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Dématérialisation des titres restaurant : la voie est ouverte

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Dématérialisation des titres restaurant : la voie est ouverte

L'entrée en vigueur des titres restaurant dématérialisés le 2 avril dernier clôt des années de bataille juridique. Face aux 4 émetteurs papier historiques, les nouveaux entrants Resto Flash et Moneo Applicam vont tenter de s'imposer. Applications mobiles ou géolocalisation, cette dématérialisation va apporter un souffle nouveau sur le marché.

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Après des années de bataille juridique, la dématérialisation des titres restaurant est entrée en vigueur le 2 avril dernier, suite à la parution du décret d'application au Journal Officiel le 7 mars 2014. " C'est une excellente nouvelle ", pour Serge Ragozin, directeur général de Moneo Applicam, éditeur de Moneo Resto, nouvel entrant sur le marché. Même enthousiasme du côté de Resto Flash, émetteur de titres-restaurants numériques sur mobile en France et nouvel entrant également, dont le président Emmanuel Rodriguez-Maroto salue la " dimension écologique ". Une décision que ces deux acteurs attendaient depuis longtemps pour enfin pénétrer sur un marché détenu par Edenred (Ticket Restaurant), Chèque Déjeuner (Chèque Déjeuner), Sodexo (Chèque Restaurant), et Natixis Intertitres (Chèque de table). Les 4 acteurs proposent désormais des titres dématérialisés sous forme de cartes à puce nominatives (comme Apetiz chez Natixis Intertitres), compatibles avec les terminaux de paiement traditionnels affiliés à leur réseau.

Des salariés un peu frileux

Si un nouvel entrant comme Resto Flash s'est lancé directement sur le marché avec une solution mobile, les autres émetteurs se montrent plus vigilants et font le pari d'une dématérialisation progressive avec l'usage de la carte. Les différentes raisons? " La perception par les salariés d'un paiement sur mobile peu sécurisé, un temps de développement auprès des affiliés plus long en raison des technologies à mettre en place, mais également la problématique pour les RH de devoir imposer à l'ensemble des collaborateurs de s'équiper d'un smartphone. ", énumère Anna Notarianni, directrice générale Sodexo Services Avantages et Récompenses. A titre d'exemple, Moneo Applicam, éditeur de Moneo Resto, avait déjà lancé l'idée d'un paiement par téléphone en Autriche dès 2007, mais cela n'a pas fonctionné car les salariés autrichiens ne téléchargent pas d'applications professionnelles sur leur téléphone personnel. Et " au Brésil, la carte Visa Vale comme support de titre restaurant a mis près 2 ans à s'imposer ", souligne le président de Resto Flash. Autant de raisons qui augurent d'un laps de temps certain avant une dématérialisation à 100% des titres restaurant.

Coexistence du papier et de la carte

Cependant, à terme, l'ensemble des émetteurs n'exclue pas de basculer sur une solution de paiement sur mobile une fois le process enclenché. En attendant, le passage au numérique permet de développer des applications sur mobile qui permettent de vérifier le solde de son compte ou encore de géolocaliser les endroits affiliés à la carte (bars, brasseries, chaînes de restauration, etc) près de son lieu de travail. Ainsi, l'ensemble des applications et services clients développés autour de ce nouveau support se multiplient chez les émetteurs. Le bénéficiaire doit être accompagné pour, à terme, adopter cette solution dématérialisée. " Il faut réussir l'expérience du consommateur pour que la dématérialisation se révèle un succès ", répète Anna Notarianni,de Sodexo Services Avantages et Récompenses.

Autre inconnue : la coexistence des deux systèmes au sein des entreprises. Le décret n'interdit pas l'utilisation du papier. " En résumé, l'employeur peut laisser le choix au salarié entre le support papier et la carte ", selon Laurent Delmas, directeur général d'Edenred France, " Il faut laisser la carte s'imposer d'elle-même.". Ainsi, la carte et le papier risquent de co-exister un moment au sein des entreprises. Une entreprise peut, par exemple, préférer conserver le papier pour des salariés temporaires (en CDD ou stagiaires) et ne pas prendre le risque d'avoir des cartes en circulation. " Toutes les entreprises ne peuvent pas basculer immédiatement et totalement dans le paiement dématérialisé ", avance Catherine Coupet, directrice générale déléguée du groupe Chèque Déjeuner. " Et les sociétés les plus intéressées sont celles qui ont des salariés répartis sur plusieurs sites en raison du transport des titres ". Les entreprises peuvent même détenir des titres papier chez un prestataire et opter pour la carte d'un autre fournisseur. Concrètement, le gestionnaire garde la main en interne sur la répartition des cartes au sein de l'entreprise grâce à l'existence d'une plate-forme. De son côté, le bénéficiaire active lui-même la carte qu'il a reçue à son domicile.

Des économies sur les frais de distribution

" Les grands comptes sont une population particulière à accompagner, reprend Catherine Coupet (groupe Chèque Déjeuner), car ils seront assez vite confrontés à la négociation du changement de support ". Sur ce sujet, Chèque Déjeuner aide les entreprises à mettre en place un plan d'accompagnement pour communiquer en interne. Un des avantages et non des moindres du passage à la voie dématérialisée, c'est la baisse des frais de transport. Les cartes étant valables 3 ans, un seul transport est nécessaire quand les titres restaurant requièrent une livraison par mois. Laurent Delmas d'Edenred entreprend la démonstration : " les contraintes de distribution du titre papier résident dans le coût de livraison et dans la problématique de la sécurité. Ainsi, il est recommandé une sécurité maximale des envois de colis (niveau R1 en recommandé). Au total, pour 1000 salariés, le coût de livraison peut s'élever à près 70 000 € par an " (soit 11 mois x 6 € x 1000 salariés) ". Cette baisse des frais de transport, les sociétés émettrices vont-elles la répercuter sur leurs tarifs ? " C'est la question qui est sur toutes les lèvres ", répond Anna Notarianni, (Sodexo Services Avantages et Récompenses). " Quand la dématérialisation sera effective à 100% et l'industrie entièrement optimisée, cela devrait revenir moins cher que le papier. En attendant, les économies réalisées grâce à la baisse du coût logistique et de fabrication vont être réintégrées dans de nouveaux métiers et services ". Et la directrice générale de citer l'investissement dans de nouveaux systèmes d'information, le développement d'applications, et la création de calls centers. Sans oublier le recrutement de métiers plus qualifiés dans le marketing ou l'IT. Les prochains mois promettent d'être mouvementés pour le partage du gâteau d'un marché estimé à 5 milliards d'euros pour 3,5 millions d'utilisateurs.


 
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