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Publié par Aude Guesnon le - mis à jour à

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L'Union européenne et la France ont pourtant pris des mesures pour obliger les industriels à recycler leurs déchets électroniques ...

Les "mines urbaines" ou D3E (Déchets d'Équipements Électroniques et Électriques) sont un vrai enjeu, la teneur des métaux rares dans nos smartphones et autres outils électroniques du quotidien est plus élevée que dans les filons des mines.

Il se développe au niveau mondial une géopolitique des déchets. On a récemment vu la Chine et des pays d'Asie du Sud-Est renvoyer les déchets - plastique notamment- aux pays occidentaux en refusant d'être nos poubelles. Le refus des déchets plastiques de la part des pays d'Asie du Sud-Est a montré à quel point nos sociétés sont incapables de traiter ces déchets.

Derrière ces pressions sur les déchets classiques, d'autres pays, Japon en tête s'activent en coulisse. Le Japon s'est rendu compte de sa dépendance importante aux métaux rares chinois. Le pays du soleil levant en tant que pays isolationniste fait face à la problématique des ressources limitées sur son territoire. Mais tout comme la Chine, le Japon possède une capacité de projection stratégique à long terme dans une optique de souveraineté, même si cela implique des pertes financières à plus court terme.

Le Japon, en plus de collecter admirablement bien ses D3E sur son sol, n'hésite pas à siphonner ceux de certains pays européens. Une grande partie de nos D3E sont exportés vers le Japon, permettant à ce dernier de récupérer les métaux les composants.

Quels moyens de substitution aux métaux/terres rare ? Des tests sont-ils en cours chez certains industriels ?

Si la substitution était simple, elle serait mise en place plus souvent. Elle permettrait de réduire les coûts et de s'adapter à la hausse de certains métaux. Substituer un métal par un autre demande des investissements en R&D conséquents. De plus, le passage à une échelle industrielle, quand il est possible, prend du temps.

Substituer ces métaux rares, et les terres rares tout particulièrement est un défi énorme. Certaines personnes préconisent de substituer une terre rare par une autre quand elles ont des propriétés similaires. L'idée étant de prendre la terre rare la moins critique.

Un bon premier point pour les acheteurs est d'abord de se tourner vers les départements d'ingénierie, afin de voir la nécessité de chaque métal dans les produits. L'autre point et de les challengers sur la part de ces métaux. Certains industriels ont demandé à leurs départements d'ingénierie de diminuer la part du néodyme (autour de 30%) dans les aimants de terres rares, afin de réduire le besoin global de l'entreprise et de se protéger d'une éventuelle pénurie de ce métal. Il y a aussi eu des travaux menés afin de concentrer le dysprosium nécessaire dans les aimants permanents d'éoliennes afin de pouvoir en diminuer la quantité totale.

Nous avons des exemples de substitution, comme le choix de Renault pour sa Zoé ou la volonté de Tesla de se passer du cobalt pour ses batteries.

Les éoliennes terrestres, ont pour une partie, réussi à se passer de l'utilisation de terres rares dans leur moteur. L'ADEME le souligne dans son dernier rapport. Reste la question de l'Offshore, utilisant principalement des aimants, nécessitant moins de maintenance.

Les chercheurs de leurs côtés travaillent sur des solutions technologiquement avancées, mais non réalisables à court terme à une échelle industrielle.

La question que je me pose est comment les industriels peuvent-ils se protéger de la demande de nouveaux acteurs sur leurs métaux stratégiques? C'est une situation qu'on a vue dans l'aéronautique avec le ruthénium, prévu pour créer des superalliages, mais qui a été freinée, car l'explosion de la production de disques durs a saturé l'offre. Certains industriels pourraient être sous la menace de l'arrivée d'une autre grosse industrie sur les métaux rares qu'ils utilisent.

Comment les achats peuvent-ils concilier achats de métaux rares et politiques RSE mise en avant par les grands groupes ?

Les questions de RSE vont concerner dans un premier temps les métaux de conflits avec des programmes de surveillance de conformité, notamment avec les nouvelles réglementations européennes sur les 3TG prévus pour 2021. Une bonne traçabilité des métaux rares utilisés sera indispensable.

L'autre action qui me semble nécessaire pour les acheteurs est, comme dit avant, d'allouer une faible partie de leurs quotas d'achats à des recycleurs locaux, en filière courte, même si le prix d'achat est supérieur, pour permettre à cette filière de se développer.

Et puis finalement, comme mot de la fin, afin de réduire nos émissions, limiter le transfert de technologie, assurer notre souveraineté et gérer ce monde complexe et incertain, ne devient-il pas indispensable de développer des supply chain globales au niveau d'un pays, d'une région ou d'un continent ?

 
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Aude Guesnon

Rédactrice en chef de décision-achats.fr et de Décision Achats

Après avoir exercé plus de dix ans en tant que réactrice en presse quotidienne, j’ai voulu découvrir un autre pan du métier : je suis devenue [...]...

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