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Le plastique est un matériau pratique, pas cher, qui est une barrière absolue, etc. Si bien qu'il est devenu le standard. Mais est-ce que l'on a toujours besoin d'une barrière à la lumière, d'un packaging qui dure dans le temps, etc. ? "L'objectif de ce programme était de partir des besoins réels pour sourcer ensuite mondialement des innovations pouvant remplacer le plastique", rapporte Géraldine Poivert. Ainsi, une quinzaine d'innovations ont été repérées par RE(SET) qui ont ensuite été disséquées par Carrefour, Système U et leur écosystème à l'occasion d'un bootcamp. "Nous avons parlé des machines, des tests, du modèle économique, des coûts, de la répartition des investissements entre les différents acteurs... ", énumère Géraldine Poivert, soulignant qu'étaient présents aussi bien des chimistes que des personnes du marketing. "En étant tous ensemble, on va plus vite et on donne plus de chances au projet d'aboutir". L'engagement est donc très concret et devrait aboutir à la commercialisation de nouveaux produits avant la fin de l'année.

Laurent Francony, directeur de la qualité de Carrefour, est satisfait de ce groupe de travail mis en place avec RE(SET). "L'innovation collective est nécessaire : les industriels apportent leur savoir-faire en termes de conservation produit et d'emballage, tandis que les start-up nous font découvrir de nouvelles solutions techniques", explique Laurent Francony. Actuellement, une vingtaine de pilotes seraient en cours afin de tester de nouvelles solutions à base de fibres, mais qui ont les mêmes propriétés que le plastique pour s'assurer qu'elles correspondent bien aux besoins et qu'elles sont bien recyclables par la suite.

Carrefour ne se limite pas à ce projet avec RE(SET) ; il est aussi en train de monter une filière de recyclage de PET opaque, pour recycler les bouteilles de lait. "Nous avons trouvé une solution technique pour qu'une bouteille de lait soit recyclée en bouteille de lait. Nous sommes prêts industriellement, des tests consommateurs ont été réalisés car la bouteille est grise et non blanche. Au cours de l'année 2020, nos bouteilles de lait bio de 1 litre entier et écrémé seront produites à partir de bouteilles recyclées, ce qui nous permettra d'économiser 80 tonnes de plastique vierge. Nous élargirons ensuite à l'ensemble des bouteilles de lait, lorsque nous aurons suffisamment de PET opaque", raconte Laurent Francony.

Pénurie de plastique recyclé

En effet, le passage du plastique classique à un autre matériau ou à du plastique recyclé pose un autre problème que le défi technologique : celui du sourcing. La société Rainett, qui compte 65% de plastique recyclé dans ses emballages et qui est en train de passer à 85%, en fait l'expérience :

Benoit Renauld

"Il est difficile d'obtenir de la matière première, pointe Benoît Renauld, directeur général France de Rainett. Nous avons lancé des initiatives afin de fédérer l'amont, l'aval et le latéral". Au-delà de la problématique du sourcing, se pose celle du prix de la matière première : S&P Global Platts rapporte que le plastique recyclé est devenu l'an dernier plus cher que le vierge, la demande ayant bondi en Europe. Une nouvelle hausse de prix est d'ailleurs à attendre, le plastique recyclé n'équivalant pour l'instant qu'à 8% de la production mondiale de PET vierge.

Ainsi, les entreprises s'organisent pour développer leur propre filière de recyclage. Rainett, par exemple, travaille avec l'ensemble de son écosystème, c'est-à-dire les recycleurs, bien sûr, mais aussi les fabricants de machines de tri abouties, les distributeurs et les autres industriels. "C'est une initiative ouverte. Nous ne pouvons pas travailler seuls sur un tel sujet car, pour que nous soyons suivis par les fabricants de machines de recyclage, des débouchés importants doivent exister. Il faut du volume", explique Benoît Renauld. La collaboration ne doit donc pas se limiter aux fournisseurs pour développer des filières de recyclage. "En matière de recyclage, il faut des gros volumes. Il n'est pas possible de faire du sur-mesure", approuve Nathalie Paillon, directrice des opérations et des études de l'Observatoire des achats responsables (ObsAR). Collaborer avec d'autres acteurs permet aussi, nous l'avons vu avec RE(SET), de davantage innover. Par exemple, Nestlé, Mars, Total et Recycling Technologies se sont associés pour développer une filière industrielle innovante de recyclage chimique en France.

Au-delà de l'utilisation de plastique recyclé, Rainett prend d'autres initiatives afin de réduire sa consommation de plastique vierge. Par exemple, les lessives seront désormais plus concentrées et les bidons ne sont donc plus que de 50 ml, contre 66 ml, auparavant. "Nous avons assumé de réduire le facing afin de réduire nos emballages", révèle Benoît Renauld, qui annonce par ailleurs avoir réintroduit les lessives en poudre, qui sont emballées dans du carton. Rainett se penche aujourd'hui sur les recharges : elles utilisent moins de plastiques, mais ne sont pas recyclables car multicouche ; Rainett souhaite lancer une recharge monocouche.

La société a également réfléchi au vrac, mais sans trouver de solution satisfaisante. "Il faut approvisionner les machines qui distribuent la lessive aux consommateurs, avec des bidons de maximum 10 kg pour que l'impact sur la santé du personnel ne soit pas trop important. La réduction des emballages n'est donc pas énorme. Par ailleurs, il faut construire cette machine, la nettoyer et la maintenir. Le bénéfice n'est donc pas significatif", analyse Benoît Renauld. Quant à la consigne, le directeur général France de Rainett n'y croit pas : "Récupérer nos propres bouteilles est trop complexe", pense-t-il.

Carrefour ne se ferme quant à lui aucune porte. Le vrac s'est implanté dans de nombreux magasins de l'enseigne avec succès, et le groupe s'est également lancé dans la consigne avec l'opérateur Loop, un modèle de distribution e-commerce basé sur la consigne. "L'objectif de notre partenariat avec Loop est de créer un modèle permettant aux industriels et aux distributeurs d'expérimenter, avec les consommateurs, un modèle qui élimine l'emballage jetable", livre Laurent Francony. Mais cela n'est pas encore totalement fluide en termes de logistique et de format d'emballage.

Lire la suite en page 3 : La question de fin de vie des emballages - et l'interview de Rémi Rocca, directeur achats, environnement, qualité et logistique de McDonald's France: "Nous choisissons la meilleure technologie, en nous préoccupant en priorité de la question de la sécurité alimentaire"


 
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Eve Mennesson

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