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Supply chain : faire confiance à la donnée pour ne pas céder à la panique

Publié par le - mis à jour à
Supply chain : faire confiance à la donnée pour ne pas céder à la panique
© Goran V male

La gestion des données et l'analytique ont plus que jamais un rôle à jouer : une stratégie bien pensée sur ces sujets rendra les entreprises plus efficaces et proactives par rapport aux besoins de leurs clients.

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Qui aurait pu imaginer la pandémie mondiale du COVID-19 et la vitesse avec laquelle ses effets catastrophiques se propagent ? Chaque industrie, chaque entreprise, chaque individu voit, d'une manière ou d'une autre, sa vie affectée. Chacun comprend la nécessité de s'adapter. Progressivement, l'industrie se redéploie, la production des équipements de soins notamment augmente. A l'instar du secteur de la santé, partout la réflexion s'intensifie pour repenser les supply chains. Tout au long des prochains mois, les entreprises vont devoir tenir face à la crise, se battre, imaginer et construire une nouvelle "normalité". Dans cette bataille, il est une arme qui, bien employée, peut faire la différence : la donnée.

La supply chain aujourd'hui (ou d'hier)

Bien avant la crise, grâce à une profusion de technologies, la supply chain a gagné en efficacité. Dans le retail, l'usage intensif de capteurs IoT et RFID a permis aux distributeurs d'avoir à tout moment pleine visibilité sur leurs flux logistiques et leurs stocks. Des modèles d'analyses avancées permettent autant de s'assurer des disponibilités futures que d'alerter sur les ruptures de produits. Plus besoin de se protéger contre l'incertitude en accumulant partout des stocks. La donnée et l'algorithme ont une grande partie remplacé le stock. Les retailers pilotent leur chaîne logistique avec un minimum d'inventaire grâce à une prévision de qualité sur la demande et les livraisons. En amont de la distribution, la même logistique s'applique aux fournisseurs et fabricants : le "Just in Time" ou le "Cross Docking" ont prouvé leur efficacité pour réduire les délais de livraison et les coûts.

En général, tant que rien ne vient enrayer ces mécanismes, tout fonctionne parfaitement : le bon produit, au bon endroit, au bon moment et dans la quantité requise.

Les achats compulsifs réalisés dans la panique sèment le trouble

Mais la crise sanitaire a créé un mouvement de panique et perturbé ce système bien huilé. Les consommateurs modifient radicalement et brutalement leurs habitudes d'achats, en volume comme en nature. Les retailers voient tous les rayons de leurs magasins impactés pour les nouveaux comportements d'achat nés avec la pandémie. Certains rayons connaissent une véritable frénésie : en épicerie +175% sur les ventes de sucre, de levure et de farine, +276% sur les gants en plastique dans le rayon hygiène. D'autres produits ont subi de fortes baisses : -68% sur le maquillage et les brosses à dents, selon l'Opinion(¹).

Des stocks prévus pour une semaine se sont écoulés en une seule journée, voire quelques heures. Et cela est allé crescendo : les acheteurs ayant tendance à se fournir plus que de raison, de crainte que les produits ne soient plus disponibles. Le panier moyen du français a augmenté de 89%.

En plus d'être sous la pression de cette demande soudaine, les supply chains doivent adapter leur fonctionnement à des règles contraignantes de distanciation sociale, avec parfois des équipes en sous-effectifs et malades (²).

Des répercussions à long terme

Même si les achats compulsifs commencent à s'essouffler, et que les lignes de production s'adaptent, cette crise aura des effets durables. Nombreuses sont les entreprises qui habituellement utilisent les données sur un ou deux ans d'historique pour prévoir la demande et planifier la production. Les modèles analytiques mis en oeuvre devront donc être entraînés pour détecter "l'anomalie" due à la crise sanitaire et corriger les trajectoires prévisionnelles.

Certaines entreprises auront plus de facilités que d'autres : celles disposant de données suffisamment approfondies et étendues seront bien mieux préparées pour détecter et corriger les anomalies d'une année sur l'autre et assurer ainsi un pilotage optimal de leur supply chain. Mais celles qui disposent d'algorithmes de prévision automatisés et aveugles prennent le risque de surproduire ou de surstocker pour les prochaines saisons.

L'un des effets positifs sur le long terme reste la capacité d'anticipation et d'action que les entreprises auront acquise pour gérer la prochaine crise. Beaucoup seront bien mieux préparées : à travers leurs données, elles auront pu examiner finement ce qui s'est passé, comprendre le mécanisme et concevoir des plans de bataille efficaces. La gestion des données et l'analytique ont plus que jamais un rôle à jouer : une stratégie bien pensée sur ces sujets rendra les entreprises plus efficaces et proactives par rapport aux besoins de leurs clients.


(1) https://twitter.com/lopinion_fr/status/1248561562803109888?s=20

(2) Selon Rob Amstrong, Senior Technologist chez Teradata Don't let panic worsen the COVID-19 crisis: Let data run the supply chain https://www.teradata.com/Blogs/Don%E2%80%99t-let-panic-worsen-the-COVID-19-crisis-Let-data-run-the-supply-chain

Par Serigne Gaye, Industrial Business Consulting Manager chez Teradata

 
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