fiche technique des produits, l'existence d'une véritable gamme dédiée et la part de chiffre d'affaires que celle-ci représente.

Les fabricants communiquent volontiers sur leurs démarches environnementales et ne se font pas prier pour les mettre en avant dans leurs différents supports de communication. C'est le cas de Bic (16 produits labellisés NF Environnement), qui dispose d'une rubrique spécifique sur son site internet.

Mais mener une politique d'achat responsable dépasse évidemment le simple choix des fournitures. Il est indispensable de collecter des informations sur les méthodes de production (implantation des usines, empreinte carbone, etc.) et sur le respect des conditions de conception.

D'autres pistes peuvent être explorées, afin de faire passer les services généraux à l'heure du développement durable. Il peut être pertinent de s'intéresser au recyclage des produits utilisés. En France, une filière "réemploi et réutilisation" a ainsi été créée pour le mobilier de bureau. Deux ans après la signature de ses premiers partenariats avec des entreprises de l'Économie sociale et solidaire (ESS), son développement et sa promotion ont été confiés à Valdelia, un éco-organisme à but non lucratif agréé par le ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie. Le premier bilan est positif, puisque les dons de meubles usagés confiés en 2014 par les professionnels à la centaine de partenaires de Valdelia sont en forte croissance, et que le niveau de réemploi de ces déchets est élevé.

En faisant appel à un tel organisme, l'acheteur offre au mobilier professionnel une seconde vie, se débarrasse des meubles usagés et répond à des enjeux de RSE en contribuant à une action sociale et environnementale.

>> Lire la suite de l'article en page 3

 
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