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Un bureau plus vert grâce aux petites fournitures

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Un bureau plus vert grâce aux petites fournitures

Stylos, crayons, pochettes et autres feuilles de papier peuvent représenter, selon les secteurs d'activité, un poste de dépense très conséquent, propice à une démarche d'optimisation de l'impact environnemental au sein du service achats. Bonne nouvelle : les fournisseurs abondent dans ce sens.

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Comme leur nom de famille le suggère, les "petites" fournitures de bureau ne sont pas de stature à faire bouger individuellement le curseur écologique d'une entreprise (non, un crayon de papier biodégradable seul ne suffira pas à améliorer votre bilan carbone!). Toutefois, leur ­ubiquité leur confère, collectivement, une importance que les entreprises et les collectivités seraient bien en peine de nier, elles dont la dépendance aux pochettes de classement, aux vignettes autocollantes, aux stylos et, bien sûr, au papier, les amène à y consacrer chaque année, en moyenne, plus de 150 euros par ­collaborateur et par an, d'après une étude récente réalisée par l'Arseg (Association des responsables de services ­généraux). Un poste de dépense conséquent qui mérite d'autant plus d'être concerné par une démarche d'achats éco­responsable que le marché dédié arrive à maturité.

Débusquer les faux écolos

Pas un fournisseur qui ne mette en avant sa démarche environnementale. Mais attention à faire la distinction entre "greenwashing" et son antithèse: la mise en avant d'un engagement réel. À cette fin, Laurent Favreau, responsable du service achats pour de la ville de Nantes et sa métropole, fait de l'appel d'offres un outil de débusquage des faux écolos: "Le développement durable fait partie des critères par lesquels nous jugeons de l'offre. Nous y associons deux items: le nombre de références dites "écoresponsables" - ce qui démontre l'existence, ou non, d'une gamme dédiée - et le chiffre d'affaires que cela représente sur le volume d'achat estimé à l'année."

Reste que, en faisant abstraction de toute mauvaise volonté, ce dernier n'est pas toujours facile à évaluer, faute d'une grille de lecture claire. Faut-il prendre en considération uniquement les produits clairement typés "écologiques"? Ou faut-il élargir le spectre et y associer l'ensemble des produits ayant au moins un critère correspondant? Chez Tarifold, à titre d'exemple, la gamme Green Line propose des pochettes de présentations et autres porte-documents 100% recyclés et recyclables. Leur composition en polypropylène naturel, sans colorant ni additif explique leur transparence qui les distingue visuellement du reste du catalogue produits, plus coloré. Cependant, à bien y regarder, ce dernier n'est pas si différent. "La problématique du développement durable guide notre développement produit et ce, pour l'ensemble de notre catalogue", témoigne Fanny Meyer, responsable communication pour le groupe papetier T3L, dont dépend la marque. Par exemple, les pochettes de Tarifold, historiquement en PVC, sont de plus en plus faites en polypropylène. Chloé Mary, chef de marché classement et organisation chez Bruneau, évoque de son côté 500 produits typés "verts". Un chiffre qui ne ­représente qu'une fraction des 3000 produits labellisés référencés par l'enseigne, spécialiste de l'équipement de bureau.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter l'article suivant: Fournitures : comment lutter contre le pillage en interne

Vers une grille d'évaluation de la performance écologique commune à l'ensemble des produits de papeterie?

NF Environnement, FFC, Ange Bleu... Difficile de s'y retrouver dans la jungle des labels écologiques. Un état de fait appelé à changer? Selon Chloé Mary, chef de marché classement et organisation chez Bruneau, "l'union de la filière de papeterie, l'Ufipa (présidée par Nicolas Potier, dg de Bruneau) travaille actuellement sur une base d'évaluation commune à tous les produits issus de la filière papeterie qui permettrait d'évaluer leur performance environnementale selon certains critères fixes, sur le modèle ce qui se fait par exemple pour la performance énergétique des produits électroménager." Un projet qui pourrait voir le jour à l'horizon 2016.


[Cas pratique] Strasbourg opte pour des petites fournitures de bureau écolos

Strasbourg est régulièrement saluée comme l'une des villes les plus "vertes" de France. Et les petites fournitures participent pleinement à cet effort. Rencontre avec Chantal Cutajar, adjointe au maire en charge des marchés publics et de la politique des achats.

Comment la politique de développement durable à l'oeuvre à Strasbourg se traduit-elle au niveau des achats de fournitures de bureau?

Le papier que nous achetons est issu à 100% de la filière environnementale: il est soit recyclé soit certifié (PEFC ou FSC). Un engagement important dans la mesure où nous en utilisons 338 tonnes par an. En outre, les produits dits "verts" représentent 50% du catalogue produits auquel les agents ont accès pour leurs achats de fournitures de bureau. La même volonté de retranscrire notre politique globale au niveau des achats passe par nos critères d'attribution des marchés publics. Pour les fournitures de bureau concernées, la performance environnementale représente ainsi de 15% de la note finale du fournisseur. D'autres caractéristiques des produits sont également très encadrées. À titre d'exemple, la teneur en composés organiques volatiles ou COV, trouvés notamment sur certaines colles, doit être inférieure à 10 %. La norme NF Environnement, ou son équivalent, est, quant à elle, une condition sine qua non.

En quoi cette politique d'achats s'inscrit-elle dans une démarche plus large en faveur du développement durable?

