Florilège de mauvais achats (hors de France)
Réussir un acte d'achat n'est pas chose simple. Nous vous présentons un petit florilège de loupés Achat ... hors de France.
Je m'abonneLes loupés, qualifié de « Bad Buying » (Mauvais Achat) par Peter Smith, touchent tout type de structure et peut s'expliquer par une multitude de facteurs : l'incompétence et la paresse de certains acteurs, le manque de connaissances ou d'informations, une mauvaise stratégie, des lacunes dans le process achat et/ou management. En voici quelques beaux exemples...
Le Gouvernement Irlandais et ses imprimantes KOMORI
En 2018, le gouvernement irlandais a décidé d'acheter des imprimantes de pointe de la marque Komori. Le principal problème fut plutôt lors de la réception de ces dernières. Les fonctionnaires se sont aperçus qu'elles ne pouvaient pas passer les portes du bâtiment où elles devaient être installées. En plus des 808.000 euros dépensés pour l'acquisition des imprimantes, le gouvernement irlandais a dû débourser 236.000 euros pour leurs stockages, le temps de trouver une solution. Cette situation aurait pu être évitée avec une meilleure définition du produit et de ses caractéristiques, en l'occurrence ses dimensions.
Une perte de 300 millions de dollars pour l'Etat du Queensland
Lire aussi : L'acheteur, architecte de l'économie circulaire ?
C'est sur la chaine ABC News que des milliers d'Australiens ont appris l'énorme erreur commise par l'Etat du Queensland. En commandant 75 nouveaux trains auprès de la multinationale canadienne, Bombardier, et ce pour la modique somme de 4, 4 milliards. Au menu : Problèmes d'accessibilité PMR, de réglementation d'hygiène et un supplément de 300 millions de dollars. Mais que s'est-il réellement passé ?
Il y a eu dès le départ une mauvaise description du besoin, ce qui a engendré plusieurs modifications du projet et donc de l'achat, débuté en 2008. Le process s'est clôturé en 2017. Et surtout, aucune expertise en interne n'a été sollicitée en amont. L'Etat a eu une confiance aveugle en son fournisseur. Cerise sur le gâteau, lorsque certains acteurs se sont aperçus des problématiques en 2012, ils n'ont pas jugé bon de le mettre en stand-by et le retravailler, mais au contraire de poursuivre. Résultat : en plus des dépenses supplémentaires l'Etat du Queensland ne recevra la totalité de ses trains qu'en 2024, pour un projet débuté en 2008.
Le stylo de l'espace américain, l'achat qu'il ne fallait pas faire.
Lors d'une conférence un scientifique américain s'est vanté du fait que les Etats-Unis ont passé beaucoup d'années et dépensé des millions de dollars pour développer un stylo permettant aux astronautes d'écrire dans l'espace. Compte tenu de l'effet de l'impesanteur, il est impossible d'écrire dans l'espace avec un stylo conventionnel. Un de ses confrère, russe, lui aurait tout bonnement répondu que les russes, eux, avaient choisi d'utiliser un « crayon à papier ». Bien qu'un acte d'achat puisse avoir été mené à bien, c'est-à-dire en respectant le cahier des charges, avec le bon fournisseur et un contrat avantageux, si le produit ou service acheté ne répond pas réellement au besoin initial ou y répond mais en ayant couté dix fois plus cher, cela peut également être synonyme de mauvais achat.
Bien que le risque zéro n'existe pas lors d'un achat, il existe cependant quelques principes de base permettant grandement de le limiter : une bonne description de ce que l'on souhaite acheter (produit ou service), s'adapter aux changements ou avoir une expertise en interne. Evidemment ses loupés Achats ne pourraient jamais avoir eu lieu en France ...