Smart city: quels bénéfices concrets pour la ville ?
Parce que la smart city est au service des politiques publiques, les acheteurs doivent s'emparer du sujet et devenir porteurs de solutions. Tour d'horizon de quelques projets présentés au salon Mobility for Business, qui rendent la ville plus intelligente et plus économe, de manière concrète.
Je m'abonneDétecter une fuite d'eau dans la rue, trouver des places de parking disponibles ou encore informer un joggeur de l'état de l'air de sa ville sont quelques exemples des apports potentiels de la smart city, ou ville intelligente, qui s'appuie pour cela sur l'internet des objets et la connectivité en mobilité. CityLity, sorte de réseau social citoyen, a mené un sondage auprès de ses utilisateurs, révélant que 28% seulement des citoyens pensaient que leur ville était intelligente, alors que 70% étaient prêts à s'impliquer dans leur ville mais ne savaient pas comment. Toujours d'après ce sondage, deux fois sur trois l'application intelligente est de type mobilité, comme Waze, et une fois sur trois du type RATP, devant l'appli de la ville. "L'intelligence de la ville est appréhendée d'abord par les transports", résume André May, co-fondateur de CityLity. Alors, qu'en est-il à l'heure actuelle ? Quels projets de smart city les villes proposent-elles, et pour quels bénéfices ?
Des services aux citoyens
En Chine, Huawei a travaillé au déploiement des "Vélib" locaux. Ces vélos, qui peuvent être posés n'importe où, sont connectés via l'IoT et la 4,5G pour être localisés à partir d'un smartphone. Un mot de passe est poussé sur le téléphone pour débloquer le vélo. Dans la ville de Pessac (Gironde), CityLity a mis à disposition des agents de la ville son application d'échange, leur offrant une vue globale des incidents techniques. "L'information qui remonte sur cette appli est ouverte à tous les utilisateurs, donc tout le monde peut constater que tel lampadaire est en panne, et qu'il sera réparé dès le lendemain", explique André May. Pour le co-fondateur de Citylity, s'adapter à l'usager, à travers leurs idées, est l'avenir de la smart city. A cet effet, l'entreprise commence à plancher sur la manière de rendre intelligents des lieux de manière ponctuelle, à l'occasion d'un festival par exemple, en se servant des informations issues de capteurs pour mesurer les flux, des visiteurs (crowd-data) et des organisateurs, afin de proposer un parcours plus fluide et adapté à chaque profil.
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Des outils pour la gestion de la ville
Le partage de la donnée, c'est le fondement du travail de Waze, dont le succès de l'appli n'est plus à démontrer. L'entreprise, rachetée par Google, a fait entrer la communauté d'agglomération de Versailles Grand Parc dans son programme d'échange gratuit de données, baptisé Connected Citizens Program. Ces données, une fois anonymisées et remontées par Waze, offrent à la collectivité un vecteur de communication en cas d'évènement dans la ville, mais aussi un outil de mesure du trafic en temps réel afin de mieux le fluidifier par la suite, avec des décisions d'aménagement du territoire, d'interventions rapides... En échange, Waze demande à la ville de partager ses informations en amont, pour anticiper les fermetures de voiries et évènements perturbant le trafic. Cet échange contribue à créer un meilleur service à la fois pour Waze et pour la ville. A Boston, où l'étude d'impact d'un projet similaire a été menée, le quartier de Seaport a vu une réduction de 18% du volume de trafic par le fait de décisions basées sur la donnée de Waze. A l'heure actuelle, 250 villes sont partenaires de ce programme au niveau mondial, dont 40% des plus grandes villes. "Le mélange de données froides et chaudes issues d'un outil comme Waze, parce qu'il est gratuit, en temps réel et crowdsourcé - la donnée provient de plusieurs niveaux, GPS, conducteurs et éditeur de cartes, permet de procéder à des partages intelligents avec différents organismes afin de mener une véritable réflexion smart city", se réjouit Johann Molinari, responsable marketing chez Waze.
Autre cas d'usage intéressant pour les collectivités, Waze a mis en place aux États-Unis un programme en étroite collaboration avec des services d'urgence, actuellement en test dans 4 collectivités européennes. Aux États-Unis, dans 70% des cas, un accident était signalé sur Waze avant de l'être aux urgences par téléphone. "Ce programme a permis de réduire le temps d'intervention de 4 minutes en moyenne, en intégrant les données de rapport de Waze aux données des services d'urgences", raconte Johann Molinari. Dans un autre secteur, Huawei a également testé un partenariat avec Véolia pour optimiser le ramassage d'ordures et réduire le temps où les poubelles se trouvent à l'extérieur.
Dans la continuité, Citylity imagine déjà les lampadaires de demain, qui grâce au réseau Lifi, basé sur la lumière, règleraient leur luminosité (de 10 à 100%) en fonction du passage, ouvrant la voie à des économies allant de 50 et 80% de l'énergie utilisée pendant la nuit. Aux collectivités de se mettre en marche et de combler leurs disparités technologiques. Car pour activer tous ces programmes de manière efficace, il vaut mieux être armé en moyens, humains comme technologiques, à l'instar du Grand Versailles qui a embauché des data scientists.