Recherche
Mag Décision Achats
S'abonner à la newsletter S'abonner au magazine
En ce moment En ce moment

[ITW] Bernard Fourniou (OVE): "Les immatriculations ­automobiles en France sont tirées par les ­entreprises"

Publié par le

Je m'abonne
  • Imprimer

> L'hégémonie du diesel repose principalement sur la déductibilité de la TVA. Après une tentative avortée l'hiver dernier, qu'en est-il de l'extension de ce mécanisme à l'essence?

Le Gouvernement va présenter son projet de loi de finances pour 2017 et nous verrons si, comme l'a indiqué Ségolène Royal avant l'été, il y a un geste fort en faveur de la TVA ­déductible sur l'essence. Il semble que l'étude d'une telle mesure fait consensus, cette année. Le secrétaire d'État au budget, Christian Eckert, a d'ailleurs indiqué mercredi 21 septembre 2016 devant la Mission d'information sur l'offre automobile française de l'Assemblée nationale que cette question serait débattue à l'automne et qu'il s'agissait de permettre à tout le monde de s'adapter progressivement.

> Le principal coût d'un véhicule d'entreprise est lié à sa dépréciation, autrement dit sa valeur résiduelle sur le marché de l'occasion. Cette hiérarchie des meilleures VR dicte-t-elle les choix des entreprises ou y a-t-il, au contraire, place pour des critères plus différenciants comme l'image ou l'innovation?

Les niveaux de VR constituent bien entendu un élément important dans la décision des entreprises. Mais elles sont aussi sensibles à l'image qu'elles véhiculent à travers leur parc automobile ou aux innovations technologiques qui faciliteront les dépla­cements de leurs col­la­borateurs ou amélioreront la remontée d'informations sur le fonctionnement de leurs véhicules. C'est ce qui explique le succès des gammes business déployées par l'ensemble des constructeurs à destination des entreprises. Ces modèles ont toutes les options nécessaires pour les conducteurs, des motorisations calibrées pour bien ­figurer dans les car policies et affichent de bonnes valeurs de revente.

> Au-delà d'un avantage en nature, la détention d'un véhicule de fonction est un symbole statutaire fort. Est-ce toujours le cas aujourd'hui, alors que l'utilisation de la voiture individuelle est battue en brèche?

Les résultats du dernier baromètre OVE-CSA montrent que la voiture de fonction conserve tous ses attraits pour ceux qui en bénéficient, et ce, quel que soit l'âge. Près de six gestionnaires de parcs sur dix en France estiment que la voiture de fonction est considérée comme une récompense. Ils sont à l'inverse une minorité (5%) à penser que les salariés seraient prêts à abandonner leur véhicule pour d'autres formes de mobilité. La voiture de fonction reste aujourd'hui synonyme "d'acquis" ou "d'élément statutaire".

> Des textes de loi récents incitent les entreprises à reconsidérer les modes de déplacement de leurs collaborateurs. Peut-on parler d'approche intégrée de la mobilité dans les entreprises qui combinerait plusieurs modes de transport?

Des expériences sont effectivement en cours, surtout dans certaines grandes entreprises ou dans les très grandes agglomérations, pour proposer plusieurs modes de déplacement associant la voiture, le vélo, l'autopartage. Il faut garder à l'esprit que la voiture reste aujourd'hui incontournable dans les entreprises, avec des kilométrages moyens de 30000 km/an.

> La tendance du covoiturage se retrouve-t-elle au sein des entreprises? Quels vous semblent être les atouts ou les limites de cette pratique?

Le covoiturage fait partie de ces nouvelles formes de mobilité qui connaissent un grand succès dans la population française, et commencent à émerger dans les entreprises et les grandes agglomérations. Mais il s'agit d'un mode de déplacement qui convient surtout aux trajets domicile-travail, plus qu'aux déplacements professionnels proprement dits. On voit ­d'ailleurs le succès d'une start-up comme WayzUp, qui vient de conclure un accord avec le groupe La Poste pour déployer une offre de covoiturage à destination des entreprises et des collectivités.

> Depuis la loi sur la transition énergétique, Paris est la première ville à avoir dévoilé son projet d'interdire son territoire aux véhicules les plus polluants. Quel sera l'impact pour les entreprises?

J'observe avec une certaine surprise que les entreprises n'ont pas manifesté de mécontentement particulier lorsque Paris a interdit l'accès des voitures immatriculées avant 1997 les jours de la semaine.

Mais il faut rappeler que l'âge moyen des voitures en entreprise est de quatre ans. Autrement dit, elles ne sont peut-être pas aussi impactées qu'on le croit. Quant aux affirmations de la mairie de Paris selon lesquelles plus aucune diesel ne circulera dans la capitale en 2020, elles constituent encore une menace lointaine pour les entreprises. D'ici là, les évolutions de la fiscalité et les progrès technologiques (notamment sur l'autonomie des véhicules électriques) les inciteront peut-être à adopter des énergies alternatives.

Il serait bien que la réflexion des villes soit en harmonie avec le rythme des évolutions technologiques et législatives, et laisse aux entreprises le temps de s'adapter.

> Les constructeurs automobiles comme les entreprises de haute technologie se livrent une bataille pour développer et commercialiser les premières voitures connectées et autonomes. Ces modèles sont-ils l'avenir des flottes d'entreprise?

Plus que les véhicules autonomes, qui ne sont pas encore sur le marché même si les choses avancent vite, les véhicules équipés d'aides à la conduite ou de solutions télématiques embarquées seront certainement l'avenir des flottes d'entreprise. Car ces systèmes diminueront les coûts des flottes (via une meilleure connaissance des kilométrages parcourus et des consommations de carburant), amélioreront la productivité (via un meilleur suivi des trajets) et réduiront la sinistralité des conducteurs.

 
Je m'abonne

Jean-Philippe Arrouet

NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles

Retour haut de page