Moins d'une entreprise sur six envisage de relocaliser sa production en France
La crise sanitaire a perturbé les chaînes d'approvisionnement à l'échelle mondiale, (re)mettant sur le devant de la scène les concepts de résilience et de relocalisation. Euler Hermes a mené une enquête afin de déterminer comment l'épidémie affecte les chaînes logistiques des entreprises.
Je m'abonneLa grande majorité des entreprises interrogées par Euler Hermes estiment que la crise Covid-19 a perturbé leur chaîne d'approvisionnement. Les entreprises américaines se distinguent, puisque 26% d'entre elles font état d'une "perturbation grave", contre 17% en moyenne pour les autres entreprises. La crise Covid-19 a perturbé les chaînes d'approvisionnement à l'échelle mondiale, (re)mettant sur le devant de la scène les concepts de résilience et de relocalisation. Dans ce contexte, Euler Hermes a réalisé une enquête afin de déterminer comment l'épidémie pousse les entreprises à repenser leurs stratégies en matière de chaînes de valeur. Le spécialiste mondial de l'assurance-crédit a interrogé près de 1 200 entreprises américaines, britanniques, françaises, allemandes et italiennes évoluant dans les secteurs de la technologie, les télécommunications, les machines et équipements, la chimie, l'énergie, l'automobile et l'agroalimentaire. L'étude a été menée de mi-octobre à début novembre 2020, via un questionnaire en ligne.
94% des entreprises estiment que la crise Covid-19 a perturbé leur chaîne de valeur.
Une entreprise sur cinq interrogée signale que sa chaîne de valeur a été fortement perturbé par la crise Covid-19. Les entreprises américaines se distinguent, puisque 26% d'entre elles ont fait état d'une "perturbation grave" (contre 17% en moyenne pour les autres entreprises), ainsi qu'environ 25% des entreprises des secteurs des machines et d'équipements, la technologie, les télécommunications et l'énergie. Quelles mesures ont été mises en place pour faire face à ce choc ? La première est la stratégie de couverture du risque (recours à l'assurance, la hausse des stocks ou la recherche de solutions alternatives d'approvisionnements), citée par 52% des répondants. Les entreprises se sont également attelées à mieux comprendre et mieux gérer leur chaîne d'approvisionnement : 4 entreprises sur 10 indiquent qu'elles sont déjà en train de changer de fournisseurs et de déplacer une partie de leur production. Enfin, 32% des répondants déclarent avoir renforcé le contrôle du respect des critères ESG par leurs fournisseurs.
Les entreprises les plus digitalisées, mieux armées pour faire face à la crise ?
Les entreprises très digitalisées ont pris plus de mesures que les entreprises peu digitalisées pour limiter les perturbations de leur chaîne d'approvisionnement . Par exemple, 57% des entreprises très digitalisées ont eu recours à une stratégie de couverture, contre seulement 43% pour les moins digitalisées. De même, 47% des entreprises très digitalisées déclarent travailler sur l'amélioration de la compréhension et de la gestion de leur chaîne de valeur, contre seulement 33% pour les peu digitalisées. Enfin, 39% des entreprises très digitalisées ont renforcé le contrôle du respect des critères ESG par leurs fournisseurs, contre seulement 14% pour les moins digitalisées.
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Pas de recours massif à la relocalisation, mais une volonté de rapprocher les sites de production 55% des entreprises interrogées envisagent de chercher de nouveaux fournisseurs dans les 6 à 12 mois, et 62% des répondants envisagent de le faire à plus long terme. Dans un tiers des cas, les entreprises ne cherchent pas un fournisseur dans un nouveau pays, mais dans un pays dans lequel elles sont déjà implantées et/ou ont déjà noué des relations avec d'autres fournisseurs. Par ailleurs, les entreprises semblent préférer chercher des fournisseurs dans leur pays d'origine, et les Américains semblent être les plus "patriotes" à cet égard. En d'autres termes, les entreprises semblent opter pour des fournisseurs plus proches d'elles géographiquement. Toutefois, cela ne suggère pas que les entreprises se détournent des fournisseurs chinois, qui restent populaires dans les réponses collectées lors de cette enquête. Cela pourrait être dû à la recherche continue d'optimisation de la rentabilité, dans un contexte où l'incertitude reste forte et après un choc sans précédent. "L'amélioration des marges" est la réponse la plus populaire dans les justifications de recherches de nouveaux fournisseurs.
D'autre part, environ une entreprise interrogée sur deux envisage de transférer ses sites de production à moyen ou long terme. Pourtant, seulement entre 10 et 15% des répondants envisagent de relocaliser leur production dans leur pays d'origine. Selon Euler Hermes, 30% des répondants envisagent le transfert de la production dans un pays voisin de leur pays d'origine, particulièrement si le pays visé fait partie d'une même union douanière ou d'un accord de libre-échange. Les raisons d'un tel choix sont très diversifiées : améliorer la qualité des fournisseurs, augmenter le chiffre d'affaires et les marges en réduisant les délais, mieux gérer les stocks.
Une relocalisation directement répercutée aux consommateurs ?
La hausse du coût du travail, la difficulté à trouver de nouveaux fournisseurs de qualité et les coûts d'investissement sont les défis les plus cités par les entreprises interrogées quand on évoque la relocalisation ou le passage à des fournisseurs du pays d'origine. La plupart des entreprises qui envisagent de telles stratégies déclarent qu'elles sont prêtes à subir des coûts plus élevés pour relocaliser la production, mais 40% d'entre elles prévoient de les répercuter sur leurs prix de ventes. Trois entreprises sur quatre interrogées estiment d'ailleurs que les consommateurs sont prêts à payer plus pour des biens produits localement.
Et la France ?
57% des entreprises ont eu recours à des mesures de couverture du risque, contre 52% en moyenne dans l'échantillon Euler Hermes ; 42% des entreprises françaises indiquent mieux surveiller et gérer leur chaîne d'approvisionnement ; enfin, pour près de quatre entreprises sur dix, une meilleure compréhension des chaînes d'approvisionnement et la relocalisation partielle des activités sont envisagées.
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En cas de changement de site de production, 13% des entreprises françaises envisagent une relocalisation en France comme premier choix. 18% des répondants l'envisagent parmi leurs trois premiers choix. Seules les entreprises américaines obtiennent un score plus élevé (17%-21%).
Cela peut s'expliquer par les récentes mesures politiques visant à rendre la France plus attractive et à dynamiser le "Made in France". Le plan de relance français alloue 35 milliards d'euros au développement d'industries innovantes et au renforcement de la compétitivité internationale. Parmi les entreprises françaises qui envisagent la relocalisation, 28% mentionnent qu'elles font ce choix pour créer des emplois en France. Aucun pays ne fait mieux en la matière, les États-Unis arrivent en seconde position (17%).
77% des entreprises françaises pensent que les consommateurs sont prêts à payer plus pour obtenir des marchandises produites en France. Seuls les États-Unis obtiennent un chiffre plus élevé parmi les pays constituant l'échantillon (89%).
Quels pays sont jugés comme attractifs par les entreprises françaises ? Pour trouver de nouveaux fournisseurs, les entreprises françaises citent en priorité la Belgique, la Chine, le Royaume-Uni, l'Australie et les États-Unis. En cas de changement de localisation du site de production, les trois pays les plus cités sont la Belgique, la Chine et l'Allemagne.