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Digitalisation du Facility Management : l'usager au centre du jeu

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Digitalisation du Facility Management : l'usager au centre du jeu
© fizkes - stock.adobe.com

Les préoccupations RSE des salariés, conjuguées aux nouvelles exigences réglementaires visant à atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sont les principaux accélérateurs du marché du Facility Management.

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Amélioration de la qualité de vie au travail, gestion du travail à distance, réduction des dépenses énergétiques... Si la crise sanitaire n'a pas provoqué une révolution du secteur, elle a permis de passer le cap d'une large digitalisation en un temps record. Cyril Pouet, directeur général de SPIE Facilities et représentant de la France au sein du Comité Tech FM du groupe SPIE, partage ici ses observations et intuitions pour les années à venir.

Les attentes des usagers des bâtiments ont-elles évolué suite à la crise sanitaire ?

Beaucoup parlent avec raison de "révolution" depuis le début de la crise Covid... C'est sans doute le cas dans beaucoup de secteurs. Dans celui du Facilty Management, je parlerais plus d'un passage de cap, ou encore d'une accélération contrainte de tendances de fond que l'on observait depuis quelques années : "flex office", réflexion sur l'aménagement du poste de travail, "télétravail", etc.

Quels que soient les pays, la "projection" a été brutale : nous nous sommes tous retrouvés du jour au lendemain à devoir travailler à distance ; la digitalisation était la condition sine qua non pour continuer une activité professionnelle! Reviendra-t-on en arrière ? Je ne le crois pas, à l'exception de quelques cas particuliers. Le télétravail et les réunions hybrides vont faire désormais partie intégrante de l'organisation de l'entreprise. Ce passage de cap, cette refonte des modes de travail, ont évidemment des conséquences sur la manière dont chaque entreprise doit envisager l'espace de travail et la digitalisation de son activité.

Et paradoxalement, des "fondamentaux" ont été aussi remis au goût du jour...

C'est en effet une des conséquences inattendues de la crise. Qui, par exemple, se souciait avant la crise de la qualité sanitaire de l'air ? Aucun client ne nous parlait de ce sujet spontanément. Lors des périodes de déconfinement, nous avons proposé à nos clients des réponses pour sécuriser le retour de leurs collaborateurs au bureau. Ainsi, en France, nous nous sommes associés à la société Bora pour la mise en place d'une solution innovante de désinfection de l'air par rayonnement UVC. Dans tous les pays où nous sommes présents, nous avons multiplié les interventions pour sécuriser des installations existantes et effectuer des campagnes de mesures de flux d'air.

La crise a aussi fait émerger des innovations digitales. En Suisse, un de nos collaborateurs a imaginé un dispositif de détection et d'avertissement en cas de dépassement de la capacité autorisée de personnes dans une salle de réunion ou dans une cafétéria. Il réfléchit maintenant à la problématique du respect de la distanciation entres personnes.

A quel défi la digitalisation du Facility Management doit-elle désormais répondre ?

Si je caricature un peu, on avait, avant, d'un côté le gestionnaire du bâtiment et de l'autre, l'entreprise qui en assurait la maintenance. Depuis quelques années, les salariés ont émergé dans ce système avec leurs propres demandes ; depuis la crise Covid, on peut même dire qu'ils sont au centre du jeu.

Ceux-ci ne se préoccupent plus seulement de leurs quelques mètres carrés d'espace de bureau mais sont désormais acteurs de leur espace de travail au sens large : réservation de salles de réunion, configuration de visio-conférences, etc. Une autre évolution très récente est leur attention personnelle portée à la RSE, au développement durable, aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ils veulent aujourd'hui savoir comment consommer moins d'énergie ou encore pourquoi des panneaux photovoltaïques ont été installés sur le toit de leur entreprise, etc.

Ces préoccupations, conjuguées aux nouvelles exigences réglementaires visant à atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sont les principaux accélérateurs du marché du Facility Management. Le véritable défi est donc de proposer des outils accessibles, y compris aux personnes qui n'ont pas forcément de connaissances techniques, pour permettre à la fois aux gestionnaires des bâtiments d'en assurer une gestion optimale et aux occupants de devenir acteurs de leur environnement.

Le travail humain a-t-il encore sa place dans ce processus de digitalisation ?

Oui, parce que la collecte de données n'est qu'une partie seulement du travail. Tout le monde (ou presque) sait collecter de la donnée aujourd'hui. Mais quid de la donnée "utile" ? La connaissance du client, de ses installations et de ses enjeux est absolument indispensable.

Pour la maintenance conditionnelle par exemple, ces données vont permettre de déclencher une intervention lorsqu'un seuil d'alerte est dépassé. Ce qui est encore plus intéressant est l'analyse des données collectées qui permet d'intervenir en amont. On rentre alors dans la maintenance prédictive : le recoupement de plusieurs situations et d'historiques va permettre d'anticiper et de mieux planifier les interventions. Mais toutes les possibilités ouvertes par la captation des données posent aussi la question de la cybersécurité et de la protection des données individuelles. C'est d'ailleurs l'un des premiers soucis de nos clients.

Cette forme de digitalisation prend du temps : mise en place, retours d'expérience, ajustements pendant plusieurs mois parfois, avant d'aboutir à des solutions efficaces. L'expertise métier a donc encore toute sa place.

 
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