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De l'importance du bon de commande

Au-delà de cette mauvaise adaptation aux problématiques de ses fournisseurs, des process défaillants conduisent les donneurs d'ordre à mal agir vis-à-vis de leurs fournisseurs. Pierre Pelouzet rapporte qu'une des causes majeures de l'allongement des délais de paiement est un bon de commande déficient ou non envoyé. "S'ils n'ont pas reçu le bon de commande, les fournisseurs ne peuvent pas facturer, ce qui allonge d'autant plus les délais de paiement", indique-t-il.

Le fournisseur qui témoigne plus haut sur les problématiques contractuelles relève un autre dysfonctionnement au niveau des process des grands donneurs d'ordre: leur lourdeur. En effet, faire évoluer le contrat inadapté à sa situation a pris de longs mois ; il a donc commencé à travailler pour ce client sans contrat... Et s'est retrouvé dans une position délicate. "Le client de mon client a souhaité stopper le projet plus tôt que prévu : alors que j'avais signé pour deux ans de prestation, il m'a été demandé de renoncer aux six derniers mois du projet. Or, je comptais sur les revenus générés par ce contrat de deux ans", raconte-t-il. Mais face à ses protestations, le donneur d'ordre lui oppose l'inexistence d'un contrat. Heureusement, la médiation a permis de trouver un compromis en très peu de temps. Autre autre exemple de lourdeur administrative apporté par ce fournisseur anonyme : un client pour lequel il avait déjà travaillé lui demande, au moment de renouveler son contrat, de renseigner une annexe sécurité. "Le service de sécurité informatique s'était réveillé. Or, une telle annexe ce n'est pas juste un document à remplir mais c'est accepter des clauses qui demandent des investissements conséquents. Dans les grands groupes, chaque service a son propre process sans penser à l'impact sur les fournisseurs", regrette-t-il.

Si les process évoluent, ainsi que la relation avec ses fournisseurs, les mauvaises pratiques achats devraient disparaître. "Depuis quelques années, l'évolution est plutôt positive, reconnaît Pierre Pelouzet. Mais le rythme est trop lent : la plupart des sujets auraient dû être traités il y a dix ans et cette lenteur fait que nous assistons à des catastrophes en série aujourd'hui". Acheteurs, il est temps de mettre sérieusement fin aux mauvaises pratiques achats !

TEMOIGNAGE - "Il est compliqué pour un petit sous-traitant de négocier avec un grand donneur d'ordre"

Stéphanie Pauzat vice-présidente de la CPME

La CPME est en première ligne pour constater les abus des donneurs d'ordre vis-à-vis de leurs petits fournisseurs. Stéphanie Pauzat vice-présidente de la CPME dit observer, avant même la crise du Covid-19, des délais de paiement allongés, des pressions exercées sur les prix, des pénalités de retard facturées pour motifs divers et variés, etc. "Sur les délais de paiement, qui est le sujet le plus remarquable, il n'est, par exemple, pas rare de voir des donneurs d'ordre exiger des factures trimestrielles, qui sont à chaque fois payées à 60 jours. Cela veut dire que le fournisseur doit avancer 5 mois de trésorerie", rapporte-t-elle.

Pour Stéphanie Pauzat, le problème réside dans le rapport de force, trop déséquilibré. "Il est compliqué pour un petit sous-traitant de négocier avec un grand donneur d'ordre, de lui demander d'agir différemment", souligne-t-elle. Elle donne l'exemple des pénalités de retard, qui ne sont presque jamais appliquées, le fournisseur ayant peur ne pas être retenu lors d'un appel d'offre futur.

La vice-présidente de la CPME pointe également la lourdeur administrative imposée aux fournisseurs de grandes entreprises, notamment en termes de documents à fournir. Bien sûr, cela correspond à des obligations réglementaires, mais les grands donneurs d'ordre pourraient accompagner leurs petits sous-traitants sur ces questions. "Les plateformes pour déposer ces documents devaient apporter une solution. Or, il n'existe pas de plateforme globale et les fournisseurs doivent renseigner plusieurs plateformes. La lourdeur administrative n'est qu'un peu allégée", signale Stéphanie Pauzat.

Bien sûr, Stéphanie Pauzat reconnaît que ce ne sont pas l'ensemble des grandes entreprises qui abusent de leur position dominante ; elle dit assister également à de bonnes pratiques. "Mais c'est trop lent et trop hétérogène", insiste-t-elle. Elle ne veut cependant pas opposer les grandes entreprises aux plus petites. "Je préfère inciter les grands donneurs d'ordre à jouer la solidarité, à nouer un vrai partenariat avec leurs petits fournisseurs", indique-t-elle. D'autant plus que cela améliorera leur image et que les petits fournisseurs sauront les remercier par davantage de fidélité.

 
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Eve Mennesson

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