CSRD, où en est-on ?
La Directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) représente une avancée majeure dans l'harmonisation des pratiques de reporting ESG des entreprises. Adoptée par la Commission Européenne le 10 novembre 2022 et transposée en droit français le 6 décembre 2023, celle-ci est entrée en vigueur le 1er janvier 2024. Cette enquête, réalisée au premier trimestre 2024 auprès de 85 entreprises françaises et des membres du C3D, vise à faire un état des lieux des premiers mois d'application de la CSRD.

L'enquête menée par le Collège des directeurs du développement durable révèle que la mise en oeuvre de la CSRD représente encore un défi significatif pour les entreprises. Dans 20 % des cas, la mise en oeuvre de la CSRD est copilotée. La mise en conformité nécessite en moyenne un à deux ETP (équivalent temps plein), ce qui met en évidence l'ampleur des efforts à fournir. Les entreprises doivent souvent réallouer des ressources internes pour répondre aux nouvelles obligations.
Par ailleurs, 90 % des entreprises ont fait appel à des partenaires externes pour tout ou partie de leur projet CSRD. La moitié des répondants estiment le budget de mise en conformité entre 50 000 et 200 000 euros. Ce coût inclut la formation, l'acquisition de nouveaux outils de reporting, et l'accompagnement par des consultants spécialisés. Les entreprises prévoient également une augmentation significative du nombre d'indicateurs ESG collectés, passant de quelques dizaines à plusieurs centaines, pour répondre aux exigences détaillées de la CSRD.
Une mise en place suivie de près mais encore lente
En termes d'avancement et de suivi des travaux, 67 % des entreprises indiquent que leur Direction Générale suit directement les travaux de mise en place de la CSRD. De plus, 53 % des entreprises ont présenté un point d'avancement à leur Conseil d'Administration, et 65 % estiment être dans les temps pour la mise en place de la CSRD. Concernant les coûts et les ressources, pour 40 % des entreprises, la surcharge de travail équivaut à un ETP, et pour 26 %, à deux ETP. 63 % des entreprises ont utilisé à la fois des ressources internes et externes pour la mise en place de la CSRD, et 75 % estiment le budget nécessaire entre 1 000 et 200 000 euros.
Pour rappel, à partir de janvier 2025, la CSRD concernera les entreprises cotées sur le marché réglementé européen. En janvier 2026, ce sera au tour des grandes entreprises non cotées remplissant au moins deux des trois critères suivants : 250 collaborateurs, 50 millions d'euros de chiffre d'affaires, ou 25 millions d'euros de bilan. Ensuite, en janvier 2027, les PME cotées sur le marché réglementé européen devront se conformer à la directive, avec une possibilité d'opt-out jusqu'à N+2. Enfin, en janvier 2029, les filiales de groupes non européens ou grandes entreprises de pays tiers ayant un chiffre d'affaires net supérieur à 150 millions d'euros dans l'Union Européenne seront également concernées.
L'impact encore mitigé de la CSRD sur le recrutement
Malgré la reconnaissance de la CSRD dans sa capacité à transformer les organisation, staffer en conséquence demeure un sujet. Un peu plus de la moitié des répondants estiment qu'il sera nécessaire d'accroître le nombre de collaborateurs alloués à l'équipe RSE. À court terme, les recrutements auront pour but de renforcer le processus de collecte des données extra-financières pour 25 % des répondants. Si 37 % des répondants n'envisagent pas de recrutement à court terme, 30 % des répondants pensent procéder à des recrutements internes en CDI / CDD. Concernant les recrutements à courts termes, ceux-ci auront pour objectif de renforcer le processus de collecte des données extra-financières.
Les profils les plus recherchés sont les responsables extra-financier, les responsables climats et les directeurs RSE.
Méthodologie
L'enquête a été réalisée au premier trimestre 2024 auprès d'entreprises françaises et des membres du C3D. Les répondants sont majoritairement issus de grandes entreprises. 65 % ont un CA supérieur à 1 milliard d'euros, 53 % des répondants sont issus de la direction RSE, la finance représente 16 % et les directions générales 12 %. Moins de la moitié des répondants (49 %) ne font pas partis de sociétés cotées en Bourse. 33 % des répondants n'étaient pas soumis à la DPEF et 13 % sont issus de filiales non-européennes.
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