Courant 2014, nous avons dématérialisé la chaîne de commande des fournitures de bureau. À savoir qu'en lieu et place des catalogues papier consultés par le passé, nous avons mis en place une chaîne dématérialisée avec commande achat digitale et consultation en ligne de la plateforme du fournisseur. Cela nous a permis de réduire drastiquement notre consommation de papier. Simultanément, nous avons procédé au regroupement des commandes pour réduire le nombre de livraisons, et donc notre empreinte carbone. Par ailleurs, nous expérimentons un circuit de collecte du papier blanc, que nous revendons pour qu'il soit recyclé. Même démarche pour les toners, qu'un organisme nous reprend à cette même fin.

Comment votre politique d'achats "verts" peut-elle encore évoluer?

La prise en compte de critères environnementaux dans les marchés publics ne remonte qu'à 2008. Depuis, nous avons pourtant fait un long cheminement. Dernière étape en date: la mise en place d'un comité de pilotage achat et développement durable que je copréside avec mon homologue à l'Eurométropole de Strasbourg. L'idée est simple: associer à cette démarche les élus intervenant dans le domaine de l'emploi et de l'environnement. La première réunion est programmée en mars. Bien sûr, il reste une marge de progression, mais il faut prendre en compte le fait que nous agissons dans le cadre légal contraignant des marchés publics. Pour ne pas invalider notre démarche, nous devons donc prendre garde par exemple à ne pas utiliser de critères discriminatoires. Sans compter que nous ne pouvons pas avoir des ­exigences qui dépasseraient la ­capacité des entreprises. Cela serait d'autant plus contre-­productif que la finalité ultime est de concilier dans nos stratégies d'achat, le développement économique, la cohésion sociale, la ­protection des ressources ­environnementales et du climat ainsi que le bon usage des deniers publics.


Une exigence de transparence accrue

Pour aider le prospect à s'y retrouver, les fournisseurs misent volontiers sur l'information. Stabilo, Bic, Bruneau, Avery interpellent tous le client ­écoconscient sur la home page de leur site internet, en mettant en avant leurs gammes de produits dédiées. 16 produits d'écriture sont labellisés NF Environnement par exemple, chez Bic. Chez T3L, la problématique du développement durable a même donné naissance à une ­nouvelle marque: Van Moose, dont les ­produits sont en feutrine recyclée - un matériau conçu à partir de bouteilles en plastique recyclées.

Mais acheter responsable consiste aussi à récompenser une culture d'entreprise. "Les clients exigent de plus en plus de transparence vis-à-vis du circuit de production mais aussi des matières utilisées", explique Fanny Meyer. Une évolution bien perçue par les acteurs du marché, qui jouent de plus en plus cartes sur tables, à l'instar du géant 3M, qui publie sur son site corporate les chiffres de son empreinte carbone. Une démarche que certains poussent plus loin, en s'attribuant un rôle de conseil. C'est le cas notamment d'Avery, qui dispense sur son site internet ses "10 conseils pour être écolo au bureau" ou bien, autre exemple, de Bruneau qui propose un blog dans lequel apparaissent régulièrement des billets en lien avec le développement durable.

Donneurs de leçons, les fournisseurs? "Notre position de leader nous pousse à donner l'exemple", raisonne Sophie Choiselat. Mais tous ne semblent pas encore prêts à le suivre. "Le développement durable arrive en tête des critères auxquels sont sensibles nos clients avec 37% des voix, selon une étude interne à Bruneau réalisée en 2014", indique Chloé Mary. Mais si le chiffre apparaît dans un premier temps encourageant, une question revient: qu'en est-il des 63% de clients restants? "La plus grosse demande de produits écologiques provient des administrations, qui sont souvent objectivées quant à leur politique d'achats "verts"", lui répond la porte-parole de Avery. Mais qu'attendent les autres pour en faire une priorité?

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter l'article suivant: Soigner son image grâce à sa politique papier.

Consommation papier : la ville de Nantes montre l'exemple !

Le papier est un poste de dépense particulièrement propice à une démarche écologique. C'est ce qu'a bien compris Laurent Favreau, responsable du service achats pour la ville de Nantes et sa métropole, qui impulse via sa politique d'achats un changement des pratiques des collaborateurs. "Une politique d'achats "développement durable" pour le papier n'est rien si elle n'est pas alignée avec des pratiques d'usage de la part des collaborateurs", affirme Laurent Favreau. La ville de Nantes s'est ainsi engagée, depuis 2009, dans une démarche de rationalisation de son parc d'imprimantes individuelles, qui a été réduit à ce jour de 30% dans sa globalité. "Plus récemment, poursuit Laurent Favreau, nous avons aussi lancé en 2014 un "défi papier". Sept directions ont été mobilisées sur un objectif de réduction de volume d'impression fixé à 25% pour la couleur et 15% pour le noir et blanc - et cela à six mois d'échéance." Pour ce faire, la direction achats s'est coordonnée avec la direction informatique pour établir un suivi mensuel des volumes édités de manière à sensibiliser les utilisateurs concernés tant sur la cible à atteindre que leur positionnement au mois le mois par rapport à ce dernier. Résultat: "Nous sommes parvenus à une réduction globale de 13% pour la couleur et 6% pour le noir et blanc. À terme, l'idée est d'étendre cette démarche à l'intégralité des directions. Pour y parvenir, nous comptons miser sur la pédagogie et des actions ciblées. La tâche est facilitée par des outils qui nous permettent un suivi détaillé des copieurs en réseau en nous indiquant, par exemple, le volume d'impression par mois, la typologie des travaux concernés etc.", conclut le responsable du service achats.


 
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