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PC et smartphones reconditionnés, un investissement rentable et durable ?

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PC et smartphones reconditionnés, un investissement rentable et durable ?

Les Directeurs Achats se montrent plus attentifs au marché de la seconde main pour équiper les collaborateurs de leur entreprise en PC et smartphones. Acquérir ce matériel reconditionné leur permet d'économiser jusqu'à 40 % du prix par rapport au neuf et permet d'agir sur la réduction des émissions de CO2. Encore faut-il qu'il satisfasse aux usages et soit disponible en quantité suffisante.

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Le reconditionné gagne progressivement du terrain. Pour preuve, les ventes de smartphones de seconde main ont progressé de 20 % en France sur l'année 2021, grimpant à 3,1 millions d'unités selon le cabinet Gfk, à 1,4 milliard au niveau mondial. Les ordinateurs reconditionnés ont aussi le vent en poupe. « Les directeurs achats des grands groupes s'intéressent de plus près à ce mode d'achat depuis 4 ans. Il s'avère être une solution économique et écoresponsable. Un téléphone ou un PC reconditionné permettent d'économiser entre 20 et 40 % du prix d'achat, 20 à 60 % de l'empreinte carbone selon l'usage », met en avant Gilles Mezari, directeur général de Saaswedo. Se tourner vers le marché de seconde main pour ce type d'équipements est une stratégie qui se prévaut d'un TCO intéressant et qui devrait encore s'intensifier dans les années à venir, avec la progression des prises de conscience environnementale et les obligations en matière de sobriété énergétique. Il est d'autant plus urgent d'agir que « la partie équipement (PC et smartphone) tend à devenir le 1er poste d'émission de gaz à effet de serre, presque au même niveau que le déplacement de l'aviation civile », rappelle Yann le Coz, directeur de YLC Conseil. Encore faut-il que cette politique d'achat soit comprise et acceptée en interne par les employés. « Il faut parfois gommer certaines de leurs réticences ; certains pouvant se sentir frustrés ou injustement considérés lors de la dotation d'appareils de seconde main », prévient Yasmina Mouffok, expert métier IT & Telecom au sein d'EPSA Procurement.

Habituer au réemploi

Pour qu'elle soit intégrée et pérennisée, cette stratégie doit être portée par un sponsor interne et accompagnée d'une conduite au changement pour familiariser, si ce n'est pas déjà le cas, les collaborateurs au réemploi. Et s'inscrire en adéquation parfaite avec les besoins du quotidien. Un audit doit être réalisé en ce sens préconise Gilles Mezari. « Selon les services, un modèle reconditionné datant de 5 ans peut amplement suffire. Dans l'univers de l'informatique ou de la communication, investir dans du reconditionné récent, de moins de 3 ans, est préconisé pour supporter les applications métier ». Déployé depuis le 1er janvier 2021 sur cinq catégories, notamment les smartphones, l'indice de réparabilité est un autre des critères à prendre en compte. Ayant pour objectif de lutter contre l'obsolescence et éviter le gaspillage des ressources, il renseigne au moyen d'une note sur dix sur la démontabilité du produit, la disponibilité des conseils d'utilisation et d'entretien, la disponibilité et les prix des pièces détachées et permet d'apprécier une durée de vie approximative. « Mieux vaut éviter d'acquérir des modèles affichant une note inférieure à 5/10 », met en garde Gilles Mezari. Pour l'heure, si les ambitions sont clairement affichées, les grandes entreprises concrétisent encore peu sur le marché de la seconde main dans l'univers de la téléphonie et des PC. En cause ? « Une volumétrie largement insuffisante, explique Yasmina Mouffok. Les grandes entreprises doivent encore apprendre à systématiser la reprise du matériel dont elles n'ont plus l'usage pour tenter de lui donner une seconde vie et ainsi consolider l'offre disponible ». Pour que le marché de la seconde main de la téléphonie et des PC voit ses capacités s'accroitre copieusement, les entreprises doivent mettre au point et généraliser un process de récupération des équipements obsolètes fiable en interne, de concert avec les directions Communication, Informatique et RSE. « Aujourd'hui, beaucoup d'entreprises se tournent vers le marché du neuf pour acquérir des smartphones et des PC par défaut. Objectivement, sur le marché de la seconde main, il est difficile de dénicher au-delà de 40 unités sur un même modèle. A moins d'opérer un découpage par service ou par usage, cela reste complexe de couvrir uniquement ses besoins avec des appareils reconditionnés », confirme Gilles Mezari. Elles peuvent faire appel à des acteurs spécialisés du secteur adapté, comme Twicy, pour reconditionner l'équipement concerné et/ou le détruire dans les règles de l'art par l'intermédiaire notamment de Blancco, le principal fournisseur de logiciels d'effacement de données à l'échelle de l'entreprise. « La reprise des équipements peut être financièrement intéressante tout en profitant à l'économie sociale et solidaire », rappelle Gilles Mezari. En balbutiement, le marché de la seconde main ne pourra progresser qu'avec un changement durable des habitudes.

