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Charité bien ordonnée commence par soi-même

Les entreprises commencent à se rendre compte que le "greenwashing", ou les effets d'annonce non suivis d'effets sont contre-productifs, car ils ?peuvent nuire considérablement à leur image et à la réputation de l'entreprise et risquent de devenir la cible d'associations et de lanceurs d'alertes. Beaucoup d'entre elles se sont donc lancées en réaction, parfois de façon un peu désordonnée, à coeur perdu dans une politique d'achats responsables.

Brice Malm

"Il faut commencer par nommer un leader achat responsable idéalement rattaché à la direction RSE, s'il en, existe une, elle-même dans la mesure du possible rattachée à la direction générale ou membre du Comex afin d'entraîner tout l'écosystème achats et fournisseurs dans la démarche, explique Brice Malm, pour Michael Page, et ensuite, il faut définir les priorités et y aller par étape, c'est-à-dire ne pas vouloir tout changer d'un coup, et surtout ne pas imposer à ses fournisseurs des obligations intenables." Les pouvoirs publics ont bien compris la situation puisque suite à un rapport remis à Olivia Grégoire, Pierre Pelouzet a mis en place un parcours vers l'obtention du label relations fournisseurs et achats responsables (Lire Un "parcours national des achats responsables" pour inciter à la labellisation). "La signature de la charte devient l'entrée du parcours, et est accompagnée d'un autodiagnostique qui permet aux signataires de connaître leurs marges de progression, raconte le Médiateur des entreprises. Ensuite, le label propose trois niveaux ; bronze, argent et or, qui sont autant d'étapes vers l'excellence en matière d'achats."

Ne pas de précipiter donc, et surtout montrer l'exemple. Car trop souvent encore, les entreprises demandent à leurs fournisseurs de s'engager sur les matières premières vertueuses, le bilan carbone neutre, les droits humains... Des efforts qu'elles n'entreprennent pas toujours elles-mêmes !

Encore des obstacles à franchir

Quand on lui demande où se trouvent les axes d'amélioration concernant les achats responsables et les relations entre acheteurs et fournisseurs, Pierre Pelouzet n'y va pas par quatre chemins. "Les délais de paiements sont un véritable point de blocage, un mal bien français, d'ailleurs je pilote un comité de crise sur la question", répond-t-il. Pour le Médiateur des entreprises, le travail en coût complet, qui prend en compte cycle de vie (de la matière première au recyclage) du produit qu'on achète n'est pas encore assez pris en compte, même si cela progresse.

Pour Olivia Grégoire, "le premier des freins, c'est qu'on a trop longtemps perçu et présenté la RSE comme une contrainte réglementaire. Par manque de temps ou de pédagogie, la RSE n'a pas été traitée comme un atout stratégique, et a souvent été vue comme un poste de dépenses accessoire à gérer dans un contexte de contraintes de court terme : quand il fallait sabrer dans les budgets, la RSE était la première victime. Elle a été cantonnée à une démarche d'image de marque et de communication. C'est ce qui a d'ailleurs conduit à des campagnes d'éco-blanchiment qui, dénoncées par les ONG, qui ont au moins permis de faire prendre conscience du risque réputationnel inhérent à une RSE de vitrine. Heureusement, depuis 2017, les choses sont en train de changer. L'un des grands apports du quinquennat sur ce sujet a été la loi PACTE (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), qui a permis de proposer une vraie boîte à outils au service des entreprises souhaitant devenir plus responsables", analyse-t-elle.

Des défis à venir

Malgré ces obstacles, les multiples prises de conscience (consommateurs, salariés, directions, etc.) vont dans le sens d'une généralisation des achats responsables. Mais il n'est pas interdit de donner un coup de pouce au phénomène. Ansi, avec la réformé du label RFAR, les acteurs publics vont devoir se montrer encore plus exemplaires et tenter de l'obtenir en masse. Objectif : 80% des achats de l'Etat labellisés à fin 2022 !

Ministère des Armées : le bon élève

En 2010, le ministère des Armées fut un des premiers à signer la charte des Achats Responsables et depuis 2014, il est détenteur du label Relations Fournisseurs Achats Responsables. Il est remis pour une durée de trois ans, avec une vérification annuelle sur des critères rédhibitoires par un auditeur indépendant agréé. En 2021, son budget se montait à 39,2 milliards d'euros. Le site internet des achats du ministère est le vecteur d'environ 5 milliards d'achats par an, ce qui en fait le plus gros acheteur public labellisé.

 
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Fabien Humbert

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