Le transport et le COVID-19 : impacts, conséquences & transformations
Les chargeurs estiment que les entreprises donneuses d'ordres devraient accepter d'éventuels surcoûts ponctuels et surtout s'engager sur des contrats de long terme pour les épauler eux ainsi que les transporteurs français.
Je m'abonneLa pandémie a des impacts sur le secteur du transport en France. En ces temps de déconfinement, les questions sont omniprésentes et les réponses ne sont pas toujours celles espérées. Bp2r, conseil en optimisation transport, a donc mené l'enquête pour déterminer les enjeux de demain du secteur du transport.
Des chargeurs largement touchés par la crise
La mise à l'arrêt de l'économie a eu de lourds impacts sur les volumes transportés. Sur le B2B surtout, où les répondants rapportent une baisse de 13% de ces volumes. En revanche, le e-commerce s'est développé avec le confinement, ce qui a entraîné, en B2C, une hausse de 2% des volumes transportés.
Outre les volumes, les opérations de transports ont également été bouleversées, en particulier les flux internationaux. Entre la fermeture des frontières, l'arrêt du trafic aérien et la situation en Chine, les répondants sont ainsi 46% à constater de fortes perturbations. Et 41% constatent des "perturbations modérées" ces derniers mois sur les flux overseas.
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Malgré ces perturbations, les donneurs d'ordre sont majoritairement satisfaits de la mobilisation de leur transporteur et lui ont donné une note moyenne de 4,1 sur 5. La contribution des outils digitaux lors de cette crise, enfin, a été diversement appréciée : si l'apport du pilotage et du tracking a été majoritairement apprécié, les plateformes collaboratives, et surtout d'intermédiation, sont plus en retrait.
Des perspectives de sortie de crise incertaines
A court-terme, les chargeurs sont divisés sur l'horizon de retour à la normale : ils sont 28% à faire le pari d'un retour rapide à un niveau de volumes transportés d'avant crise, dans les 3 prochains mois. 28% estiment qu'il est plus raisonnable d'espérer un retour à la normale à la rentrée scolaire 2020 et 26% craignent que ce ne soit pas avant fin 2020.
Même incertitude sur l'évolution des coûts, hors gazole, sur le dernier semestre 2020, même si des tendances se dégagent : hausses significatives sur l'overseas - surtout l'aérien, augmentations limitées voire stagnation sur le terrestre.
Enfin, on le sait, la majorité des transporteurs français sont de petites entreprises, et les chargeurs pourraient légitimement s'inquiéter de la santé de leurs prestataires : 43% des répondants reconnaissent craindre "modérément" pour leur survie, 24% "faiblement" et 7% "fortement". Pour les épauler, ils sont majoritaires à estimer que les entreprises donneuses d'ordres devraient accepter d'éventuels surcoûts ponctuels et surtout s'engager sur des contrats de long terme.
Et après ? La résilience et l'agilité au coeur du transport de demain
Sans grande surprise, les chargeurs semblent avant tout prioriser la résilience et la fiabilité du transport : parmi les cinq grands enjeux cités, il est le plus priorisé, avec une note moyenne de 3,5. Suit immédiatement l'agilité et la capacité à réagir, avec une note de 3,4. La réduction des coûts est à 3,3.
La digitalisation arrive en 4e position. Lorsque l'on demande plus directement aux personnes sondées si la crise sanitaire va accélérer la transformation digitale du transport au sein de leur entreprise, ils sont 10% à estimer que cela va devenir l'enjeu numéro 1, et 21% à déclarer que c'était déjà le cas avant. 43% pensent que cette accélération aura lieu une fois que des enjeux plus prioritaires auront été traités.
Enfin, malheureusement, le renforcement de la démarche RSE transport est assez nettement relégué au second plan. Cela apparaît clairement lorsque l'on demande aux donneurs d'ordres si la crise du COVID-19 va accélérer la transition écologique du transport au sein de leur entreprise. Ils ne sont que 14% à répondre que oui, 59% à estiment que cela ne changera rien et ils sont surtout 27% à estimer qu'elle va au contraire la reléguer au second plan.