Un achat doublement responsable

En attendant que l'offre s'élargisse, « mieux vaut référencer plusieurs fournisseurs spécialisés dans la revente de téléphonie ou de PC reconditionnés pour espérer capter les marchés existants et essayer au maximum d'anticiper les besoins, au minimum un an à l'avance », recommande Yann Le Coz. Avant d'opérer une acquisition de seconde main, l'on veillera à se renseigner sur la provenance des produits. « Le professionnel doit être en mesure de vous fournir le nom de ses anciens propriétaires ou, à défaut, le secteur d'activité dans lequel ils évoluent », indique Yann Le Coz. Elle peut être couverte par une garantie de 2 ans moyennant un supplément. « Vous pourrez obtenir une garantie de 1 an sans surcoût », informe Yann Le Coz. Dans tous les cas, si l'achat de matériel de seconde main rentre dans la performance achat responsable, elle doit se piloter au moyen d'indicateurs de mesure quantifiables. « Le mieux est de les convertir en équivalences qui seront plus parlantes aux yeux des collaborateurs, comme le nombre de déplacements aériens pour les tonnes de CO2 évitées et le nombre de piscines olympiques pour les volumes d'eau économisés par exemple », souligne Yann Le Coz. Les progrès en la matière peuvent faire l'objet d'un affichage en interne pour mettre en avant l'impact vertueux du recours à la seconde main et alimenter dans un même temps le plan de sobriété énergétique de l'entreprise. Pour réduire leur empreinte carbone, les entreprises réfléchissent aussi à allonger la durée d'utilisation des PC et smartphones. « Elles vont avoir tendance à autoriser les changements tous les 4 ans, contre 2 ans auparavant. C'est une tendance qui est en train de se généraliser dans toutes les grandes entreprises », estime Yasmina Mouffok. La location des smartphones et PC prend également de l'essor ces dernières années, depuis 5 ans estime cette dernière. « Ce procédé peut s'appliquer sur la seconde main même si cela reste extrêmement rare aujourd'hui. Dans tous les cas, vous pouvez négocier qu'en fin de contrat, le matériel soit repris et recyclé selon certaines normes pour avoir un impact carbone moindre ». Être attentif à la gestion de son parc téléphonie et IT est également un moyen de réduire les coûts cachés et son empreinte carbone. « Cela englobe le matériel en fin de vie qui peut être entreposé à divers endroits dans l'entreprise ou des lignes téléphoniques qui n'ont pas été fermées suite au départ d'un collaborateur », illustre Yann Le Coz. En d'autres termes, plusieurs leviers peuvent être activés pour rendre son poste numérique plus responsable.


Réduire l'impact carbone depuis l'acquisition jusqu'à la fin de vie

Christophe Jacque, directeur des achats IT au sein d'Enedis

Jusqu'en 2021, Enedis, qui avait pour habitude de louer ses PC, changeait de stratégie en cohérence avec son objectif de réduire de 20 % son empreinte carbone d'ici à 2025 et d'atteindre la neutralité en 2050. « Nous avons renforcé notre démarche du numérique responsable et accompagnons les métiers, en faisant notamment mention de clauses dans les contrats pour favoriser le réemploi et les réparations, comme la disponibilité des pièces détachées et l'indice de réparabilité », explique Christophe Jacque, directeur des achats IT d'Enedis. En pratique, Enedis entend systématiser l'achat de PC et smartphones reconditionnés. « Nous sommes freinés par le manque de disponibilité, surtout pour les Android, et les acquisitions effectives sont rares ». En contrepartie, l'entreprise veille à l'allongement de la durée d'utilisation des équipements, en incitant les collaborateurs à les conserver le plus longtemps possible. En cas de panne ou de casse, les appareils sont réparés par le réseau Envie, qui coordonne l'action de 50 entreprises d'insertion, puis réattribués en interne. « Cette action performe le TCO sans engendrer d'appels supplémentaires au support informatique », se réjouit Christophe Jacque. En fin de vie, les PC et smartphones peuvent faire l'objet de dons, auprès d'écoles par exemple. Plus largement, conformément à son ambition en matière d'achats responsables, Enedis s'évertue à limiter les emballages plastiques lors de tout achat du domaine IT et se montre très attentif à la gestion des stocks


 
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